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#9 Blinding Lights Dim 29 Mar - 19:25
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Date d'inscription : 29/04/2019
Age : 30
Localisation : Bronx, New-York
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Dès qu'il lui avait proposé de l'accompagner, Giulia lui avait conseillé de s'apprêter un minimum - selon elle, les videurs ne le laisseraient jamais rentrer en sweatshirt et baskets. Elle n'avait pas complètement eut tort, les fêtards présents prenaient visiblement soin d'eux. Elle avait même insisté pour voir sa tenue avant qu'il n'y aille et, bonne poire, le brun l'avait laissée le guider sur discord, commenter chacune des options qu'elle réclamait. L'italienne avait une bonne mémoire, et n'avait pas prit plus de vingt minutes à prendre sa décision finale. À défaut de pouvoir passer la soirée avec lui, ils avaient discuté jusqu'à ce qu'il soit presque en retard. Le soleil s'était caché depuis longtemps lorsque les musiciens déposèrent leurs instruments, et qu'il se dirigea vers le bar à l'autre bout de la salle.
Avec un nom comme le Guilty Pleasure, Won aurait dû s'attendre à croiser des escortes au bar. Leur présence en soi ne le gênait pas vraiment - chacun son job, après tout. Pourtant, ces jeunes gens le rendaient nerveux. Il reconnaissait les gestes, les regards qu'il avait dut avoir, lui aussi, il n'y a pas si longtemps que ça. Ce n'était pas de la honte, ni de la gêne, juste un spleen auquel il n'était pas préparé. Sa situation devenait de plus en plus inconfortable, et les chopes vides s'accumulaient désormais en face de lui. Juste une dernière, et il rentrerait. Juste un peu plus tard. Comme souvent, ces derniers temps, les trajets l'angoissaient : il ne faisait pas bon traîner dehors avec les gangs qui guerroyaient dans les rues de NYC.
Le gamin n'eut pas beaucoup de temps pour collecter son courage, qu'une silhouette connue se dessinait dans sa vision périphérique.
"Connue", un bel euphémisme. À nouveau, il jette un coup d'oeil, et l'évidence est ce qu'elle est : inévitable. Il aurait préféré ne pas la voir. Pas ici, pas comme ça. Allait t-il finir par être obligée de la parquer dans un couvent pour qu'elle arrête ses conneries ? Mais malgré sa tenue de travail qui aurait pu porter à confusion, Jack ne s'était pas trompé. Et ça lui fout le vertige, des frissons. Parce qu'il est furieux, parce qu'il veut juste se glisser dans ses bras. Ses iris se perdent dans son fond de bière, perdus.
Il l'a vue mieux habillée, c'est certain, mais il a vu largement pire aussi. Jack a tout vu, comme il n'a rien vu du tout. Sa paume se resserre sur la poignée de son verre, qu'il descend cul-sec. Et Wolfe est un peu floue, à l'autre bout du comptoir. Foutue myopie. Il n'a plus de doute cependant, et observe, dissimulé derrière les deux clientes qui les séparent. Bientôt, les jeunes femmes qui lui servent de cachette disparaissent pour aller danser. Il continue de la détailler, assez malin pour savoir qu'il ne vaut mieux pas la prendre par surprise. Attendre qu'elle le remarque est plus sage. Le musicien devine sans mal qu'elle travaille. Dilemme, son coeur le tiraille comme une crampe. Du stress, sans aucun doute.
Ce qui semble être une éternité plus tard, il attrape enfin ses yeux bleus au vol. Presque aussitôt, il se lève. Jack n'a bu que trois bières, il sait parfaitement ce qu'il fait.
« Lu- » Il s'arrête aussitôt, et plisse les yeux comme si la grimace allait l'aider à mieux se souvenir. « brown.. sugar ? » Réflexe naturel, il lui sourit - et n'a pas la présence d'esprit de s'en retenir. Il est heureux de la voir, même s'ils se sont laissés pleins de rancoeur. La bienséance n'avait jamais été leur fort, après tout.
Concentré au maximum de ses capacités, il évite de regarder ses vêtements - ou ce qu'ils tentent vainement de cacher. Il sait ce que c'est, mais Wolfe n'a pas besoin d'être au courant. Il compatit, en silence, garde ces souvenirs qu'il n'a jamais partagé bien au fond de lui. Tout est derrière lui.
Et ça ne fait même pas mal, son ventre ne se noue pas. Au contraire, il ne le sent plus vraiment - juste ses deux pieds qui s'enfoncent dans le plancher comme dans du sable à mesure qu'il se rapproche. Pour l'instant, Jack marche encore à peu près droit, mais il sait que ça ne durera pas.
Les mains dans les poches, Jack se retrouve muet et un peu idiot. Lucy n'avait que des bonnes raisons pour le détester, et lui imposer sa présence était peut-être un peu présomptueux, finalement. Le bout de son nez se baisse presque aussitôt vers ses chaussures. La gêne étouffe tous les mots coincés dans sa gorge, et il considère un instant de tourner les talons. La salle est relativement silencieuse - la personne derrière les platines a pausé entre deux chansons pour chauffer le public à coup d'injonctions apprises par coeur. Puis le bruit reprend, le conforte quelque peu. C'est son univers, après tout, le bruit.
Des basses qu'il connaît par coeur le sortent de sa torpeur. Les yeux ronds comme des soucoupes, il s'empare du poignet de la danseuse pour se diriger vers la piste, se faufiler au travers des corps et des vapeurs d'alcool. Comme miniature, au creux de sa paume, il le caresse du bout du pouce. « cmon ! » qu'il s'exclame, de sa voix rauque. Il ne se lassera jamais de The Weeknd, ils peuvent bien se permettre une Madeleine de Proust de leurs soirées lycéennes. Quelque part, sur le chemin, il pense à leurs addictions respectives, qu'il n'est peut-être pas particulièrement judicieux de retrouver l'irlandaise maintenant, après avoir additionné les bières. Il sert la main de Wolfe dans la sienne - le pianiste est incertain de quand leurs doigts ont bien put s'emmêler ainsi, mais c'est naturel. Si différence de taille il y avait désormais entre eux, les marques qu'ils s'étaient laissées sur l'épiderme comme des traces d'ouvrage dans de l'argile, demeuraient.
La sensation dans son estomac commençait à revenir quand il trouva, enfin, un bout de la piste de danse où il pourraient danser à une distance respectable.
Et ils avaient dansé. Lui, très maladroitement - et probablement très mal. Au lycée, il attendait toujours d'être dans un état d'ébriété avancé avant de se lancer, en particulier lorsqu'il y avait foule comme ce soir. Le musicien n'avait pas souvenir d'avoir dansé avec qui que ce soit d'autre d'ailleurs. Pas comme ça, pas avec autant d'innocence. À côté des corps pressés autour d'eux, ils devaient avoir l'air de deux grands gamins mais Jack, au moins, était presque persuadé qu'ils s'amusaient autant l'un que l'autre. Peut-être deux ou trois chansons plus tard, il se retrouve déjà à bout de souffle et l'entraîne de nouveau à sa suite vers un endroit plus calme.
Finalement, il se retrouve obligé de s'arrêter dans un couloir qui semble donner sur des toilettes ou des vestiaires. Won aurait préféré un coin plus glamour, mais il n'y avait que très peu de passage - ce qui était déjà surprenant, compte tenu de la nature du lieu.
Sans y réfléchir à deux fois, l'alcool aidant un peu, il lâche la main de Lucy pour poser les siennes au niveau de ses hanches, pour l'attirer dans une étreinte toute en retenue. Il a peur de la froisser, d'aller trop vite, d'en réclamer trop. De recevoir une gifle, un coup qu'il sait qu'il mérite. Tout en délicatesse, il appuie sa joue droite contre le haut de sa tête, puis soupire. « 'm never letting you go again » Il reste un instant ainsi, puis de détache, recule d'un tout petit pas. Les paumes de nouveau glissées dans ses poches, il enchaîne tant qu'il se sent courageux. « i'm so sorry, bu- » Jack ne bégaye pas, au contraire. Il prend son temps pour articuler correctement son idée. « but i think we need to talk ? » Et l'éventuelle réponse le terrifie tant, qu'il lui laisse à peine le temps de réagir avant d'enchaîner, les yeux fixes sur ses chaussures. « still bestfriends ? »
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