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Running Late (3387 mots)

Jack Won
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Jack Won


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Running Late
Inspiré par cette chapelière & ce lapin blanc


D'un bon, Jack s'était réveillé au fin fond d'un terrier qui, aussi minuscule et étranger soit-il, l'enveloppait dans une sensation curieuse d'être chez lui. Il fallait avouer que, malgré la terre brune et séchée des murs et du sol, le lieu semblait confortable. Une véritable petite maisonnée, avec tout le nécessaire. Il y avait ce qui semblait être une salle de bain derrière des paravents qui laissaient passer les jeux d'ombres et la lumière du soleil. Cette dernière se faufilait à travers une série de fenêtres en hauteur. À l'opposé, se dressait une kitchenette, dénuée d'équipements modernes, mais dont les meubles en bois semblaient entretenus avec soin. Son lit, et sa chambre par extension, étaient situés entre la menue salle de bain et une sorte de salon. Plusieurs bibliothèques dépareillées et croulant sous les livres délimitaient cet espace. De nombreux tableaux, de moyenne et de petite taille, ornaient les murs sans distinction de pièces cependant. Celui dans le salon représentait une femme avec une tête pour le moins disproportionnée, d'interminables cheveux bruns et une robe rouge et noire, assortie à une couronne flamboyante où trônaient quelques coeurs en pierres précieuses. Ma Reine, Jack s'était surpris à penser alors qu'il s'agissait clairement de Mara. Mais ce tableau, bien que perturbant, n'était pas le plus curieux du lot.
S'il ne pouvait apercevoir ceux de la salle de bain, derrière les paravents, la cuisine présentait une collection de divers personnages, plus ou moins colorés, qu'il ne pouvait pas vraiment distinguer depuis son lit. Dans la chambre, en revanche, il n'y avait qu'un tout petit portrait de famille, dont la simple vue noua l'estomac du jeune homme. Il y avait son père, l'allure aussi sévère que d'habitude, et sa mère dans ses plus beaux habits - ceux avec lesquels elle avait été mise en terre. Jack soupira, elle lui manquait terriblement. Ses frères et sœurs n'y étaient pas représentés, les sept étant de la même portée, tous étaient partis alors que le cadet marchait à peine. Il avait pour ainsi dire grandit seul, chose rare pour un lapereau.

Jack écarquilla les yeux, fixant l'œuvre avec comme un léger vertige.
Il représentait trois lapins. Un grand en haut à gauche, gris, avec les oreilles droites comme les tuteurs de ses parterres de fleurs, puis une plus petite, assise comme pour taire la blancheur éclatante de son pelage. Et puis il y avait Jack, adolescent, tout aussi immaculé à l'exception de quelques tâches noires vers ses yeux, ses oreilles et ses pattes. Il se reconnaissait, dans ce lapin juvénile - et cette simple idée le terrifiait.
Maladroitement, il avait roulé vers l'autre côté de son petit lit double, pour inspecter la montre qu'il gardait toujours près de lui.

EN RETARD !!!, hurlait l'objet en lettres capitales, tout autour de son cadran. "Oh putain de mer-" qu'il avait réagit, tout naturellement. Ce retard lui semblait habituel et son corps agissait de lui-même en conséquence. En un clin d'œil, il était debout dans sa salle bain, prêt à se raser lorsqu'une vision le pétrifia sur place : deux longues oreilles blanches et mouchetées, au sommet de sa tête. Le visage toujours plein de savon, il leva les mains vers les excroissance pour les pincer pour couiner aussitôt de douleur. Les yeux ronds comme des soucoupes, il s'était reculé pour mieux inspecter sa silhouette, constatant avec plaisir que son corps restait en majeure partie parfaitement humain.
Avec un soupir, il avait achevé de se raser et de se laver avant d'enfiler son uniforme de travail. Une culotte bleu ciel ample qui ne gênerait pas ses mouvements, une chemise et un veston mordoré qui ne flattaient pas vraiment son teint, ainsi que de petites lunettes ronde et un nœud papillon hasardeux. C'était l'uniforme, il ne pouvait pas trop se plaindre, mais aurait largement préféré une palette plus sobre. Une fois ses bottes de travail enfilées, il se dirigea vers la porte d'entrée où il s'empara de sa veste rouge et de son parapluie - il connaissait trop la météo Britannique pour se faire avoir par une nuée imprévue.
Au moment de verrouiller sa porte d'entrée, il eut un dernier moment de doute : ce rêve était plaisant, pour l'instant, mais que pouvait-il bien faire au Royaume-Uni ?
Il jeta un dernier coup d'œil à son chez-lui, puis au nid de moineaux installé sur sa cheminée, dépassant de presque deux mètres au dessus de la petite colline qu'était sa maisonnée. Il faisait encore trop beau pour allumer son poêle à bois, mais lorsque viendrait le temps de déloger les petits oiseaux, Jack savait que son cœur se briserait en mille morceaux. Toujours était-il qu'il préférait largement cette maisonnée à la précédente, détruite par une jeune fille blonde géante. Son nouveau terrier avait au moins le mérite d'être résistant et subtilement caché.

En retard pour quoi, exactement ?
Jack n'en a pas la moindre idée, pourtant ses pas le guident tout naturellement. Son allure est sautillante, il se sent euphorique malgré les grognements qui commence à lui agripper l'estomac. Le chemin de sa maison à la bicoque de sa plus proche voisine passe par une forêt clairsemée d'arbres arc-boutants, de champignons géants et de fleurs qui se tournent sur son passage, leurs longs cils papillonant dans sa direction. Il ne les juge pas, mais ça n'a jamais vraiment été son genre, d'aller butiner chez les tulipes & les pivoines. Ou chez les végétaux en général - ils lui donnent plus faim qu'envie. L'esprit ailleurs, il avale la distance sans prêter attention aux panneaux qui indiquent "Ailleurs", "L'Autre Sens", "En Haut" ou "Par Ici" - il connaît le chemin par cœur, depuis le temps.
Bientôt, il arrive devant la petite maison en bois peint de son amie, encerclée d'une clôture vieillissante. Derrière le bois abîmé, il peut apercevoir une grande table pouvant accueillir au moins une vingtaine de personnes. Elle est entièrement dressée, bien que la vaisselle soit dépareillée, et un gâteau à tiers attends dans un équilibre précaire. Il reconnaît la silhouette surmontée d'un chapeau, mais constate l'absence du lièvre de Mars ainsi que l'arrivée d'une petite nouvelle, vêtue d'une robe bleue et blanche ainsi que de bas rayés. Il ne peut s'empêcher de se réjouir de ne pas voir l'autre rongeur, il sait qu'il est le lapin préféré de la maîtresse des lieux. Avec un naturel qui le surprend lui-même, Jack enjambe le portail et rejoint la table.

La chapelière a d'interminables cheveux bruns, un haut de forme miniature fixé à sa tête comme une couronne. Elle se retourne lorsque le lapin les salue avec un grande sourire dans la voix. "Te voilà enfin !" L'intéressé ne répond pas, ouvre juste les bras en attendant qu'elle ne vienne s'y blottir. Elle ne tarde pas à se lever, mais le câline avec une certaine retenue - probablement à cause de la nouvelle paire d'yeux qui les fixe avec curiosité. "j'ai encore raté mon réveil." La chapelière, Lucy, se contente de soupirer. Elle est habitué aux bêtises du lapin, qui regarde désormais la petite nouvelle.
C'est Alice. Enfin, il suppose que c'est elle : elle a les cheveux bruns, à la garçonne, les yeux noisettes et les pommettes constellées de tâches de rousseurs. Elle s'exprime avec un accent italien qu'il reconnaît immédiatement. "Giulia ?" qu'il tente de demander, n'obtenant pour toute réponse qu'une nouvelle réprimande de la part de Lucy : "Foutu Lapin ! Qu'est-ce que je vais faire de toi ?" Elle lui donne ensuite un coup sur l'épaule. "Tu as failli rater sa fête de non-anniversaire !" Et, oui. C'est effectivement une grande maladresse de sa part. Pour se faire excuser Jack s'empare d'une des théières, de couleur orange et un peu ronde, cette dernière le saluant d'une petite voix de crécelle, et commence à servir le thé aux deux jeunes femmes pendant que Lucy reprend sa place assise. Il l'imite en s'installant juste à côté d'elle, une fois leurs tasses remplies.
"Je suis navré Alice, il y a tellement de travail en ce moment - les jardiniers du château se sont trompés de plants pour les rosiers ! Tu y crois, toi ?" La chapelière n'avait pas l'air étonnée, mais le potin devait lui plaire : ses yeux bleus étaient aussi grand ouverts que brillants. "Ils n'ont planté que des rosiers blancs, on va devoir tout repeindre !" À ça, elle éclate de rire, et les oreilles de Jack se penchent vers l'avant alors qu'il la détaille. "Ça t'amuse tant que ça, toi ? Tu n'as pas un non-anniversaire à souhaiter, plutôt ?" Lucy roule des yeux, le lapin est son point faible - de plus, le jeune homme n'a pas complètement tort.

À cette remarque, les autres théières commencent à voleter, à danser au dessus de la table. Elles remplissent même les tasses positionnées devant des chaises vides, dans un ballet complexe. Tous les liquides ont des couleurs différentes, plus ou moins vives, plus ou moins sombres. "Et un matcha pour notre lapin." Elle lui pince la joue quand sa tasse de remplit en dernier, ce à quoi il répond en tirant la langue. Bien qu'occupée par les questions d'Alice à la Chapelière - qui ressemble tout de même fortement à leur meilleure amie, dans le monde réel - Lucy entreprend de lui caresser le bout des oreilles, là où la fourrure est la plus douce. Elle donne toutes les informations nécessaires à la nouvelle venue, pendant que le lapin savoure la sensation de doigts délicats décidés à le choyer. Le temps passe à une vitesse folle, il est enfin temps de commencer à manger.

"Peut-être que je devrais lui couper une patte. Pour me porter bonheur." déclare Alice, pensant certainement que les deux étrangers en riraient. Mais le jeune homme a l'air absolument terrorisé, ce qui n'échappe pas à Alice, ni à Lucy. "Tu es tout blanc, mon pauvre lapin." déclare cette dernière, un sourire presque sadique aux lèvres. Won se sent encerclé, menacé - mais Lucy change rapidement de sujet. Elle se lève pour couper des part du gâteau à étages, dont chaque tier arbore une couleur et une décoration différente. Le plus petit, rayé d'orange et de vert, surplombe une couche blanche à carreaux bleus, tandis que la base jaune est enroulée d'un ruban rose. Alice est servie en première, évidement, puis vient le tour de Jack. "Tiens, ton gâteau à la carotte." la simple évocation du parfum suffit à lui redonner le sourire, ses pieds tapotant le sol d'impatience. Il est toujours vexé de la plaisanterie d'Alice, de la complicité de Lucy, mais la part de gâteau apaise quelque peu sa rancune. Il mange dans un silence relatif, écoutant attentivement les tentatives de la Chapelière d'expliquer les coutumes de leur monde à l'humaine. De temps à autre, il intervient, incapable de se priver d'apporter quelques précisions sur la faune et la flore de leur monde. Il est neuf heure moins le quart, sur sa montre, lorsqu'Alice annonce qu'elle doit partir, mais pas sans embêter le lapin une dernière fois. "Laisse moi toucher, Lapin. S'il te plaît~" À ça, il relève le visage de son assiette, la bouche pleine et les yeux ronds. Il savait que les magouilles de sa meilleure amie influenceraient la jeune touriste. Elle marche jusqu'à lui, s'arrête à l'opposé de Lucy pour entreprendre de toucher le bout de son oreille. La Chapelière l'imite, arrachant un ronronnement à Jack. "awwwh, je crois qu'il aime ça." qu'Alice murmure, une certaine tendresse dans le timbre. Elle ne tarde pas à retirer sa main de derrière son oreille, là où les tâches brunes se fondent avec sa chevelure. Il y a quelque chose d'intime dans le geste de Lucy, et elle préfère ne pas s'y immiscer. "Vous m'excuserez, mais je dois trouver un moyen de rentrer chez moi." qu'elle déclare alors, décidée à les laisser seuls, mais Jack l'interpelle d'une voix rauque. "Va voir le chat de Cheshire et Absolem, ils pourront t'aider." C'est le strict minimum, que de lui donner ces quelques indices, mais Alice veut aussitôt en savoir plus. "Qui ça ?" Jack soupire, l'envie de l'aider est forte, mais la peur de la Reine est plus grande. "Je t'en ai déjà trop dit - on se reverra quand tu aura rencontré Absolem." Il jette alors un coup d'œil à Lucy, qui s'est subtilement rapprochée. Won sait ce qu'elle veut, et il oublie rapidement la présence de la petite nouvelle. "Au revoir, Alice." qu'ils chantonnent d'une seule voix.

Aussitôt la jeune femme dissipée dans la forêt, Lucy se projette dans ses bras, confortablement assise sur les cuisses de son lapin, pour reprendre ses caresses pendant qu'il l'enlace. Les mains de la Chapelière se perdent, quittent ses oreilles pour sa chevelure ébène. Sa respiration se fait plus ronronnante, il la serre un peu plus contre lui. "Mais oui, c'est un bon Lapin ça, oui-" La brune ne se retient plus de le cajoler, maintenant qu'ils sont seuls. Ces instants sont sa motivation, le moteur dont il a besoin pendant ses journées de travail. Jack n'attend que ça, le soir en rentrant : les petits déjeuners & les soupers avec sa Chapelière. Il aimerait bien plus mais, avec le lapin de Mars qui traîne, il n'ose pas se lancer pour l'instant.
En attendant, Won économise autant qu'il peut, depuis un moment déjà, dans l'espoir de lui proposer d'emménager ensemble. Il a repéré une petite boutique, proche de la place du village et du château de la reine, avec un étage où ils pourraient habiter. Deux chambres - il ne sait pas si elle souhaiterait en partager une malgré leur proximité, une salle d'eau et un bureau pour qu'elle puisse travailler sur ses croquis sans la commotion de l'atelier. Le propriétaire est un ami, un pâtissier travaillant pour les fêtes de la Reine, et lui a même proposé de lui laisser son piano pour quelques pièces d'or en plus. Il a hâte de jouer, mais pour l'instant, ses mains sont occupées : l'une à maintenir Lucy près de lui, l'autre à caresser sa taille. Pas le temps de plus se projeter cependant, elle interrompt son train de pensées avec une nouvelle question. "Dis moi, Lapin, tu n'as pas de chapeau pour te protéger du soleil, si ? J'ai de beaux modèles, avec des trous pour tes oreilles." Jack secoué la tête, il n'en a pas, mais ce n'est pas vraiment dans son budget pour l'instant. "Quand j'aurai de l'argent, promis je t'en prendrai un. Sur-mesure, même !" Il sait visiblement comment lui parler, Lucy est satisfaite et le remercie d'un baiser sur le front. Silencieux, les deux jeunes gens échangent un sourire. Lucy est de loin sa personne préférée du Monde des Merveilles - et il ne lui dit clairement pas assez souvent. En revanche, le brun le lui montre quotidiennement, à sa manière. Il se redresse, la regarde avec toute la tendresse qu'il porte en lui, et l'embrasse du bout des lèvres. Brièvement, comme pour lui demander son accord. Elle passe aussitôt les bras autour de son cou, pour garder son lapin près d'elle. Ils n'auront pas assez de temps pour plus qu'un câlin, ce matin, mais ils restent blottis ainsi. Ils discutent de tout et de rien entre deux baisers, s'amusent parfois à se chatouiller ou à laisser leurs lèvres trouver leur chemin vers le cou de l'autre. Won voudrait rester là toute sa vie. Il a la joue posée sur le haut de la tête de Lucy lorsqu'elle brise de nouveau le silence relatif de la foret. "Dis, Jack, c'est vrai ce qu'on dit sur les lapins ?" Jack est outré, son sang ne fait qu'un tour et ses oreilles se penchent vers l'arrière, comme pour ne plus entendre ces inepties. "Tu sais très bien que non !" Il croise alors les bras sur sa poitrine, lâchant complètement la Chapelière qui rit désormais de bon cœur. Pour peu, il croirait presque qu'elle se moquait de lui.
Comme pour se faire excuser, Lucy vient de nouveau l'embrasser sur le front, ses petites mains posées sur ses joues pour le forcer à la regarder. "Réveille toi, Lapin." qu'elle lui avait murmuré en déposant un baiser sur le bout de son nez. Il était rouge jusqu'au bout des oreilles - autant les "normales" que les toutes blanches au sommet de sa tête. Ces dernières s'affaissèrent légèrement, pendant qu'une déception grandissante s'installait dans son estomac. "Non," qu'il décide. "Encore cinq minutes, s'il te plaît" et elle cède, de nouveau pendue à son cou. Jack noue alors ses avant-bras autour de sa taille, cale son visage contre l'épaule de son amie, et ferme les yeux.
Peut-être qu'un jour, ils finiraient par s'endormir pour de vrai, dans cette position.

Cinq minutes passent, puis six sans qu'aucun des deux n'ait le courage de bouger. C'est Lucy qui, finalement, se lève malgré une résistance évidente du lapin. Sur ses pieds en un clin d'œil, avec la grâce une danseuse, la Chapelière lui avait tendu la main pour qu'il se lève - ce qu'il fit avec un long soupir. Puis, elle l'avait traîné vers une porte en bois, peinte de vermillon, qui trônait au beau d'un parterre de fleurs à l'autre bout de sa parcelle de jardin.
"Monsieur Lapin !" avait appelé une petite voix aiguë, suivie d'une autre, puis d'une autre- "Monsieur Lapin, c'est vrai ce qu'on dit sur les rongeurs ?"
Lucy avait peut-être raison après tout : il était temps pour le lui de partir. De partir avant qu'une envie de jardinage ne le prenne - et que toutes ces satanées fleurs ne se retrouve au compost. Malgré son agacement, c'est la maîtresse des lieux qui répond. "Mesdemoiselles, ne m'obligez à vous rempoter et à vous vendre au marché !" Son agacement est clair, Jack ne fera plus partie de leur terrain de chasse. La ride entre ses sourcils pousse le plus jeune à croire qu'il a peut-être des chances. C'est décidé, il réfléchit, je lui proposerai ce soir lors de notre balade après le dessert.

"Allez, oust !" décide t-elle finalement, tout en le poussant vers l'encadrement pourtant vide et pendant que les fleurs le regarde. Avant qu'il ne parte, l'une des petites mains affairées dans son dos descend vers l'excroissance duveteuse qui dépassait de son pantalon, entre ses reins. Elle la pince tout en riant, puis le pousse. Elle s'amuse toujours autant de cette queue de lapin - et Jack ne s'en plaint pas. Il est touché qu'elle le trouve "adorable", et il est déjà dans le monde des Hommes.
Il n'a même pas eu le temps de dire au revoir.

👩🎨🐇

Comme une mauvaise habitude, Won se réveille en sursaut. C'est une main ferme secouant son épaule qui le tire de ses rêveries. Blotties contre lui, une de chaque côté, il y a les jeunes jumelles blondes du clarinettiste, que Morphée avait également emportées avec lui. Elles sont encore profondément endormies lorsque Jack se souvient qu'il avait promis de dépanner les jeunes mariés avec une nuit de babysitting. "Eh benh, Jack ?" Le trentenaire lui sourit, probablement attendri par la vision. Il n'est pas rare de voir Won avec des enfants, au Philharmonique. Qu'il fasse la sieste avec eux, en revanche, est un peu plus rare. Il sourit au clarinettiste et à sa femme, professeure de violon. "J'y peux rien, c'est Alice."

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but he's going home to his favourite Hatter
S'il était bien une chose que Jack n'avait pas imaginée, en partant faire les provisions de peinture rouge chez les humains, c'était qu'Alice aurait déjà rencontré Absolem lorsqu'il rentrerait. Cette journée avait été on ne peut plus remplie, et avait prit un tournant inattendu : la Reine, sous le charme d'Alice, l'avait invitée à rester quelques jours au Château. “Autant qu'elle voudrait.” La jeune femme avait imposé ses conditions à la Reine de Cœur cependant, exigeant qu'elle annule toutes les décapitations prévues durant son séjour. Mara avait obligé sans plus de négociations, des paillettes dans les yeux, surprenant la cour et tous les employés - dont Jack, qui avait encore des tâches de vermillon sur sa tenue de travail lorsque la décision avait été prise.
Après avoir débauché, comme à son habitude avec un peu de retard, il s'était élancé pour rejoindre Lucy chez elle, où elle s'occupait d'un client et de sa commande d'un haut de forme sur mesure. Une fois la devanture et la boutique fermées, il lui avait fait un câlin - duquel elle s'était plainte, craignant que ses tâches ne la salissent elle aussi. Taquin, il ne l'avait pas lâchée pendant plusieurs minutes, restant contre son dos pendant qu'elle rangeait ses outils.

Lorsqu'il eut décidé qu'il était temps d'arrêter de l'embêter, elle l'avait traîné par la main dans sa cuisine pour qu'il l'aide à cuisiner tout en lui racontant les potins de la journée. Rien qu'elle n'aurait pas lu dans la Gazette du lendemain, mais l'exclusivité semblait lui faire plaisir. Peu habile et très mauvais cuisinier, il obéissait avec rigueur à la Chapelière, épluchait les légumes avec application. Il avait appris, au passage, que le lièvre de Mars n'était pas rentré de la journée, puis conclu qu'il célébrait certainement avec le reste du village l'annulation des décapitations programmées. Une tournée bien méritée, oui. Parfait, avait aussitôt pensé Jack. C'était rare, qu'ils puissent être seuls tous les deux. Il pensait même à inviter Lucy chez lui pour la soirée, si elle acceptait sa proposition. Ça faisait une éternité qu'elle n'était pas passée au Terrier, et il ressentait le besoin de l'y emmener, d'avoir sa bonne humeur dans son chez-lui.

Ils avaient prit leur temps pour cuisiner, Jack s'arrêtant occasionnellement pour un énième câlin, ou pour enfouir son visage dans le creux du cou de la jeune femme pour se plaindre de sa fatigue, puis du fait qu'il dormait toujours seul. Tout en subtilité, le lapin. Lucy riait à chaque fois, lui promettant de lui tenir compagnie autant qu'elle le pourrait à l'avenir. Il aimerait bien la croire, et s'éclipse le temps de transporter leur repas sur la table du jardin. Bien évidemment, malgré la vingtaine de chaises disponibles, les deux jeunes gens mangent si près l'un de l'autre que leurs genoux se touchent. Le soleil se faufile déjà derrière l'horizon lorsqu'ils finissent enfin de manger, et s'autorisent une petite balade pour digérer. Jack insiste pour prendre une nappe de pique nique, afin qu'ils puissent se poser dans la clairière où ils ont l'habitude d'aller. Lucy oblige, visiblement plus impatiente que lui d'aller se coucher.

Ils marchent une dizaine de minutes, trop lentement pour Jack qui "doit s'adapter aux petites jambes" de la Chapelière. Elle le houspille, comme il est venu à l'apprécier. Elle ne s'agace pas autant sur les autres habitants du Pays des Merveilles, et pour le plus jeune, ça veut tout dire.
Jack étale la nappe près de l'eau, en bas de la petite colline habituelle et s'y effondre avec un long soupir. Sans qu'il n'ait besoin de lui faire signe, Lucy l'enjambe pour s'asseoir sur sa taille - ses jupons lui chatouille le cou. Il se redresse, détaille son visage pendant que sa main droite s'égare sur sa cuisse, au dessus du bas rayé. Elle se balade, ferme, de sa hanche au creux de ses reins. C'est compliqué de retenir son grand sourire béat, alors que leurs nez se frôlent et qu'elle lui flatte les cheveux, les joues. Enfin, un instant rien qu'à eux. Sans avoir à s'assurer que le lièvre n'est pas rentré entre temps, ou que les fleurs ne les observent pas. Ils s'embrassent avec une tendresse tout en contraste avec le feu dans l'estomac du brun, ou avec la frustration dans laquelle ils s'étaient laissés ce matin. Ils ont depuis bien longtemps dépassé les limites de la bienséance, mais savent rester patients - leur relation ne les mets pas vraiment en danger, mais ils tiennent à respecter leur propre rythme. Le secret a quelque chose d'excitant, même s'ils ignorent que tout le Village . Ses doigts jouent avec l'extrémité de ses dessous lorsqu'il se décide finalement à plonger son visage dans le creux de son cou.

"Viens habiter avec moi-" C'est sorti, tout seul, alors qu'il avait ses lèvres contre sa clavicule. "Q-quoi ? Dans ton terrier ?" Lucy est aussi surprise que lui, il ne l'a blâme pas et relève doucement la tête vers elle. "Jack, tu sais bien que ce n'est pas possible, tu n'as pas d'atelier-" Elle le toise de quelques centimètres, toujours à califourchon sur ses cuisses. Il la connaît, sa Chapelière, elle est sans aucun doute déjà en train de s'angoisser des menus détails techniques. Où ranger ses tissus dans un espace aussi exiguë ? Comment travailler sans lumière naturelle ? Jack fait glisser ses deux mains sur ses hanches, y caresse la peau du bout des pouces. Lentement, en rythme, pour la calmer. "Non, pas le terrier." Jack baisse les yeux pour chercher ses mots, quelques légers mouvements nerveux agitent le bout de ses oreilles.

"Il y a une pâtisserie, au centre-ville. Le propriétaire prend sa retraite, il cherchait quelqu'un pour reprendre-" Elle l'interrompt aussitôt, avec un argument qu'il avait facilement vu venir. "mais, mon Lapin, tu sais bien que je n'ai pas les moyens." Il retient un sourire, qu'il sait serait mal perçu à cet instant précis. L'envie est là, pourtant. Il est fier de lui, d'avoir parfaitement prévu son coup. Par dessus tout cependant, il est heureux, presque autant qu'anxieux, de proposer ce projet à Lucy. Il est terrifié d'une réponse négative, qui signifierait également qu'il devrait prendre ses distances avec elle, peut-être même arrêter de la voir. "Toi non, peut-être." Il la rapproche un peu, jusqu'à pouvoir nouer des bras autour de sa taille. Non, il ne se sent pas particulièrement confiant. Lucy est connue pour être dure en négoce, mais c'est l'euphorie qui le tient. Des sentiments sur lesquels il ne sait pas mettre de mots. "ça fait un peu plus d'un an que j'économise. Depuis qu'il m'a dit qu'il envisageait de prendre sa retraite." Il n'envisagerait ce projet avec personne d'autre, ils le savent tous les deux. C'est peut-être de là que vient son courage : lui proposer ça, ce n'est au final pas plus angoissant que d'avoir à se cacher dans sa salle de bain pendant que le Lièvre rends visite à Lucy. Un peu moins déprimant également, que de devoir se retenir de la regarder lorsqu'ils de croisaient, au marché ou en ville. Le Lapin, il voulait pouvoir lui tenir la main en public, il voulait que tous les baudauds voient, que le Village sache. "Jack, je ne peux pas accepter sans t'aider" qu'elle bredouille, au moins aussi apeurée que lui. Peut-être encore plus, même, et il ne pouvait pas lui en vouloir. Cette idée allait leur coûter beaucoup de choses, en plus d'un investissement financier conséquent. "Tant mieux, parce que je n'ai toujours pas assez." Son sourire s'affaisse un peu, sa main ralentit. Lucy sait que les salaires au Château ne permettent pas de vivre complètement sereinement, son gagne pain à elle n'est pas bien plus sûr. Ils vivent dans la frugalité, ce qui ne les dérange pas - mais Jack sait qu'elle mérite mieux. Une vraie maison, avec l'eau courante. Il est également convaincu qu'un emplacement plus avantageux permettrait à son affaire de décoller. Il a déjà un peu plus de la moitié de la somme demandée, et le pâtissier a accepté de le laisser payer en plusieurs fois. Il demande trois quarts de la somme avant de les laisser emménager, Jack n'a jamais été si proche du but. Il attrape la main de Lucy de la sienne, celle qui plus tôt la caressait, et noue leurs petits doigts. "Je ne veux pas t'obliger à quoi que ce soit, mais promets-moi de venir visiter la boutique." Il porte leurs mains à ses lèvres, laissé un bref baiser sur le dos de celle de Lucy. "S'il te plaît ?" qu'il conclut, avec son plus grand sourire. Elle a besoin de temps, et il lui laisse : avec un soupir - ses jambes toutes courbaturées d'avoir couru toute la journée - il se rallonge, et regarde l'eau du lac bouger avec la légère brise.

Comme il s'y attendait, Lucy a besoin de quelques minutes. Désormais assise à côté de lui, elle fixe ses mains, avec lesquelles elle joue. Elle semble profondément pensive, ce qui met Jack dans un état de stress intense : en parler n'a pas été si dur que ça, mais l'attente, l'attente le tue. Lui aussi, réfléchit. À un plan B, à ce qu'il devrait dire pour la garder près de lui même si elle venait à refuser. Il reste calme, mais ses oreilles le trahissent. Il est toujours emmêlés dans ses idées noires lorsqu'elle l'en extirpe, rien qu'avec le son de sa voix. "Tu me promets qu'il n'y a pas de Mme ou de Mr Lapin dont je n'ai jamais entendu parler ?" La Chapelière s'est allongée à côté de lui, lui fait face. Il ne l'a même pas remarquée s'allonger, et la regarde avec de grands yeux. Il lui faut quelques secondes pour comprendre, pour se jeter à nouveau dans ses bras. Il s'était tellement préparé à un refus, qu'il lui semble irréel qu'elle accepte aussi facilement. "Il n'y a plus personne d'autre que toi," qu'il déclare, la voix étouffée par la peau de son cou, contre lequel il est blotti. "depuis très longtemps maintenant." Il y avait eut, au début, ce jeune commis de cuisine, avec qui ça n'avait jamais été sérieux. Qui n'avait pas apprécié la proximité de son amant avec sa meilleure amie, avait même jugé nécessaire de ruiner leurs réputations. La Chapelière s'était fait une joie de le remettre à sa place. Puis, il y eut une lapine. Une jeune femme qui n'avait pas apprécié Lucy, forçant Jack à la l'éconduire sans une touche de remords.
Il y en avait eut d'autres, avant Lucy. Peut-être trop, avec du recul. Mais depuis qu'il la connaissait, Jack n'avait côtoyé quasiment personne d'autre. Depuis qu'il avait partagé son lit, il n'avait touché à personne d'autre que la Chapelière - qui, désormais, sanglotait dans ses bras. Le lapin blanc la serre un peu plus contre lui, lui caresse le dos. "je voulais pas te faire pleurer-" mais sa propre voix vacille, le brun comprends que ses yeux sont humides aussi. Silencieux, il attends qu'elle soit prête, qu'elle ait pleuré toutes ses larmes - et lui aussi, accessoirement. Un instant, il envisage de s'endormir ici, en espérant que le soleil le réveille à l'heure pour sa journée du lendemain. Jack ferait tout, pour laisser ce moment durer : il ressent une forme de bonheur qu'il n'a jamais connue auparavant. Ça l'avale, ça le réchauffe, et ça ne le quitte plus.

C'est Lucy qui le ramène à la réalité, ses lèvres déposées avec tendresse sur celle du brun. Geste qu'il lui retourne immédiatement, tout sourire. Il avait besoin de sentir les mains de la Chapelière sur lui, après ce stress qui l'avait percuté comme une vague. Il a besoin de la sentir près de lui, de la rapprocher par la taille jusqu'à ce qu'il en perde son souffle. Jack sait à quoi il joue, lorsque sa main se glisse sous ses jupons pour guider sa cuisse autour de sa taille. Il connaît la sensation de la jambe pourtant légère qui lui interdit de bouger, le bruit qu'elle fait toujours lorsque les doigts de Jack s'aventurent à faire glisser ses bas rayés, à caresser à caresser à travers des dessous bien trop complexes pour lui. Il sait, et il connaît le son de Lucy qui se perd dans la clairière. Jack sait que c'est dangereux, n'importe qui, ou n'importe quoi pourrait surgir. Il ralentit, se détache de ses lèvres à contre cœur. Leur comportement ferait scandale, si l'un des journalistes de la Gazette venait à leur tomber dessus. "Est-ce que tu serais assez patiente pour rentrer au Terrier, ou tu préfères qu'on aille directement chez toi ?" Il remet en place le bas qu'il a bougé, sans se retenir d'effleurer à plusieurs reprises la peau qui en dépasse. "Le Lièvre risque de nous entendre." Jack sourit contre son oreille. Il adorerait que le voisin de Lucy les entende - le lapin sait qu'il n'a plus rien à craindre de lui.

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cactus
 

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