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Break on me

Xiomara G. Loera
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Xiomara G. Loera


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Date d'inscription : 06/06/2020

     



break on me


Il aurait fallu être complètement taré pour s’imaginer que la mexicaine était une bonne personne, gérer un empire de stupéfiant et de prostitution du haut d’une de ses piaules un peu trop richissimes se qualifie difficilement comme une vocation humanitaire. Elle avait du sang sur les mains, la brunette (même si elle préférait souvent faire exécuter les sales besognes), et quoi qu’en disent les journaux à potins plus intéressés sur le poids qu’elle avait pu prendre ou perdre,  un moment donné, ou ses prétendues relations amoureuses avec ‘’l’élite de la société’’ elle était loin d’exercer un métier qui collait avec l’image honorable de femme d’affaire qu’on lui collait. Mais cette force brute, cette intimidante aura qui ne la quittait pas, elle y tenait, comme si son être entier hurlait non à une répression passée, non à cet univers gerbant dans lequel elle ne serait rien de plus qu’un vidoir pour des hommes plus costaud qu’elle, un jouet pour le nouveau leader d’une mafia mexicaine. Mais si les hommes étaient, règle générale, plus forts… ils étaient également plus bêtes. N’eut été de cette propension qu’avait le monde à sous-estimer la cruauté et la détermination féminine, elle n’aurait certainement pas pu jouer du coude, attendre dans l’ombre le jour de sa vengeance, endurer des abus infects et inavouables, en attendant le bon moment pour attaquer. On l’avait brisée, torturée, souillée, réduite à une carcasse tout juste bonne à utiliser… mais même de ça, elle s’était relevée, et ce pouvoir dont on l’avait si souvent privé, elle l’avait réclamé comme un dû, un héritage pour lequel elle avait combattu bec et ongles. On parle quand même de la démone qui a fait emprisonner son Drug Lord de père et assassiner ses rivaux pour chiper les commandes, Xiomara Guzman n’était pas une femme qu’il était avisé de sous-estimer. Et même sous son pseudonyme New-Yorkais, même sous cette identité de Mara Loera, sa prestance demeurait encrée dans ses chaires, dans son être, aussi criante que ses vieux démons.

Assise sur un canapé des plus inconfortables dans une suite pourtant hors de prix avec une vue imprenable sur Central Park, l’hispanique zieutait nerveusement sa montre avec un air de moins en moins blasé et de plus en plus alarmé à chaque nouvelle provocation de l’aiguille. Camila – sa petite nouvelle - aurait dû donner signe de vie deux heures plus tôt, lorsque son contrat s’était vraisemblablement terminé. Le porc qui s’était enquérait de ses services (un banquier plutôt friqués) – un client pourtant régulier – n’avait payé que pour deux heures… et ça en faisait déjà quatre. Il n’était pas rare qu’un contrat soit prolongé – c’était somme toute, une manière facile de faire du fric et elle remettait toujours une part importante des extras à ses filles… Mais plus le temps passait et plus elle était incapable de réprimer ce sentiments d’anxiété qui lui retournait les tripes. Cami, elle avait tout juste vingt ans, elle parlait un anglais des plus approximatifs – comme beaucoup trop d’immigrants illégaux – et elle avait la même carrure d’une allumette. Mara, elle était plutôt stricte avec ses employés et c’était d’ailleurs ce qui faisait la ‘’réputation’’ de sa business d’escortes. Ses filles étaient clean et très participatives, la majorité avait même assez de conversation pour être exposées comme des trophées muets dans des soirées mondaines, mais les conditions de vente étaient strictes : ne laisser aucune marque, aucune pratique préalablement proscrite et à utilisation unique du client, pas de prêt de ‘’personnel’’. Après chaque contrat, la marchandise était ‘’inspectée’’ et l’hispanique se faisait un point d’honneur de faire payer en puissance dix au client récalcitrant le poids de son affront avant de le rayer de ses affaires, ça allait assez bien pour qu’elle se montre intransigeante. C’était une chose connue, dans le domaine, qu’on ne provoquait pas la louve, une seule plaie sur ses filles et votre corps était certain de ne jamais réapparaitre.

En dépit de l’angoisse qui lui tordait les tripes, elle avait l’air aussi glaciale qu’indifférence lorsqu’elle ordonna à son chauffeur de la conduire jusqu’au domicile de ce client profiteur. Le silence radio de sa jeune escorte ne faisait qu’intensifier le gouffre au creux de son ventre, et elle se refusait à rester immobile plus longtemps. Elle mit trente minutes à trouver l’adresse (un détail qu’elle exigeait pour chaque contrat) – un vieil appartement dans le coin crade de la ville, parfait pour ne pas être surpris par une épouse suspicieuse. Il ne semblait pas y avoir de sécurité, ça aurait été flagrant dans ce genre de quartier… Chose assez standard dans le domaine, ses filles n’étaient pas violentes et on préférait laisser le moins de témoins possible. Le reste est un flou incohérent qui l’a mené de son premier pas devant l’immeuble, à cet ordre pourtant sans équivoque lancé à une jeune fille pétrifiée, dans un espagnol urgent : « Dégages. Et ne sors pas tant que je ne t’ai pas contactée. » Ce qui s’était déroulé – en moins de dix minutes, c’était son intrusion dans l’appartement désert, une arme en main et son ‘’chauffeur’’ devant elle. Ils n’avaient pas mis longtemps à surprendre le ‘’respectable’’ client – dans un complet franchement ridicule pour l’endroit, arme braquée sur une tremblante et suppliante Camila qui serrait sa robe de coton contre son corps autrement dénudé, en le suppliant au travers de ses larmes. Son visage était amoché, son avant-bras déjà rougis de doigts imprégnés dans sa peau, et l’état de son dos laissait deviner que son ‘’contrat’’ n’avait rien eu de doux. L’hispanique apprendrait plus tard que le banquier avait payé la jeune fille pour son fils, en oubliant de lui enfoncer les règles dans le crâne… lorsqu’il avait constaté l’état de son acquisition, une fois de contrat terminé, il avait paniqué, beaucoup trop conscient de ce qui l’attendait si la jeune pute retournait chez Mara avec cet air… Il avait sorti son flingue pour l’intimider pendant que son fils prenait la fuite et la mafieuse avait eu l’honneur d’arriver sur cet entrefaite. La suite était prévisible. Elle avait tenté de discuter avec cet enfoiré, ses mains gantées (une précaution usuelle) toujours levées - mais il avait préféré bredouiller des excuses et finalement, ouvrir maladroitement le feu sur Camila, que Mara eu tout juste le temps de bousculer alors que la balle frôlait – avec pas mal de violence – sa hanche, avec une brûlure caractéristique. L’angle et la maladresse du tireur eurent sans doute raison de sa survie, parce que l’acier avait certes fait des ravages et un mal de chien, mais le projectile l’avait d’avantage traversé de manière superficielle, se logeant dans le mur derrière eux, et ne la laissait qu’avec une plaie béante, un engourdissement certain mais à ce qu’elle en jugeait, rien qui ne la tuerait. Putain de merde. Rafaël – son chauffeur – avait profité du coup de feu pour braquer son arme sur le banquier et lui tirer en plein poitrail à deux reprise, laissant sa carcasse s’écraser sur le sol, le flingue s’écrasant non loin. L’hispanique, elle virait la jeune prostituée sur cet entrefait. Profitant de la confusion globale, la mafieuse s’empara du fusil pendant que son employé évaluait la situation. Elle était blessée, et ce genre d’information ne devait pas circuler dans ses rangs, c’était un appel à la rébellion.

Elle ne pouvait pas prendre un tel risque, pas maintenant. Dommage. L’arme du banquier en main, elle tira avec la précision d’une entrainée, dans la main de son propre employé, le forçant à lâcher son arme dans un cri de douleur. La deuxième balle plongeait déjà dans sa cuisse, alors qu’il s’écrasait dans une mare de son propre sang. Remettant l’arme du crime non loin de la carcasse désormais sans vie du banquier dans un soupire blasé. Dans un quartier comme celui-ci, un homme blanc ‘’honorable’’ descendu par le corps inerte d’un latino? Personne ne chercherait plus loin. Les vices de l’humanité, elle avait toujours sur les exploiter… Quant à sa hancher. Putain. Déguerpissant aussi vite que possible, elle se mit à chercher une solution rapide à son problème. Retourner chez elle dans cet état, c’était proscrit, il lui fallait un endroit sûr pour pouvoir contacter cet enfoiré de Calaway, une piaule où on ne la cherchait pas…Pourquoi pas un refuge animalier? Elle pourrait se résoudre à amadouer un Won d’un solo de flute scandaleux s’il lui filait son canapé un moment. Et puis, il lui devait bien. Sans compter que dans ce quartier, il était à tout juste quelque bloc. Sa main pressée sur sa hanche pour dissimuler le liquide rougeâtre qui tâchait son jeans heureusement noir, elle décida de trainer sa personne, aussi droite que possible, vers son havre de paix. La douleur était cuisante, certes, le froid lui brûlait la peau, mais elle avait connu pire, tellement pire… au moins la main qui se pressait sur elle et lui faisait un mal de chien sur la peau arrachée par la balle, c’était la sienne. Finalement arrivée devant le bloc de son crétin favori, elle zieuta l’escalier comme une condamnation.  

Un juron hispanique lui échappa alors que ses lèvres se serraient et que ses dents s’enfonçaient dans sa lippe inférieure pour réprimer un râle de douleur et de hargne : elle avait été trop impulsive cette fois, et l’entaille ensanglantée sur sa hanche droite en témoignait. Agrippée à la rampe de sa main libre, elle se hissa jusqu’à la porte qu’elle connaissait trop bien, l’ouvrant brutalement pour s’y faufiler. Il ne verrouillait jamais quand il était sur place, ce crétin. « Shit. » Claquant la porte du pied alors que son épaule s’appuyait sur le mur et que sa vision se brouillait, elle tentait de se secouer, les jambes un peu trop tremblante. Une fois l’adrénaline retombée, il ne restait que la douleur cuisante alors que sa voix, drôlement assurée pour un cas pareil, s’élevait dans le minable logement. « JACK ! Viens ici tout de suite! » Bordel de merde, pourquoi il mettait aussi longtemps?! Elle soupira une nouvelle fois, l’idée de laisser qui que ce soit la voir dans cet état était insupportable, et elle anticipait déjà les moqueries de cet enfoirée de Calaway et la brutalité avec laquelle il la recoudrait, ayant attendu toute sa vie misérable pour le moment de lui faire mal sur demande. Elle détestait qu’on la touche, surtout les hommes … et pourtant, à cet instant précis, au moment de choisir quelle pattes viles elle laisserait se poser sur elle, être témoin de sa fragilité, elle l’avait choisis lui. Toujours lui. Won, il avait toujours eu un don pour deviner des blessures psychologiques qu’elle n’était même pas consciente d’avoir.

 

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