:: Roleplays :: Los Angeles :: 2017-2018
#2 / Just burn me out
#2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:26
D'un driiiiiing qui fit sursauter les musiciens en pleine répétition, la sonnerie stridente de l'université marqua la fin de la journée pour les étudiants encore enfermés à 18h passées. Jack s'était empressé de récupérer ses affaires, d'aider à ranger les instruments restants, puis de fuir en direction de chez lui. Et de chez Lucy, qui fêtait son anniversaire le soir même. Le pianiste avait hâte, comme un enfant le soir de Noël. Enfin, ils avaient pu se libérer tout les deux et passer une soirée ensemble. Depuis qu'elle squattait le canapé, c'était la première fois. Et pour fêter ça, ainsi que ses 25 ans, Jack lui avait déniché un cadeau qu'il avait hâte de lui offrir.
Habilement dissimulé dans l'étui de son sacro-saint clavier, seul endroit où il était persuadé que Lucy n'irait pas chercher si l'envie lui prenait de se gâcher la surprise, le paquet ne payait pas de mine. Non, l'ayant emballé avec empressement deux semaines auparavant alors que la petite brune dormait sur le clic-clac, le papier cadeau jaune mayonnaise - la couleur la moins hideuse qu'il avait trouvé - commençait à s'abîmer sérieusement par endroit. Probablement à force d'être déplacé jusqu'à trouver la cachette idéale, victime collatérale de l'indécision de Jack.
À l'intérieur se trouvait une idée dont le garçon n'arrivait pas se convaincre. Après tout, des deux jeunes gens, Lucy avait toujours été la plus calée en mode, la seule qui s'y intéressait un peu en vérité, au point tout de même d'en faire son boulot. Putain, et si elle ne lui plaisait pas ? Dans la queue de la pizzeria, où il attendait patiemment leur repas du soir, le brun tentait de se remémorer aussi précisément que possible la veste qu'il avait dénichée par un heureux hasard. Il était passé devant la vitrine en rentrant de l'université, exactement comme ce soir, et elle lui avait aussitôt tapé dans l'œil. Cette veste, un bomber kaki qui se démarquait des autres fripes grâce aux patches militaires encore dans un état quasi parfait. Selon la vendeuse, tout porterait à croire à leur authenticité, signifiant au passage que l'année 1944 brodée du côté du cœur, en dessous du drapeau des USA, pouvait être celle de fabrication, comme celle d'une décoration que le propriétaire originel aurait pu recevoir après un quelconque acte héroïque. Une pièce d'exception donc, dont le prix devenait accessible à l'étudiant uniquement en raison des quelques trous sur les épaules. Oh oui, le bomber avait une histoire, que ce soit celle d'un héros de guerre comme celle d'une contre-façon, et c'est ce qui avait fait trancher Jack. En plus de sa coupe encore moderne aujourd'hui, et bien qu'elle lui paraisse un peu grande pour Lucy, il n'avait pas de mal à l'imaginer dedans.
Après être passée plusieurs fois à la machine à laquelle la veste résistait plutôt bien, le garçon l'avait faite rentrer en contrebande à l'université pour demander de l'aide aux costumiers de la filière théâtre. Qui saurait mieux qu'eux comment dissimuler les trous de mites disgracieux ? Après un long débat aussi dramatique qu'on pouvait l'espérer venant des théâtreux, la solution qui fit consensus fut d'y coudre de nouveaux galons militaires supplémentaires afin de dissimuler les petits défauts de la façon la plus discrète possible, et qui respecterait le caractère de ce vêtement si particulier.
C'est ainsi que Jack avait appris à coudre pendant ses intercours - les piqûres d'aiguilles & le piano ne faisant évidemment pas bon ménage, et que le bombardier avait grimpé en grade à titre posthume.
Sur le chemin du retour, avec ce sourire imperturbable d'enfant heureux, l'étudiant s'impatientait de retrouver son amie. Comme si cette soirée allait rattraper les deux mois précédents, pendant lesquels il avait réussi à se persuader qu'elle l'évitait autant que possible. Jamais il ne lui en voudrait de sortir, de voir du monde aussi rapidement après son retour à L.A. Et pourtant, ça lui pesait. La majeure partie du temps, les colocataires improvisés peinaient à se croiser, malgré la petite taille de l'appartement, laissant Jack dans une nouvelle sorte de solitude d'autant plus amère. Leurs emplois du temps respectifs les en empêchaient, et puis la jeune femme étant bien plus sociable que lui, elle n'avait pas besoin de se le coltiner plus que nécessaire. À vrai dire, lorsqu'ils discutaient enfin, ils se retrouvaient vite devant de sidérantes banalités qui les déprimaient autant l'un que l'autre. Lucy se retenait toujours d'aborder des sujets un peu trop sensibles, en particulier lorsqu'il les évoquait de son propre gré. Même lorsqu'il le faisait aussi délicatement que possible.
Qu'avait-il bien fait pour mériter ce silence ? Alors qu'il avait toujours été une oreille attentive à ses maux, en quoi avait-il assez changé pour que son amie de toujours se soit éloignée à ce point ? Vraiment, ce rejet qu'il ne s'expliquait toujours pas lui pesait comme un boulet dans la poitrine. Plus il se rapprochait de l'appartement, plus la gaîté laissait place à une anxiété vicieuse, presque douloureuse. Coupant net à toute réflexion, on l'interpellait pour prendre sa commande.
- - - - - - - - - - -
Sous son bras se cachaient deux pizzas et assez de desserts de chez Dominos pour qu'ils puissent tout les deux tomber dans un coma sucré pour les trois prochains jours. Niveau repas d'anniversaire, on pouvait faire plus luxueux, mais le brun n'avait pas vraiment les moyens de lui offrir un trois étoiles ce soir. Ou n'importe quel "vrai" restaurant en vérité, le loyer de son appartement étant tombé quelques jours plus tôt. Avec un grognement frustré et les mains bien trop pleines, le garçon entreprit de lutter avec la porte d'entrée. Dommage pour l'effet de surprise. Quand, enfin, il réussissait à rentrer chez lui, ce fut pour poser leur repas sur la petite table de la cuisine avec un soupir de soulagement. Ouverte sur le salon, à l'américaine, la kitchenette était à l'image de l'appartement : grisâtre malgré les tentatives de touches de couleur de son propriétaire, et bien trop petite pour deux personnes. En parlant de numéro deux, aucune trace de Lucy dans l'appartement, à part le clic-clac déplié, ainsi que son sac sur la table basse et quelques chaussures qui traînaient à l'entrée. Jack sentit une grimace tordre son visage, anticipant déjà n'importe quelle connerie que son amie aurait pu inventer. Avec son combat contre la porte - dont il était évidemment sorti victorieux, grand guerrier qu'il était - et le boucan monstrueux que ce dernier avait causé il semblait curieux qu'elle ne l'ait pas entendu. Pourtant, il tenta tout de même de l'appeler, au cas où.
« Lucy ? J'ai ta pizza en otage, je serais toi j'éviterais les conneries. »
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:27
Admin
Messages : 58
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
D’un œil externe, la façon dont la jeune styliste réagissait au sauvetage improvisé que lui offrait son ami d’adolescence aurait pu sembler ingrat, égoïste, voir, on aurait pu soupçonner qu’elle niait fermement la chance qu’elle avait eu de tomber sur lui ce soir-là, voir qu’elle prenait cela pour acquis, qu’il lui évite de finir sur le bord de la route comme le déchet qu’elle savait être… Hors, il n’en était rien, elle aurait décroché la lune si ça lui avait permis de remercier convenablement le coréen qui lui offrait gîte et soutient. Lorsqu’elle pensait à ce qu’il faisait pour elle, sans obligation, sans qu’elle ait à demander, elle était envahie par un tel sentiment d’adoration envers le jeune homme qu’elle préférait le refouler plutôt que de constater un peu trop clairement combien il lui était vitale, nécessaire. Des béquilles, elle en avait toujours eu plus, à commencer par la bouteille un peu trop incrustée dans son quotidien, la dernière chose qu’elle désirait, s’était de lui imposer ses emmerdes et de faire de lui le placebo à cette boisson dont elle ne savait plus se passer. Il méritait mieux, mieux qu’une femme brisée, qui peinait à mettre un pied devant l’autre, mieux qu’une pauvre fille totalement paumée qui, même devant un élan de générosité, n’avait, en somme, rien à offre d’autres que des soucis. C’était probablement ça, qui la rendait distante, cette peur chronique qu’il découvre le mal profond qui l’habitait, et qu’il en partage les effets faute de ne pouvoir le soulager.
Alors oui, elle se montrait un peu distante, elle évitait certains sujets, et on aurait pu s’imaginer qu’elle n’était ni reconnaissante, ni spécialement envieuse d’être en compagnie du jeune coréen. Une inquiétude légitime quand on remarquait qu’en raison de leurs horaires incompatibles, ils ne se croisaient que rarement – brièvement, et que chacune de ces conversations était plus vide que la précédente. Il y avait entre eux une montagne de non-dits, d’excuses, d’explications à donner, de confessions à faire, que ni l’un ni l’autre ne semblaient prompt à aborder. Plutôt que de faire face à ce problème, de le surmonter, de faire les premiers pas, Lucy tentait de toutes ses forces de le chasser. Dans son esprit archaïque, elle voyait mal comment avouer ses hontes et ses échecs pourrait sauvegarder une amitié. Jack avait tant fait pour elle, à l’époque et maintenant, et elle ne pouvait vraisemblablement pas lui rendre la pareil. Et pourtant, à chaque fois qu’elle se retrouvait seule avec lui, à chaque fois qu’elle posait ses iris clairs sur ce visage qu’elle préférait parmi tous les autres, elle était submergée par une envie irrésistible d’aller vers lui, de lui dire … avant de finalement refouler cette connerie au plus profond d’elle, par orgueil, par faiblesse.
Le problème, ce n’était pas le manque de bonne volonté, ou de reconnaissance, c’était d’avantage la peur pétrifiante qui la prenait aux tripes à chaque fois qu’elle songeait à aborder le sujet réellement important : comment diable avait-elle fini là. Elle redoutait, qu’à trop côtoyer un être qu’elle savait perspicace, Jack ne se satisferait pas de l’histoire d’infidélité, ou de relation dysfonctionnelle, il finirait par creuser ce qu’elle peinait à enterrer et elle serait contrainte de regarder en face ses démons, à avouer le venin qui coulait en elle, cette blessure trop profonde pour être pleinement cicatrisée. Mais même dans son esprit embrumé, même pour la loque qu’elle était, c’était une évidence qu’elle devrait faire des efforts, faire plaisir au musicien, ne serait-ce que tenter de chasser ses craintes, pour lui, pour eux. Alors elle s’était mise en tête de tenter des réconciliations le soir de leur fêtes respectives – un autre coup du destin, que d’être nés à une journée d’intervalle – de raviver une amitié qu’elle savait profonde, à coup de souvenirs qu’ils avaient probablement cru ne jamais pouvoir revisiter… Se retrouver, elle avait presque du mal à y croire, son cœur se serrait à penser que cette fabulation prendrait fin, qu’il disparaitrait, et qu’elle serait à nouveau seule, isolée… sans lui.
Et pourtant, en son âme, une petite voix hurlait, de tendre la main à Jack (de partager cette fichue porte comme un être humain normal et pas une pauvre conne au bord de la noyade!), de lui avouer, de lui parler… là où elle s’était toujours retrouvée muette et pétrifiée, il savait généralement chercher des solutions. C’est en cherchant une façon de le remercier, de faire le premier pas, que l’idée de lui faire un superbe cadeau d’anniversaire l’avait prise. Dans leurs jeune temps, ils accumulaient les ruses pour se surprendre, trouvant toujours LE TRUC personnel qui ferait plaisir à l’autre. Il avait toujours eu un don pour ça…. Ses méninges – ou ce qu’il en restait – elle les avait mis à rude épreuve pour dénicher le présent idéal. Un casse-tête d’autant plus complexe considérant le fait qu’elle était fauchée. Paumée, littéralement à la rue. Oh qu’on se le dise, Lucy se serait volontiers vendue au plus offrants histoire d’obtenir suffisamment d’argent pour payer un cadeau décent à son ami mais elle doutait qu’il accepte une offrande financée de cette manière. Ainsi donc, elle avait dû se montrer originale.
C’est en errant dans les rues du centre-ville, dans une vieille boutique de seconde main que notre demoiselle dénicha l’idée parfaite! Ses iris s’étaient posés sur une vieille radio, le genre où vous pouvez insérer vos propres « mix tape » et qui, par un quelconque miracle, fonctionnait toujours. Fixant l’appareil, elle fut submergée par la nostalgie, par des souvenirs si clairs durant lesquels, ils avaient discutés plus jeunes, de tout, de rien, de leurs rêves d’avenir, de la vie qu’ils voulaient… De tout sauf du fait que leur amitié était un peu trop étrange pour être dénuée de plus… Ne lui avait-il pas confié, à cette époque-là, qu’il rêvait d’un jour, entendre ses compositions à la radio? Lucy ne connaissait pas grand monde dans cet univers-là, et elle ne pouvait pas faire ce miracle là sans lui en parler mais… elle pouvait quand même essayer, lui donner en cadeau, une parcelle de rêve? Cinq dollars plus tard, la première étape de son plan accompli, elle rentra au bercail avec la vieille radio et quelques cassettes vierges.
La suite avait été plus problématique, elle avait dû se montrer fourbe. Elle avait été jusqu’à fouiller dans ses affaires, sur son ordinateur plus précisément – il n’avait toujours pas changé son mot de passe depuis le temps… et elle avait une très bonne mémoire. Armée d’une clé USB, elle avait fini par dénicher sans trop de peine – louée soit l’organisation du coréen – quelques fichiers audio de ses compositions. Chipant le lot en entier, elle avait passé les jours suivants à trouver un sauveur qui saurait mettre cette mélodie sur cassette. Ça n’avait pas été de tout repos, en 2018. Toujours est-il que, le jour J, elle avait son paquet soigneusement emballé, planqué dans sa valise, elle espérait plus que tout que ça lui plairait.
******************
Ce jour-là, sa journée de travail s’était terminée assez tôt, vers midi, elle n’avait qu’un crétin à habiller et après, liberté! Agrippant une montagne de friandises à l’épicerie du coin, et un gâteau géant dans une pâtisserie du quartier, elle se dirigea vers son « chez elle ». Déposant ses victuailles dans la minuscule cuisine, elle en avait profité pour faire un ménage en profondeur de l’appartement, jetant ses fringues dans un sac près du divan, en prenant la note mentale de faire du lavage, ça devenait urgent. Au passage, elle ramassa celle du propriétaire des lieux. Ça éviterait à Jack d’avoir à le faire, et si au moins, elle se rendait utile, c’était déjà ça. Lorsque la journée tira à sa fin, et que son bridé préféré était toujours porté disparu, elle jugea qu’elle devait avoir le temps de prendre une douche avant de l’accueillir, ou plutôt, qu’elle voulait être à son meilleur, ou du moins, pas trop moche? Enroulée dans une serviette, ayant fini d’éponger sa crinière de jais, elle n’eut jamais le temps de finir la transformation puisque, si elle n’avait pas entendu la porte, la voix de son ami la tira de son occupation. Zut.
Qu’on se le dise, la jeune Wolfe n’est pas une créature pudique, pas une seule once, et puis bon, Jack avait déjà vu la marchandise dans le passé. Elle avait tout bonnement ouvert la porte de la salle de bain dans un : « De la pizza? Hmmmm tu sais parler aux femmes! Lui fais pas de mal j’arrives! » en extirpant sa tête dans le couloir, toujours enroulée dans la serviette. « Diiis tu peux me prêter des fringues, j’en ai plus de propre ! » … Oui, peut-être qu’elle faisait un peu trop comme chez elle? Son ton s’était fait joueur, se payant sa tête – elle était de bonne humeur, alors qu’elle lançait à son attention, un amusé : « Ou alors le thème de notre party de fête peut être un camp de nudiste, c’est comme tu veux. » Elle avait même pouffée de rire, s’imaginant déjà la gueule qu’il ferait devant une telle proposition. C’est qu’il était timide, son ami.
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:27
« De la pizza? Hmmmm tu sais parler aux femmes! Lui fais pas de mal j’arrives! »
Un sourire se dessinait progressivement sur son visage, le timbre de son amie avait depuis toujours eut le don de le calmer, de l'adoucir. En posant les desserts Dominos sur la table de la cuisine, le coréen aperçut enfin l'immense gâteau et ses comparses sucrés, trônant fièrement à côté des plaques de cuissons. Oh god, qu'il soupire. Même lui se retrouvait désarmé face à une telle quantité de douceurs. Son regard se posait maintenant sur Lucy, ou la moitié qui dépassait de l'encadrement de la porte. Elle semblait à l'aise, vêtue d'une simple serviette. Bien plus que le brun en tout cas, ce dernier se sentait sans défense, particulièrement vulnérable. À croire que Jack était pudique pour eux deux réunis, ou que la jeune femme se plaisait vraiment à jouer avec son petit coeur fragile.
« Diiis tu peux me prêter des fringues, j’en ai plus de propre ! »
Ok. Maintenant il frôlait la crise cardiaque. La demande de sa colocataire suffit à Jack pour abandonner les desserts à leur triste sort de condamnés à mort. T'as de la chance, petit donut, t'as le droit à quelques minutes de sursis. Pouvait-il vraiment lui refuser quoi que ce soit ? Il hocha la tête dans un "oui" silencieux, uniquement ponctué d'un soupir faussement agacé alors qu'il se dirigeait vers sa chambre. Sans trop savoir pourquoi, il avait toujours adoré la voir dans ses vêtements. Peut-être un instinct primaire de marquer son territoire, qui sait ?
« Ou alors le thème de notre party de fête peut être un camp de nudiste, c’est comme tu veux. »
La proposition le stoppa net alors qu'il poussait la porte de sa chambre. Parce que l'appart était mal isolé, parce qu'il n'était encore que le début du mois de Mars, mais surtout parce qu'il n'avait aucun mal à l'imaginer sur son clic-clac, sans cette foutue serviette. À vrai dire, l'idée le tentait bien, et s'il ne risquait pas de choper la crève alors que ses partiels arrivaient, peut-être qu'il aurait eut le courage de piéger Lucy à son propre jeu. Pourtant, le rouge aux joues, il baissa légèrement le regard, reprennant le chemin vers son antre en se cachant derrière cette excuse bidon. Timide, il l'était. Mais attentionné sans se l'avouer, il ne voulait surtout pas dépasser cette ligne imaginaire qui mettrait leur amitié en péril.
« Je vais te passer des fringues plutôt... »
Pas un mot de plus, et il disparaissait derrière la porte en bois. Après quelques minutes à fouiller dans son armoire, il réussi à dénicher un short datant de l'époque où il s'était convaincu d'être assez motivé pour se mettre au sport - échec cuisant, et un sweat orné du logo des Daft Punk lors du concert Alive de 2007, l'un des derniers de propres qui lui restait. Drôle de combinaison, mais ils n'avaient pas énormément de choix devant eux. Silencieusement, il en profita pour jeter un coup d'oeil dans l'étui de son clavier, où le cadeau ne semblait pas avoir bougé d'un pouce. Il voulait attendre la fin du repas avant de lui offrir, histoire de la préserver des tâches de gras. Au final, le bomber tombait plutôt bien, en pleine pénurie vestimentaire.
Toujours aussi peu convaincu par son choix vestimentaire, il l'avait rejoint dans la petite salle de bain pour déposer les vêtements sur le rebord de l'évier, puis avait attendu patiement. Pas qu'elle se change, il serait parti immédiatement. Non, il avait juste attendu une opportunité, qu'elle se tourne enfin vers lui. Enfin.
Alors, il s'était réfugié dans les bras de Lucy - ou lui avait sauté dessus, selon le point de vue. Tout en faisant attention à garder la serviette vert menthe en place, il avait passé les bras autour de la taille de la jeune femme dans un câlin débordant de tendresse. En la portant à sa hauteur, décollant au passage ses pieds nus du sol, il pouvait encore mieux se blottir contre elle. Profitant que leurs visages soient à peu près au même niveau pour lui murmurer un « Bon anniversaire » ronronnant, sa joue posée contre la sienne, il l'avait serrée un peu fort plus contre lui, ne la reposant au sol que lorsque ses avant-bras commençaient à vraiment fatiguer. L'anxiété semblait s'envoler au contact de Lucy, tout allait mieux quelques instants, tant qu'elle était là pour le réchauffer. Tapie dans un coin, n'attendant qu'un mot de travers, un acte manqué malheureux pour mieux retomber sur le pianiste, son anxiété lui laissait vraisemblablement un temps-mort qui le déconcertait complètement. Bien sûr, il se sentait déterminé à en profiter le laps de temps que l'accalmie durerait, mais le retour à la réalité n'en serait que plus violent. Ses mains glissent dans les poches de sa veste, qu'il n'a pas encore prit le temps d'enlever, comme pour mettre un terme à ce courant de pensées qui lui déferlait dessus malgré un sourire de façade. Changement de sujet aussi furtif que son élan d'affection, Jack semble avoir réussi à prendre la fuite sans trop de dégâts, sans que Lucy n'ait trop l'air de lui en vouloir de lui reposer les pieds sur Terre.
« Je t'ai pris une quatre fromages. Et des nuggets, beaucoup de nuggets. »
Sur ces mots, il prends le chemin de la cuisine et balance sa veste sur l'un des tabourets, celui qui grince. Ouais, ayant sauté le repas du midi pour bosser ses compos, la faim commençait à se faire pesante. En ultime provocation, il ajoute :
« Elle va refroidir si tu te dépêche pas. » et disparaît de la vision de Lucy, comme par enchantement.
En attendant qu'elle ait fini de se changer, Jack commence à couper les pizzas, mettre au frais les desserts réchauffés par les pizzas, et sortir les quelques canettes de bière blonde traînant dans le frigo.
Le serveur avait vidé dans l'évier de la cuisine toutes les bouteilles d'alcool encore perdues dans ses placards le lendemain de l'arrivée de Lucy chez lui, alorx qu'elle dormait encore. À l'exception de celle de rhum, son péché mignon qu'il eut trop mal au coeur de gâcher. En vérité, il ne lui restait que des fonds, pas de quoi saouler la petite brune, et au final ce geste désespéré n'avait pas préservée la jeune femme de ses démons. Pour couronner le tout, il avait eut un peu honte de lui-même en descendant la pile de cadavres de bouteilles variées sous les regards circonspects de ses voisins.
Ce soir, niveau alcool, il voulait essayer de la maîtriser. Trop souvent, Lucy le réveillait en rentrant de ses beuveries. La majeure partie du temps, Jack allait lui tenir les cheveux lorsqu'elle se vidait l'estomac la tête dans les toilettes, parfois c'était elle qui venait se faufiler dans ses draps pour y trouver un peu de compagnie. Il se sentait toujours obligé de la virer, voir de la porter jusqu'au clic-clac les nuits où l'alcool se faisait le plus mauvais. En coupant les pizzas approximativement, il se promit de l'arrêter dès que les bulles commenceraient à lui monter à la tête.
En parlant du loup, mademoiselle Wolfe semblait avoir fini de se préparer, la faim la faisant à son tour sortir du bois. Ou de la salle de bains, au choix. Jack ne peut retenir un compliment presque aussi maladroit que lui en la voyant débarquer à côté de lui.
« T'es toute belle aujourd'hui. » Il écarquille les yeux, se surprenant lui-même de ce qu'il venait de prononcer. Le brun tente immédiatement de rattraper. « Tout les jours. T'es b-... 'fin, je... » Trébuchant dans ses mots comme s'il venait d'apprendre à marcher, il essaie tant bien que mal de retomber sur ses pattes. « Tout les jours. » Ouais, bonne conclusion. Pas aussi élégant qu'il l'aurait voulu, mais ce serait suffisant. Avant de laisser le temps à Lucy de réagir, ou ne serait-ce de comprendre ce qu'il venait de lui dire, il lui avait tendu sa 4 fromages, encore au chaud dans la boîte et était ensuite parti s'affaler dans le canapé. Expert dans le domaine de la fuite, le petit Jack.
« Qu'est-ce que tu veux regarder ? Un disney ? »
Exactement comme lorsqu'ils étaient adolescents : pizza & streaming. Tout un programme.
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:28
Admin
Messages : 58
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
… Peut-être était-ce justement pour s’assurer qu’il ne parte pas, qu’elle lui lançait des remarques aussi salaces, qu’elle marchait, telle une funambule, sur la ligne minuscule, qui séparait leur amitié des peut-être qu’elle n’avait jamais pu faire taire lorsqu’il était question de lui. Ce jour-là ne faisant pas exception – elle s’était sans doute dit avoir l’immunité en raison de son anniversaire – la petite brunette, enroulée dans une serviette propre, les cheveux entre humides, s’était extirpée de la salle de bain pour réclamer, non sans se payer sa tête, des fringues propres … et qui sait, une soirée à thème 18+. Elle aurait pu regretter, si elle ne l’avait pas vu se figer, hésiter un instant, ses lèvres s’était pressées dans un rire réprimé, plutôt satisfaite de son petit effet. « Je vais te passer des fringues plutôt... » Aussi malsain que ça puisse sembler, une portion d’elle-même avait besoin de se faire confirmer, encore et encore, qu’il reviendrait, qu’elle le tenait dans ses filets… qu’elle lui plaisait encore, après tout ce temps. Une personne sensée aurait pris le temps d’analyser cette possessivité chronique, de se demander franchement ce qui nourrissait un tel besoin, que de l’avoir juste à elle… une Wolfe, plutôt que de se retourner les méninges, avait décidé de ne pas s’attarder à ce détail, de peur de découvrir une conclusion embêtante.
Jack, c’était Jack, et tenter de cerner ô combien elle pouvait être attachée à lui, c’était risquer de le perdre… Ça, c’était hors de question. L’entendant fouiller dans sa chambre pour un habit, elle s’était penchée au-dessus de l’évier et avait entamé la tâche non moins pénible, que d’appliquer une crème sur la peau pâle de son visage, en espérant dissimuler les cernes inquiétants qui entouraient ses yeux océaniques. Elle avait enfin réussi à se rendre présentable, béni soit son cache-cernes, lorsque des bras se refermèrent autour d’elle. La main qui tenait son crayon s’immobilisa, au moins aussi vivement que son pauvre cœur. Son autre main se posa instinctivement sur le dos du coréen, alors qu’il la soulevait de terre, la forçant à retenir son vêtement improvisé de son autre main. Son souffle était totalement coupé, son cœur battait tellement fort qu’elle entendait à peine ses souhaits. Se nichant un peu plus contre lui, elle avait marmonné un merci, n’osant s’agiter que lorsqu’il la libéra en s’éloignant dans l’appartement. Cette fois, elle était certaine, ses joues devaient être écarlates. Merde! « Elle va refroidir si tu te dépêche pas. » Laissant sa pauvre pompe à sang se remettre de ses émotions, elle avait regardé son reflet dans le miroir, soudainement inquiète de ne pas être assez bien, de le décevoir de………… Elle faisait quoi là? ARG! Enfilant les fringues mal agencés qu’il lui avait prêté – elle était si petite que le pull devait bien lui arrivait à la mi-cuisse, on en voyait à peine les shorts criards de sport, elle s’était ensuite battue avec ses cheveux pour les rendre présentable. Elle aurait vendu son âme pour son kit de maquillage, hélas, elle n’avait rien. Il aurait droit à Lucy le burritos … au moins elle était propre ! S’extirpant de la salle de bain et suivant l’odeur de la nourriture, elle rejoint finalement son hôte à la cuisine
Pied nus sur le planché, enveloppée de ses fringues à lui, elle s’était approchée lentement, incertaine, testant une fois de plus des limites incertaines, lorsqu’il s’était mis à baragouiner des compliments. « T'es toute belle aujourd'hui. … ………… Tout les jours. T'es b-... 'fin, je... …. Tous les jours. ». Elle avait haussé un sourcil en l’observant, avant que ses traits ne s’illuminent de ce sourire un brin amusé, signe qu’elle allait se payer sa tête. Oh, qu’il se détrompe, elle était réellement heureuse d’entendre ça, son organe vital s’était mis à battre comme un frénétique, mais elle était bien trop orgueilleuse pour l’avouer. Plutôt, elle avait tourné sur elle-même, comme dans un défilé de mode, en pouffant de rire. « C’est parce que je porte de la haute couture aujourd’hui! T’as vu ma tenue de soirée! » Elle avait laissé son sourire planer, avant d’ajouter, moqueuse. « À moins que tu préférais que la serviette? » heureusement pour l’air scandaleux qu’elle lui avait adressé, son attention avait momentanément été détourné par une pizza quatre formages – sa préférée – encore chaude et à l’odeur divine. Miam. Se saisissant de la boite, il ne lui fallut que quelques secondes pour se laisser tomber sur le canapé avec son offrande.
… Elle aurait pu se mettre n’importe où, garder une distance prudente, réfléchir un minimum, sauf que son corps, comme en proie à de vieilles habitudes, s’était immédiatement nichée contre le sien, elle avait même poussé l’affront jusqu’à allonger ses jambes fines et dénudées sur ses cuisses à lui, comme pour lui servir de plateau à boite à pizza, comme à cette époque ou ce genre de soirée était coutume. « Qu'est-ce que tu veux regarder ? Un disney ? » Ouvrant sa boite de pizza pour en saisir une pointe, elle se mit sérieusement à réfléchir à la question. « Hmmmm. T’as vu Moana? Sinon le Roi lion est un classique! » … Lucy? On doit vraiment te rappeler pourquoi t’es célibataire? Bah… un film avec des chansons, c’était une chance de repousser des discussions moins agréables. Elle avait soulevé sa pointe, mordant dans la délicieuse pate fromagée en soupirant d’extase. « P*tin que c’est bon. J’avais oublié à quel point. » nouvelle bouchée, elle était peut-être minuscule, mais elle mangeait assurément pour dix. « J’vais devenir obèse à cause de toi. J’espère que tu te sens mal. » un nouveau sourire joueur avait étiré ses traits alors qu’elle le fixait de ses yeux bleus. « Si grosse que j’partirai plus jamais de ton appart, je ne pourrai plus franchir la porte. » Un instant, elle était restée silencieuse, ses iris posés sur l’écran, son esprit concentré sur cette pizza succulente puis, d’une petite voix, comme gênée, elle avait osé demander, en signe de paix, en effort surhumain d’entamer les discussions. « Je t’ai pas dit trop de conneries…. L’autre jour? ………… j’étais vraiment défoncée… je suis vraiment désolée pour ça. »
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:29
C'était exactement ce qu'il avait été, un putain d'égoïste, en s'emparant du corps de Lucy dans une expression ratée de son affection. Il ne lui avait ni laissé le choix de le recaler, ni l'opportunité de se vêtir correctement avant ce câlin tendrement imposé. Égoïste, bordel. Encore plus de fuir juste après, comme le lâche qu'il avait toujours été. Il s'en voudrait toute sa vie de ne pas vouloir la partager avec qui que ce soit, ou de sentir son estomac se tordre dans tout les sens en la voyant débarquer avec ses fringues sur le dos. Dans un geste nerveux, ses mains se rejoignent après qu'il ait déposé son couteau sur la table, les pizzas désormais découpées avec soin. Le brun la détaillait maintenant, profitant de cette vue qui ne se représenterait probablement pas avant un moment.
« C’est parce que je porte de la haute couture aujourd’hui! T’as vu ma tenue de soirée! »
Malgré ses joues pivoines, Jack sentit un sourire lui grimper au lèvres. Plus de quatre ans après le départ de la jeune femme en face de lui, il avait toujours autant de tendresse pour elle. Et ce petit rire incontrôlé qu'elle avait laissé échapper, n'était-ce pas signe qu'elle l'avait bien pris ? Ou au moins, qu'elle ne trouvait pas cette tentative de compliment déplacée ? C'était la dernière chose qu'il voulait, la mettre mal à l'aise. Non, il ne voulait ouvrir absolument aucune brèche, ne faire aucune connerie qui ne laisserait à Lucy une nouvelle opportunité de s'enfuir. Il s'en voulait, se sentait d'autant plus égoïste de vouloir qu'elle reste aussi longtemps que possible alors qu'il n'avait qu'un canapé à lui proposer.
« À moins que tu préférais que la serviette? »
« Non, le sweat est mieux. »
Réponse sincère, ne serait-ce que pour le côté pratique du sweat. Ouais, ce dernier ne menaçait pas de tomber à la moindre maladresse, et il semblait bien plus chaud et confortable. Se contentant du minimum syndical de mots nécessaires pour communiquer, il lui avait indiqué d'un signe de tête le clic-clac, puis s'y était affalé accompagné de sa pizza cannibale.
Rapidement rattrapé par Lucy sur le canapé, le brun poussa sa pizza pour lui laisser la place de se rapprocher. La trop bonne idée. Aussitôt, et avec un naturel réconfortant, elle était venue se lover contre lui comme sur un coussin. C'était la normalité dans le geste de sa colocataire improvisée qui le déconcertait. Il le sentait, ils s'enfonçaient à nouveau dans cet entre-deux, cette relation compliquée et que Jack avait tant peur de gâcher en allant trop loin, ou pas assez. Il poussa cependant un soupir d'aise, même si se détendre complètement lui semblait difficile.
« Hmmmm. T’as vu Moana? Sinon le Roi lion est un classique! »
Il lui lança un regard désolé, préférant être honnête.
« Je suis pas à jour des derniers Disney. »
Après le départ de Lucy, il n'avait d'abord plus eut le coeur de regarder les différents films d'animation, toujours trop seul pour les apprécier vraiment. Puis, en vieillissant, il s'était éloigné des films trop enfantins avec l'excuse classique du manque de temps, il tentait simplement de passer à autre chose. De pouvoir regarder des trucs sans avoir besoin de la petite brune blottie contre lui pour rester éveillé jusqu'au générique.
« P*tin que c’est bon. J’avais oublié à quel point. J’vais devenir obèse à cause de toi. J’espère que tu te sens mal. »
Il arrive à placer un « Non, pas trop. » avant qu'elle ne reprenne la parole.
« Si grosse que j’partirai plus jamais de ton appart, je ne pourrai plus franchir la porte. »
Silence. Il aurait aimé lui dire que oui, elle pourrait rester aussi longtemps que lui à l'appart, le suivre dans son prochain déménagement aussi. Et même jusqu'à la maison de retraite. Mais elle s'était tue, alors lui aussi, pour mieux écouter les bruits en sourdine de la ville à travers la fenêtre. Il entreprit de chercher un site de streaming qui proposait Moana en qualité pas trop dégueulasse, histoire d'occuper son cerveauavant qu'il ne décide de lui évoquer trop d'idées noires.
« Je t’ai pas dit trop de conneries…. L’autre jour? ………… j’étais vraiment défoncée… je suis vraiment désolée pour ça. »
Il tourna la tête vers Lucy. Il ne s'étonnait pas de son courage, plus de sa spontanéité.
« T'inquiète. On s'est tous prit des cuites, c'est pas grave. »
Ensuite, il baisse les yeux pour mieux se souvenir. Le tout lui paraissait assez flou, à part le moment où il l'avait reconnue et ses tentatives d'exhibitionnisme, le reste n'était pas assez précis - ou trop gênant - pour le lui rappeller.
« Uuuuugh. Tu m'as pris pour un chauffeur de taxi. Et après pour un flic. »
Jonglant entre ses souvenirs et les sites de streaming, il reprend après quelques secondes de fouilles de mémoires intenses tout en cliquant lien après lien.
« Après t'as essayé de te déshabiller dans la rue. »
Enfin ! un site qui marchait sans le bombarder de pop-ups toutes aussi moches les unes que les autres. Le film désormais en train de charger aussi vite que sa connexion moyenne le permettait, il posa le pc sur la petite table basse en face d'eux, coincée entre le fameux clic-clac et le meuble de la télé.
« T'as surtout dis que tu adorais que je t'appelle Jabba et t'as avoué que... uh. »
Il lève les yeux au ciel, se creusant les méninges pour trouver une idée. Ses neurones auraient presque fait un peu de bruit à force de tourner dans le vide.
« Que tu voulais me faire plus de câlins, plus souvent, parce que je le mérite. Et c'est tout. »
Beaucoup de bullshit, le garçon avait toujours été taquin. Encore plus avec Lucy que n'importe qui d'autre, elle n'avait aucun mal à déceler ses ironies et ses mensonges éhontés, encore moins à y répondre avec tout autant de piquant.
Discrètement, et au rythme de sa propre voix, il avait posé la main coincée entre le canapé & le dos de la petite squatteuse sur le côté de sa cuisse pour l'attirer encore un peu plus contre lui, puis l'avait enfouie dans la poche ventrale du sweat. Ainsi elle ne pourrait pas s'enfuir en essayant d'aller lancer le film, ni fuir l'emprise physique douce-amère que Jack avait désormais sur elle. Comme pour lui interdire définitivement de se détacher de lui, ne serait-ce que de quelques centimètres, il avait fait glisser sa pizza sur la moitié vide de la boîte de Lucy, autant pour partager que pour sceller une alliance diplomatique. Il espérait qu'elle se plairait dans ses bras, assez pour ne pas tenter d'esquiver la discussion qui s'annonçait déjà bien trop sérieuse pour une soirée d'anniversaire.
Son sourire maintenant retombé, il avait reprit, bien plus sérieux ce coup-ci.
« Tu m'as dit que tu venais de surprendre ton mec avec quelqu'un d'autre, et que tu voulais pas retourner chez vous. »
Pas de curiosité mal placée, le coréen souhaitait juste savoir si ce petit soucis était réglé, ou pas. Ce qu'il pouvait aborder par la suite, ou pas. Il décida de passer sous silence les autres aveux qu'elle lui avait fait, incertain de les avoir compris dans le bon sens.
« Vous avez reparlé depuis ? Tu... tu sais où t'en es ? »
Comment pouvait-il encore être aussi timide avec Lucy, bordel ? C'était pourtant pas bien compliqué à poser, comme question. Et pourtant. Il se sentait étranger, comme si la vie sentimentale de son amie ne le regardait plus, désormais. Peut-être que c'était vrai, après tout. Avec une légère moue, il s'empare de sa première part de pizza. Enfin.
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:29
Admin
Messages : 58
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Elle fut quand même reconnaissante au jeune homme pour lui épargner l’humiliation qui viendrait assurément avec de trop précis détails sur ses agissements. « T'inquiète. On s'est tous prit des cuites, c'est pas grave. Uuuuugh. Tu m'as pris pour un chauffeur de taxi. Et après pour un flic. » La petite brune s’était un instant décalée de son ami, les lèvres pincés pour réprimer un fou rire alors qu’elle demandait d’un ton franchement amusé : « Pour un flic ? Toi? » Dans quel univers est-ce que son coréen fétiche ferait peur à qui que ce soit? … Remarquez, elle ne s’opposerait pas s’il décidait de revêtir un tel uniforme… Lucy, sors de tes fantasmes! Elle opta pour le laisser continuer dans ses confidences, ça semblait tolérable jusqu’à présent. Lorsqu’il reprit enfin la parole, elle roula des yeux en se callant un peu plus contre lui, comme si nicher son minois contre son épaule lui éviterait de dévoiler la teinte rosâtre que prenaient ses joues aux révélations fort peur surprenantes de son ami quant à ses agissements d’ivrogne. Tout ce qu’elle espérait, c’était de ne pas lui avoir dit des trucs horribles… ça aussi, elle avait des antécédents. « Après t'as essayé de te déshabiller dans la rue. » … Pouvait-elle crever sur place? Lucy avait deux solutions devant un tel fiasco, être timide, ou l’assumer. Elle opta pour la seconde, offrant un sourire amusé à son ami, avant de se mordre la lèvre dans une tentative de séduction. : « … Tu déconnes ? C’était sexy au moins? » … Ouai bon, une fille peut rêver. Elle était d’une telle maladresse alors les chances étaient minces.
« T'as surtout dis que tu adorais que je t'appelle Jabba et t'as avoué que... uh. Que tu voulais me faire plus de câlins, plus souvent, parce que je le mérite. Et c'est tout. » Se callant d’avantage contre lui, comme pour exhausser sa demande de câlins – ou pour combler un besoin inavoué de le toucher, de s’assurer qu’il était encore là. Lucy ne put cette fois, réprimer un éclat de rire spontané lorsqu’il tenta sa manipulation pour le moins… ratée. De sa main libre, elle bouscula doucement son bras, comme pour lui ordonner de ne pas se payer sa tête. « Euh. Primo : Jabba ? Surement pas! Deusio … t’es certain que j’ai dit câlins? Non parce que sérieusement, soule, je suis certaine que c’était 18 + comme demande. » … Elle s’était callé contre le canapé, ne relevant les yeux vers lui qu’en sentant sa main se poser timidement sur sa cuisse. Son souffle s’était coincé, une seconde, deux, avant que cette emprise sur sa hanche n’envoie une onde électrique dans tout son petit corps et que sa pompe à sang n’accélère inexplicablement. C’était encore plus addictif que l’alcool, elle aurait aimé qu’il ne relâche jamais, qu’il grave son nom dans sa chaire ne serait-ce que pour corroborer qu’au moins une personne dans cet univers de merde voulait d’elle. Sa main à elle s’était glissée sur la cuisse du bridé, s’y déposant tout naturellement alors qu’elle n’osait pas briser le silence ambiant. La réalisation était brutale : elle avait besoin de lui.
Les Wolfe n’ont besoin de personne, cette affirmation d’indépendance, cet égo mal placé, et cette certitude erronée de n’avoir aucun mal à se tirer des pires situations étaient le mantra selon lequel elle avait été élevée. Déjà toute petite, on lui avait inculqué à coups de réprimandes qu’elle ne devait jamais laisser voir ses faiblesses – sans quoi, quelqu’un en userait contre elle – laisser savoir que ça n’allait pas ou pire, demander de l’aide. Cette leçon était encrée si profondément en elle qu’elle trouvait atrocement difficile de s’ouvrir, encore aujourd’hui. Autant dire que cette incapacité sociale l’avait longtemps isolée, coincée dans un entre-deux ou ses connaissances apprécient le masque qu’elle dévoile, mais sans plus, le mur de glace et de silence qu’elle avait construit entre elle et le monde, dans une tentative désespérée de protéger une âme trop fragile des tourments de la vie. Puis, il y avait eu Jack, une ‘’erreur’’ de parcours, un imprévu qui, sorti de nulle part s’était faufilé aisément derrière ses réticences, s’était taillé un chemin direct jusqu’à son cœur, au point où elle avait préféré nier avec d’autant plus de conviction son attachement pour lui. Terrorisée à l’idée de le perdre – ou pire encore – de le laisser voir la loque qu’elle était, Lucy les avait coincés dans cette relation dépendante, malsaine, ou elle refusait de le partager, mais ne pouvait se résigner à le lui dire.
… Lorsqu’il était question du coréen, elle n’était rien de plus qu’une gamine égoïste, réclamant chaque bribe qu’il avait à offrir, s’accrochant plus certainement à lui à chaque seconde, sans oser lui rendre la pareille. C’était probablement pour cela qu’ils étaient tombés, autrefois, dans un entre deux : si elle couchait avec lui, il ne laisserait aucune autre garce lui toucher. Un raisonnement qu’elle était presque à se refaire ce soir-là, en le scrutant du coin de l’œil, chaque fibre de son être hurlant pour se l’approprier. Leurs retrouvailles ne changeaient rien à cette donne, visiblement, puisqu’il ne lui avait fallu que quelques minutes, ce soir-là, pour se retrouver enveloppée dans ses fringues à lui, nichée contre lui sur le canapé ou il la laissait dormir sans frais. C’était puéril, mais il était hors de question qu’elle le partage. Fourbe, il avait attendu qu’elle ait la bouche pleine pour poser des questions plus personnelles. « Tu m'as dit que tu venais de surprendre ton mec avec quelqu'un d'autre, et que tu voulais pas retourner chez vous. » elle s’était immobilisée, une moue boudeuse aux lèvres. Elle revoyait vivement Philip s’enfiler cette pétasse sur leur divan, sa vie voler en morceaux, et pire que tout… elle ressentait ce vide omniprésent. « Chez lui. » Elle l’avait corrigé, sans le vouloir, cet appartement n’avait jamais été le sien, et elle ne venait à se demander si ce mec l’avait un jour été … Elle avait soupiré, se tortillant pour lui échapper, pour ne pas parler de ça… « Vous avez reparlé depuis ? Tu... tu sais où t'en es ? » Elle comprenait bien, ce qu’il cherchait à faire, mais elle n’en avait pas envie.
Parler de cette relation lui semblait obscène, pas à lui, et s’il la jugeait? Elle avait finalement soupiré, sa main s’étant lentement serrée sur sa cuisse, comme pour le punir de bousiller leurs fêtes avec cette discussion-là. « Non. On ne va pas reparler. C’est fini. C’est un vrai con et c’était un mauvais coup. En plus. » Manquerait plus que ça, qu’elle rampe chez ce con! « Je suis dans la merde, je vis sur ton divan. Mon boulot ne paie pas, je ne connais plus personne ici, sauf toi… » Elle avait finalement soupiré, essayant de faire, comme trop de fois par le passé, d’esquiver des discussions sérieuses en usant du charme qu’elle savait avoir sur lui. Sa main était remontée sur sa cuisse, lentement, alors qu’elle poussait l’affront jusqu’à poser ses lèvres sur la mâchoire de son camarade. « Mais en ce moment, j’ai pas envie de me bousiller la soirée à angoisser pour ça. » Son autre main s’était serrée sur le T-Shirt de son partenaire de pizza, sa tête retrouvant son emplacement de choix dans son cou alors qu’elle avait demandé, dans un souffle. « Tu crois que si tu me serres assez fort je peux oublier pour un soir? »
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:30
« Ouais moi. Genre j'aurais pas pu faire un vrai métier ? » qu'il lui lance, le sourire dans la voix.
Tout les deux, ils n'avaient jamais choisi la facilité. Déjà, en faisant des études d'art, puis en se spécialisant dans des domaines absolument saturés de nouveaux talents. Dans un monde où l'on doit se faire une place, parfois au risque de perdre son intégrité, le métier de policier paraissait bien simple : une fois le diplôme en poche, le plus dur était fait, il ne restait plus qu'à survivre. Le musicien lui, savait à quel point les places de compositeurs sont chères, et que la plupart de ses collègues de promo n'auraient aucun mal à lui marcher dessus pour mieux grimper dans l'échelle sociale. Il savait qu'à aucun moment, un potentiel talent ne servait de garantie au succès. Aussi, il avait apprit à ne plus se laisser marcher dessus par qui ce soit. Il restait le même garçon introverti, bien sûr. Juste en un peu plus sanguin, en un peu plus agacé, et Lucy s'engageait à en faire les frais tôt ou tard en jouant à ce jeu ambigu avec lui.
Le brun, pour l'instant toujours de bonne humeur, reprit la parole après l'avoir aperçue rougir sans raison apparente. Il ne lui avait même pas encore dit le pire qu'elle se cachait déjà, étrange.
« … Tu déconnes ? C’était sexy au moins? »
Le petit hochement négatif de tête du pianiste aurait pu suffire, mais il s'amuse à l'enfoncer encore plus.
« Non. T'arrivais pas à enlever tes fringues, c'était ridicule. Pas sexy du tout. »
Si, sur l'instant, il avait été extrêmement gêné de l'exhibitionnisme de son amie, ce soir Jack se repassait en boucle la scène dans sa tête, ne pouvant s'empêcher de rire devant cette situation burlesque. Pas dans le sens sexy du burlesque, plus dans le sens comique. Il était trop enfoui dans la vague des souvenirs pour remarquer ce geste séducteur, trop occupé à trouver un streaming décent, aussi. Il vallait mieux pour elle, qu'il ignore ce délicat rentre-dedans. Cette tentative de le distraire des sujets importants l'aurait presque mis en colère, autant qu'il lui aurait donné envie de lui sauter dessus et de foutre en l'air leur gentille petite relation amicale.
La tentative de Jack de réclamer un peu d'amour fut étonnamment efficace. Le gamin ne pensait pas voir son voeu exaucé si vite, si facilement. Encore moins de se faire moquer aussi ouvertement, ou qu'elle lui taperait dessus avec ses petites mains. Aussitôt, et avec un jeu d'acteur terriblement mauvais, il avait feint une douleur extrême sous le coup de la jeune femme. Peut-être allait-on devoir lui amputer le bras, maintenant ?
« Euh. Primo : Jabba ? Surement pas! Deusio … t’es certain que j’ai dit câlins? Non parce que sérieusement, soule, je suis certaine que c’était 18 + comme demande. »
Petit sourire, il se replace à côté de Lucy et ne se contentant pas de manger affalés l'un à côté de l'autre, il l'attire contre lui par la hanche.
« T'as pas envie de te rappeler, crois moi. Mais ouais, t'étais pegi 18 ce soir-là. »
Si le geste lui semblait naturel, il commençait déjà à le regretter. De part une conclusion hâtivement tirée du comportement étrange de la britannique avec lui, Jack s'était résigné à rester ce pote banal, à garder cette relation distante, mais beaucoup plus saine qu'avant qu'elle ne parte. Il regrettait oui, encore plus lorsqu'elle décida de le suivre dans cette ambiguïté en s'emparant de sa cuisse. En silence, il avait déglutit.
Il lui en voulait. Un peu, pas assez pour qu'elle perde cette place spéciale dans son esprit ou dans son coeur. Il lui en voulait, de s'approprier sa personne comme s'il lui avait toujours appartenu. Ce qui était vrai, en soi. Il ne pouvait rien lui refuser, et se pliait toujours, même inconsciemment, aux désirs de Lucy. Il lui en voulait oui, et ça le rongeait, parce que son esprit voyait trop flou pour comprendre l'etendue des problèmes de la brune. Parce qu'il ne pouvait rien faire contre cette jalousie dévorante envers les inconnus avec qui elle passait ses nuits à boire, ou contre cette haine viscérale du type qui l'avait mise dans cet état. Que ce soit Philip ou lui-même, peu importe. Il lui en voulait, parce qu'elle refusait d'aller mieux, et que ça le détruisait de l'intérieur de la voir souffrir ainsi.
Alors il avait tenté d'aborder le sujet, un échec cuisant. Les doigts se serrant sur sa cuisse lui envoyèrent une décharge le long de la colonne vertébrale, le redressant involontairement. L'aspect punitif de la démarche était complètement passé à la trappe, ce qui avait interpellé Jack, c'était qu'elle essayait de se détacher de son emprise. Alors, il l'avait laissée se dégager, une moue triste suspendue au visage.
« Non. On ne va pas reparler. C’est fini. C’est un vrai con et c’était un mauvais coup. En plus. Je suis dans la merde, je vis sur ton divan. Mon boulot ne paie pas, je ne connais plus personne ici, sauf toi… »
Ouch. Aussitôt, son esprit l'assaillait de questions. Squattait-elle chez lui parce qu'elle "ne connaît plus personne ici" ? Ou juste parce que c'était la seule option tant qu'elle n'avait pas les moyens ? Était-elle seulement heureuse d'être ici, ou de le voir ? Non, Jack. T'as pas envie d'entendre de réponses trop honnêtes, ça te ferait trop mal. Son coeur s'était progressivement emballé, battant irrégulièrement, rendant le pianiste absolu fou de par sa dissonance.
« Mais en ce moment, j’ai pas envie de me bousiller la soirée à angoisser pour ça. »
La musique mélancolique de la voix de Lucy le rappela à la réalité : il se devait de maintenir ce rôle de gentil garçon rassurant, même lorsqu'il était le premier à paniquer. Trop de contact d'un coup, cette fois, c'est lui qui se dégage pour mieux détailler les yeux bleus qui le considèrent.
« Non, Lucy. Tu vas rien boussiler. On a des pizzas, on est tout les deux, on peut pas faire mieux. »
Pas assez courageux pour fuir l'accroche de sa colocataire sur son tshirt, Jack la laisse se blottir de nouveau contre lui, malgré une certaine tension dans ses muscles, et un regard fuyant.
« Tu crois que si tu me serres assez fort je peux oublier pour un soir? »
« J'en sais rien. Tu crois que tu peux arrêter de me cacher des trucs ? »
Le garçon avait réussi à prononcer ces mots sans animosité, et en réalité, il avait simplement privé sa phrase de toute émotion, alors que c'était bien bordélique dans sa tête. Sauf peut être la déception de se faire remettre ainsi à sa place alors qu'il voulait juste discuter. Trop difficile à cacher, encore plus que la curiosité autoflagellante qu'il s'infligeait. Ses mots sonnaient plus comme une remontrance en vérité, de celles qu'on donne aux enfants sans y mettre trop de coeur. D'un geste bref, il se détacha de Lucy pour aller lancer le film. Même s'il n'avait plus vraiment envie de le voir, maintenant qu'il avait crachoté un venin dont il ignorait l'origine. Son regard se porte sur ses mains, sur son outil de travail, alors qu'il se lève, décidé à ne pas céder à la supplication de Lucy. Il n'a plus trop faim non plus, si facilement perturbé, à voir des signes partout, il préfère jouer avec ses doigts ou tordre son pouce dans tous les sens.
Ce réflexe névrotique, jamais il n'avait réussi à le maîtriser, à part peut être pour le rendre encore plus discret qu'il ne l'était déjà. Un toc nerveux, toujours à la limite de l'automutilation, et du même acabit que de se ronger les ongles, ou encore d'arracher tout les bouts de peau qui dépassent. Impossible de s'arrêter jusqu'à ce que ça fasse vraiment mal, ou avant de s'abîmer à un point irréversible. Dans un geste tant répété qu'il en devenait imperceptible pour le coréen, il se tordait le pouce comme un bambin mordillerait sur sa tétine. Au moins, cette partie là de sa personnalité n'avait pas changé.
Il se dirige alors dans la cuisine, et sort le pack de bières du frigo. Il n'avait pas grand chose d'autre à boire et de toutes façons, il en avait besoin.
« Tu veux une bière ? »
Il se retint de lui dire qu'elle ne la méritait pas, et qu'il y en avait largement trop peu pour qu'elle se saoule avec. Mais finalement, il avait ramené le pack entier et l'avait posé sur la table basse. Pas la force de lutter avec elle.
Une fois de nouveau enfoncé dans le canapé, il décapsule sa boisson. Il n'a pas envie de reprendre cette discussion, mais le choix ne se présente pas. Il sait parfaitement que cette opportunité ne se représentera pas.
« Ça fait deux mois que tu squatte ici et tu m'as toujours pas dit ce que t'as fait de tes 4 ans à New York. Ou qui c'était ce Philip. Si ça me regarde pas, dis-le clairement au moins, et promis je te laisserai tranquille. »
Dans la logique infaillible de Jack, si la jeune femme s'était casée avec un type alors qu'il la connaissait pour le moins frivole, c'est que ce Philip devait être un surhomme. Ouais, un superhéros qui avait réussi ce qu'il n'avait jamais entreprit. D'emblée, il le détestait, n'arrivant pas à mettre d'autre nom sur cette jalousie d'une relation pourtant achevée. Alors bien évidement qu'il était curieux, qu'il voulait savoir ce qu'il avait de moins que le médecin.
« J'en ai juste plein le cul que tu rentres toujours torchée juste parce que c'est plus facile que de me parler de ce qui ne va pas. »
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:30
Admin
Messages : 58
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
… Mais le temps est une denrée rare, fuyante, et aussi brève fut cette accalmie, elle ne pouvait durer. Pas quand il la questionnait sur NYC, pas quand il lui remettait sous le nez sa bêtise, sa fuite, et la descente aux enfers qu’était devenue son existence depuis ce moment où elle avait fait ses sacs sans se retourner. Elle avait soupiré, s’était extirpé de son étreinte dans une agonie douce et amère, avant de le fixer de ses perles bleutées qui trahissait la difficulté qu’elle avait à ne serait-ce que repenser à tout ça. Elle avait envie de lui hurler de se taire, de le supplier de lui mentir, juste ce soir, de lui dire qu’il était encore là, qu’il voulait encore d’elle … mais les mots restaient coincés dans sa gorge, au moins autant que les tentatives de la rassurer dont il usait. « Non, Lucy. Tu vas rien bousiller. On a des pizzas, on est tous les deux, on peut pas faire mieux. » elle avait soupiré, marmonnant à mi-voix un : « Comme scenario catastrophe tu veux dire? …C’est un peu notre fort, tout bousillé, non? » Leur relation entière était basée sur des emmerdes. Fidèle à elle-même, Lucy avait préféré tenter de l’amadouer en se permettant un rapprochement, en noyant ses questions sous des promesses, et dieu sait qu’elle se mettrait volontairement à quatre pattes si ça pouvait le faire taire. Malheureusement pour elle, il n’était pas aussi dupe… Ses paroles lui firent l’effet d’une claque, leur froideur, leur absence totale de colère, c’était pire que s’il avait hurlé. « J'en sais rien. Tu crois que tu peux arrêter de me cacher des trucs ? » elle s’était entièrement décalée.
À son bout du divan, elle avait refermé ses bras autour d’elle, foudroyée par une vague de culpabilité puissance dix. Ça et de la fureur. Les Wolfes ne sont pas reconnus pour leur douceur. Elle avait plissé le nez, d’un air un peu trop hautin qui trahissait le coup qu’il venait de porter, qui confirmait qu’il avait atteint son petit cœur en morceaux, puis elle l’avait foudroyé du regard. C’était immature, c’était stupide, et pourtant, comme un animal blessé, elle sortait les crocs à la moindre approche, préférant mordre la première. « J’en sais rien Jack. Tu devais peut-être commencer. Clairement, t’es un livre ouvert côté confession! » L’ironie dans sa voix était palpable. Il faut dire qu'en deux mois, elle savait ou il vivait, ce qu’il étudiait, et c’était à peu près ça. S’il avait des gens importants dans sa vie, s’il l’avait remplacé, elle préférait l’ignorer, au risque de les détester tous. C’était malsain, et pourtant, elle n’y pouvait rien. Il y avait une façon bien à lui de la retourner. À le voir s’agiter nerveusement, dans ses tics qu’elle ne connaissait que trop bien, elle avait perdu la face, une seconde, deux, alors que ce petit sourire attendri pointait au coin de ses lèvres. Elle n’avait jamais su lui en vouloir longtemps … Sans compter qu’il y avait quelque chose d’étrangement familier dans ses gestes.
Elle l’avait suivi des yeux alors qu’il se dirigeait vers la cuisine, n’avait raté aucun de ses mouvements alors qu’il ouvrait le frigo et que le tintement caractéristiques des bouteilles de bière la narguèrent, comme un vieux complice. Puis, vint cette proposition qu’il avait marmonnée sans entrain, avec une bribe d’amertume, comme pour la tester, comme pour la piéger, pour lui extirper une confidence de plus. « Tu veux une bière ? » la petite brune avait dégluti péniblement, usant d’à peu près tout son self-control pour ne pas se jeter sur le liquide, sur cette béquille qui aurait au moins le mérite de faire taire la voix dans son crane qui fredonnait en boucle qu’elle ne valait rien. Elle avait plutôt secoué la tête, dans un fort peu convaincant et faible : « Non. » Avant de s’attaquer à une autre pointe de pizza. Jack valait mieux que la loque qu’elle était, ça au moins, elle en avait conscience, mais ça ne lui enlevait pas cette envie pathologique de noyer ses neurones dans un liquide toxique. Elle soupira, tentant tant bien que mal d’apprécier le fromage plutôt que d’imaginer l’alcool lui brûler la gorge.
À le voir ouvrir la bouteille, elle déposa sa pointe de pizza, l’estomac en noeud, s’afférant nerveusement à tortiller ses doigts entre eux, comme pour contrer la nervosité qui la rendait fébrile, le manque qui était au moins aussi douloureux que la distance qu’il avait mis entre eux. Elle regrettait déjà cette étreinte, cette façon possessive qu’il avait toujours eu de la garder contre lui, cette manière maladroite de la garder pour lui seule qui arrivait presque à lui faire croire que quelqu’un sur cette terre merdique avait envie de l’avoir elle, qu’elle avait une quelconque valeur pour un être humain…. Pour lui. Parce qu’au fond d’elle, il n’y avait jamais eu qu’à ses yeux qu’elle voulait valoir quoi que ce soit. Et là aussi, elle avait merdé. Continuant son manège manuel nerveux, alliant fourmillement à cette lèvre inférieure qu’elle mordillait jusqu’à sentir le goût amer et ferreur de son propre sang, comme pour s’auto-infliger une punition pour sa stupidité, elle opta pour fixer le sol, sans un mot. De toute façon, sa gorge était nouée, et son cœur battait drôlement, douloureusement, comme si chaque centimètre entre eux suffisait à la briser d’avantage. « Ça fait deux mois que tu squatte ici et tu m'as toujours pas dit ce que t'as fait de tes 4 ans à New York. Ou qui c'était ce Philip. Si ça me regarde pas, dis-le clairement au moins, et promis je te laisserai tranquille. »
Elle avait soupiré, pourquoi il lui faisait ça! Elle avait mis quatre ans à espérer le retrouver, à l’imaginer partout, absolument partout, pour être incapable de franchir cette barrière invisible entre leur amitié et cet ‘’autre chose’’ qu’ils semblaient déterminés à éviter. « J’ai étudié en design. Tu le sais déjà ça. J’ai foutu ma vie, ma famille et mon amour propre en l’air. C’est ça que tu veux savoir ? » Elle haussé le ton, sous l’émotion, ses iris rivés sur lui alors qu’elle serrait les poings, comme si chaque mot lui coutait un énorme effort. Elle avait bien volontairement évité le sujet Philip, était-ce si étrange? C’était la première personne, après Jack, pour qui elle s’était imaginée avoir de la valeur, le premier mec qui semblait vraiment vouloir d’elle, au point de la forcer à se convaincre que c’était réciproque… la première personne à qui elle avait osé fait confiance après des années… et ça n’avait été qu’un mensonge de plus, le pire, certainement. « J'en ai juste plein le cul que tu rentres toujours torchée juste parce que c'est plus facile que de me parler de ce qui ne va pas. »
Lucy n’osa pas parler un instant, il avait fichument raison, elle savait. Raison pour laquelle elle n’osait l’affronter, ou même le regarder, ça lui semblait tellement puéril et injustifié, maintenant, d’espérait qu’il veuille encore d’elle. Elle était partie quatre ans, elle s’attendait à quoi? Il avait dû s’enfiler des filles – ou des mecs? Mieux qu’elle, plus stable, pas des déchets comme elle. Et cette simple idée lui donnait la nausée, elle savait bien que s’était malsain et égoïste, de ne pas vouloir le partager, cette idée la terrorisait déjà à l’époque… maintenant, ça rajoutait une couche à son pathétisme. Sauf qu’il avait raison, elle lui devait au moins ces vérités, aussi dégueulasses soient-elles. « Et Philip, comme ça t’intéresse tant – j’me demande pourquoi d’ailleurs, tu veux son numéro? – C’était un enculé ok. Un connard, un menteur et une erreur que je n’aurais jamais dû faire. » elle roula des yeux, toujours aussi hargneuse. « On est plus ensemble et tu sais quoi? J’men fiche. Ça devrait me blesser mais j’en ai rien à foutre. J’étais avec lui je…….. j’sais même pas pourquoi ok? » Les mots remontaient, comme de la biles, et elle était incapable de les arrêter. « … En fait non, raye ça, j’le sais. J’me suis mis avec lui ya 3 ans parce que je le savais bien que ça n’irait plus jamais bien que …. Que… » les larmes avaient commencés leur manège, bien malgré elle…. Elle n’ose pas finir, ou lui avouer que ça avait arrêté de bien aller au moment exact où elle l’avait laissé derrière. Et si elle était pour ne plus jamais avoir Jack, alors, elle pouvait bien se contenter de n’importe qui.
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:31
Elle avait réussi à lui arracher un sourire franc malgré le pessimisme de sa constatation. Il tourna la tête vers elle pour lui répondre, les yeux brillants d'une drôle de lueur.
« Eh, ouais. On est au moins très bon dans une chose : tout bousiller . »
Aussitôt dit, aussitôt fait. C'était juste après qu'il avait merdé, et que son regard chocolat s'était éteint.
« J’en sais rien Jack. Tu devais peut-être commencer. Clairement, t’es un livre ouvert côté confession! »
« Tu veux que je dise quoi d'intéressant ? Je fais rien, à part étudier, dormir et bosser. »
L'imbécile. Trop épris de sa Lucy pour comprendre là où elle voulait en venir. Les autres amants, y en avait eut. Il y avait eut cette pâtissière, ou ce type à l'appart. Cette étudiante de l'UCLA qui avait flashé sur le pianiste après un des concerts du cursus musical de son université, et les gens en soirée. Et tout ceux quand il avait été trop pété pour s'en souvenir. Il y en avait eut pas mal, trop pour un introverti encore transi de sa Lucy, le garcon en avait parfaitement conscience. Avait-il des remords pour autant ? Pas le moins du monde. Jamais il ne s'était autorisé à ressentir ce qu'il avait eut dans le coeur pour la petite brune envers quelqu'un d'autre. Peu importe le sexe, d'où ils pouvaient bien venir. Ça n'avait jamais été pareil, ils n'avait jamais été Lucy. Ils couchaient ouais, mais sans regarder un Disney tout en s'empiffrant juste avant ou après - voir les deux, le plus souvent. Alors il s'était levé, la mâchoire serrée.
« Non. »
Un léger sourire, impossible à contenir, lui grimpe aux lèvres pendant qu'il décapsule et entame sa bière. Jack n'est pas taillé pour le conflit, malgré la tension entre lui et la jeune femme, il ne put s'empêcher d'être heureux de cette réponse, et décida de se contenter d'une bière pour la soirée. Pour pas la torturer trop longtemps.
« J’ai étudié en design. Tu le sais déjà ça. J’ai foutu ma vie, ma famille et mon amour propre en l’air. C’est ça que tu veux savoir ?. »
Il retourna s'asseoir, en face d'elle pour essayer de mieux comprendre l'émotion complexe qui brisait sa voix. L'intonation, c'était simplement celle d'une Lucy vexée, mais l'émotion ? Non, il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus, et reprit avec un calme olympien bien que le prédateur en face de lui ne semble pas prompt à coopérer.
« Je veux rien savoir de particulier. T'as arrêté de me parler en fait, et c'est ça qui fait mal. Tu peux me parler de cravates ou de n'importe qui si tu veux. Je m'en fous, tant que tu me parles. »
Parfois, le garçon bégaye lorsqu'il sait que ses idées ne sont pas claires. Là, c'est sensiblement le cas, il trébuche maladroitement dans ses mots. Comme si d'une émotion ambiguë, découlait tout un tas de mots malformés. Gêné de ce tic de langage, il le remplaça aussitôt par de nouvelles torsions de pouces, qui semblaient influencer Lucy. Avait-elle déjà adopté les tics du coréen avant de partir, ou était-ce une conséquence de New-York, ou un réflexe d'imiter son colocataire ? Il poussa un léger soupir, suivi d'un silence de plomb.
« Et Philip, comme ça t’intéresse tant – j’me demande pourquoi d’ailleurs, tu veux son numéro? – C’était un enculé ok. Un connard, un menteur et une erreur que je n’aurais jamais dû faire. »
Le brun se mord l'intérieur de la joue pour ne pas lancer de réplique cinglante qu'il regretterait, mais surtout pour ne pas l'interrompre alors qu'elle lui parlait enfin sérieusement.
« On est plus ensemble et tu sais quoi? J’men fiche. Ça devrait me blesser mais j’en ai rien à foutre. J’étais avec lui je…….. j’sais même pas pourquoi ok?… En fait non, raye ça, j’le sais. J’me suis mis avec lui ya 3 ans parce que je le savais bien que ça n’irait plus jamais bien que …. Que… »
Jack était un homme simple. Tel événement entraînait telle réaction, point. L'honnêteté étonnante des mécanismes de son cerveau déconcertait à peu près tout le monde, sauf lui. C'était cette absence de filtre qui l'avait subtilement éloigné de toute forme de socialisation basique, avec des gens trop normaux pour lui, trop apeurés d'une franchise involontaire et aiguisée.
Voir quelqu'un pleurer, c'était l'un des signaux rouges clignotants dans sa pauvre petite tête embrumée. Quand il s'agissait de Lucy, c'était un phare des enfers qui s'allumait, geignant de toutes ses alarmes.
Jack était allé la prendre dans ses bras. Sans anticiper les potentielles insultes, les injonctions de s'éloigner ou tout ce qu'elle pourrait lui balancer à la gueule, il l'avait attirée contre son buste. Sans prendre en compte tout ce qu il avait pu lui dire pour en arriver là, mettant au passage sa responsabilité de côté, ils se retrouvaient desormais l'un contre l'autre dans un maladroit câlin d'urgence. La tête brune de la britannique trouva aussitôt sa place dans le creux de son cou diaphane pendant qu'il entreprenait de lui caresser le dos d'une main, et de la serrer davantage contre lui de son autre bras.
« Ça va aller Lucy, je suis là. » qu'il lui chuchote à l'oreille, par dessus le bruit du film.
Alors que non, il n'allait pas bien du tout. Si elle n'était pas proche au point de sentir sa respiration, Jack aurait probablement laissé percer les sanglots qui lui venaient désormais. Comme d'habitude, il décida de garder pour lui sa tristesse, de se concentrer sur la jeune femme dans ses bras.
« Excuse-moi. J'aurais pas du m'énerver. »
Sa voix est calme, posée malgré la panique bourdonnante qui l'envahit. Par dessus tout, son timbre est sincère, presque ronronnant. Il laisse le silence remplir l'atmosphère quelques instants, avant de se confier à son tour.
« Je t'ai pas remplacée, si c'est ça que tu veux savoir. Et, uh... y a un seul truc vraiment important. »
Le coréen s'accorde quelques secondes de répit. Un léger grognement indécis rompt le silence de nouveau bien installé. Il relâche un peu la pression de son bras pour mieux se redresser. Il avait voulu lui en parler dès son arrivée, lui raconter son épopée entre un nombre incalculable d'appartements différents, au point d'en oublier la sensation que ça fait de rentrer chez soi. Cet appartement était différent, et il en était aussi fier qu'on pouvait l'être d'un trois pièces. Mais pour aborder cet accomplissement, il fallait passer par deux sujets sensibles : sa sexualité, dont il avait déjà parlé à Lucy avant qu'elle ne parte, et son éviction de chez ses parents. Or, ce dernier point avait jusqu'ici été passé sous silence.
Mais le garçon voulait remonter le moral de Lucy. Se faire pardonner. Alors il prit tout le courage qu'il lui restait, ainsi qu'une grande inspiration.
« Quelques semaines après que ma mère soit décédée, j'ai .. ramené, on va dire, un mec à l'appart. Mon père nous a surpris, il a compris et il m'a foutu à la porte. J'en ai pas entendu parler depuis. »
Il garde pour lui le temps qu'il a passé à la rue, ou même le fait qu'il ait été sans-domicile, ainsi que le cancer de sa mère. Le dernier message qu'il avait envoyé à la new yorkaise, peu après son depart, était l'annonce du décès de Mme Won. Lucy était bien assez intelligente pour tout comprendre sans qu'il ait besoin de prononcer plus de mots douloureux que nécessaire. Il reprit aussitôt la parole. D'habitude si silencieux, son monologue n'avait qu'un seul but : la réconforter.
« Et j'ai complètement arrêté la beuh. Depuis quoi... un an, peut-être ? J'arrivais pas à bosser sans, au début. Maintenant ça va, mais j'ai des courbatures tout le temps. »
Il aurait put lui réciter le Lorem Ipsum de tête à la place de ses conneries d'ado, que ça aurait tout de même marché. Le but, c'était simplement de lui parler. Que le son de sa voix suave la sorte de sa torpeur, qu'elle s'y accroche comme à une bouée. Jamais il ne l'aurait laissée se noyer dans ses propres larmes, surtout quand elles coulaient à cause de lui. Putain, ce qu'il pouvait s'en vouloir. Maintenant, il lui fallait un équivalent de calumet de la paix. Il lâche sa taille pour rapidement déposer ses paumes de chaque côté du visage poupon enseveli dans son tshirt. Avec toute la douceur que son anxiété lui autorisait, il relève la tête de Lucy vers la sienne, la détaille quelques instants, puis la rapproche juste assez longtemps pour déposer un léger baiser sur son front avant de l'éloigner à nouveau. Il essayait tant bien que mal de la rassurer du regard, d'essuyer ses larmes de son pouce endolori, mais il savait que ce qui marcherait le mieux serait toujours sa voix de bariton.
« Si tu veux en reparler un autre jour, je comprendrai. »
Un léger sourire étira ses lèvres.
« Jabba, sois honnête. Tu m'en veux à combien, sur une échelle de 1 à 10 ? »
Un trait d'humour probablement mal venu, mais dont il ne démord pas. Il lui changerait ses idées moroses en bons souvenirs, coûte que coûte.
« Si t'as fini avec ta pizza, j'ai des desserts pour me faire pardonner, et de la Ben&Jerry's au frigo. Celle avec des cookies dedans. »
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:32
Admin
Messages : 58
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
« Tu veux que je dise quoi d'intéressant ? Je fais rien, à part étudier, dormir et bosser. » Elle avait roulé des yeux, soupiré, comme la dernière des connes et marmonné un : « Laisses tomber. Je m’en fiche. » en s’adossant au canapé, le plus loin possible de lui. À l’écouter lui parler de banalités, comme son sommeil et ses boulots minables, elle avait croisé les bras, dans une attitude clairement fermée. Il le savait pourtant, que ce n’était pas le genre de détail qui l’intéressait, elle s’en foutait bien qu’il dorme, ce qui l’intéressait, c’était avec qui? … Elle savait bien qu’elle avait perdu tout droit d’exiger l’exclusivité pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de se sentir drôlement possessive du bridé, sans oser se l‘avouer. Le déni, une grande force. Elle agissait par instinct, par protection, comme si le briser en premier allait l’aider à garder la tête haute, à dissimuler le mal qu’une simple confession pouvait faire. Une vraie gamine, une retardée sentimentale, et pourtant, cette jalousie malsaine, irrépressible, la prenait aux tripes à la simple évocation d’une vie, d’un 4 ans où elle avait été un spectre, une absente, de cette période de néant où il avait existé sans elle… s’en était-il trouvé mieux? Cette idée la pétrifiait sans qu’elle n’ose la verbaliser. Parce que toute seule, elle s’était sentie incomplète, comme si on lui avait arraché un membre, pire encore, elle n’avait pas eu envie d’aller mieux, cette douleur pesante était tout ce qui lui restait de lui. Ses lèvres s’étaient pincées, parler, c’était risquer de savoir, risquer de se faire confirmer qu’il avait trouvé mieux… Elle préférait la délicieuse ignorance.
En silence, elle l’avait suivi des yeux alors qu’il errait à la cuisine, ramassant une bière, puis revenait vers elle, pour lui arracher des confessions, des vérités. Elle n’aimait pas parler de NYC, de cet échec cuisant qu’elle y avait trouvé, de sa famille en miette, comme tout le reste, elle préférait ne pas y penser. Ses iris bleutés s’étaient rivés sur sa bière, ô douce béquille qu’elle avait refusé, rejeté, ça l’aurait pourtant aidé… Mais une petite partie d’elle voulait être meilleure, sans y parvenir, plus forte, plus noble, et elle commencerait par parler sobrement à Jack, il le méritait… Sobrement oui, avec douceur? Ça n’avait jamais été sa force, la tendresse, encore moins quand il la pressait de questions nerveuses, questions qu’elle aurait préféré ne pas affronter. « Je veux rien savoir de particulier. T'as arrêté de me parler en fait, et c'est ça qui fait mal. Tu peux me parler de cravates ou de n'importe qui si tu veux. Je m'en fous, tant que tu me parles. » Arrêter de lui parler? Elle? Ses lèvres s’étaient pincées en une ligne sévère avant qu’elle n’explose, littéralement. « J’ai arrêté de te parler? Moi? C’est toi qui a disparu! Qui m’a laissée toute seule, qui a même pas cherché à me contacter! Fais pas la putin de victime! » Ok, elle avait entamé les premiers mois de silence, le déménagement, mais quand elle avait repris sa vie en main, quand elle était retombée sur ses pieds, il était injoignable. Un peu après le décès de sa mère à lui, en fait.
Lucy avait l’amère souvenir de tenter de joindre Jack au numéro familial, d’avoir ce besoin incurable d’entendre sa voix, d’imaginer ses lèvres se retrousser dans un sourire à l’entente d’une connerie, d’une histoire, d’avoir eu envie de lui parler à cette époque, tout le temps… et de l’avoir perdu pour de bon. Ces appels tombaient toujours sur son père à lui, qui bredouillait un truc genre « il est pas là » puis, après des semaines un « arrête d’appeler » et enfin, des menaces. Elle n’avait pas compris, elle ne savait pas, et plutôt que de se demander s’il allait bien, elle s’était convaincu qu’il ne voulait plus lui parler, qu’il ne lui pardonnait pas. Encore aujourd’hui, elle revivait comme un raz-de-marée, l’intensité de sa détresse à la réalisation qu’il n’était plus là. Qu’il ne le serait plus jamais. Son autodestruction avait débuté à cet instant précis. Elle aurait pu lui demander calmement, s’expliquer… Encore une fois, pas sa force. « Je laissé des dizaine de messages chez tes parents, t’en a jamais retourné un Jack. PAS UN SEUL. Et Les lettres hein? Bordel je t’ai écrit pendant des mois! »
… Encore une tentative infructueuse. Comment pouvait-elle savoir qu’il était à la rue? Comment aurait-elle pu deviner? Ses iris accusateurs s’étaient accrochés aux siens, elle avait envie de le frapper, de hurler, de le secouer pour qu’il lui dise une bonne fois pour toute quelle raison de merde il avait eu pour lui arracher aussi cruellement la seule chose à laquelle elle tenait : lui. Pourtant, loin de se calmer, elle s’était afférée à répondre à ses questions, sans tendresse, agressive. Avec l’amertume de la bile et la constance d’une inondation, les mots franchissaient ses lèvres, des vérités crus, agressives, comme si elle lui en voulait de la forcer à les dire, comme si ça les rendait plus réelles. Lorsqu’elle eut enfin fini, haletante, les larmes aux yeux, les poings serrés, elle le fusilla du regard. Elle n’avait jamais aimé le silence, ni de le voir aussi choqué, nerveux, terrorisé devant l’immensité des émotions qu’elle peinait à contrôler. Il cachait trop bien les siennes, et elle… c’était visible de la lune. Son petit corps tremblant demeura un instant crispé en sentant les bras de son vis-à-vis se nouer autour d’elle, l’envelopper, puis, finalement, alors que ses mains se posèrent sur son torse, s’agrippèrent à son T-Shirt, le minois enfouis dans son cou se fit plus humide des larmes qui coulaient abondamment sur ses joues. « Ça va aller Lucy, je suis là » sa tentative de la calmer fut accueillie par une autre quinte de larmes, et des mains plus désespérée qui se cramponnaient à lui comme s’il était sa seule bouée.
Elle avait besoin de Jack comme d’oxygène, et elle se trouvait d’autant plus pathétique que cette proximité suffise à calmer ses démons et à faire battre frénétiquement sa pompe à sang. Son étreinte, son odeur, juste lui, c’était la plus puissante des drogues et un véritable baume sur ses plaies pourtant vives. Pas un mot ne franchit ses lèvres, sa gorge trop nouée par l’émotion, pourtant, elle s’était permis de le serrer d’avantage, comme pour le contraindre à ne jamais la lâcher, jamais. « Excuse-moi. J'aurais pas du m'énerver. » sa voix avait le don de la calmer, de l’apaiser, si bien que lorsqu’elle eut enfin cessé de trembler, elle avait fermé les yeux, sans un mot, se contentant d’écouter tout ce qu’il voudrait bien lui dire, preneuse de la moindre parole, du moindre bégaillement. « Je t'ai pas remplacée, si c'est ça que tu veux savoir. Et, uh... y a un seul truc vraiment important. » Elle avait souri, faiblement, trop émue par sa confidence qu’elle espérait sincère pour parler. Pratiquement assise sur lui – c’était le niveau de distance inexistant entre eux, elle avait relevé ses iris bleutés vers lui, pour bien l’écouter, parce que c’était un truc vraiment important, parait-il. « Quelques semaines après que ma mère soit décédée, j'ai .. ramené, on va dire, un mec à l'appart. Mon père nous a surpris, il a compris et il m'a foutu à la porte. J'en ai pas entendu parler depuis. » Lucy avait d’abord figé, ses lèvres pincés, mi-boudeuse. « Ah. » Elle avait plissé son joli petit nez fin sans oser le regarder, la simple idée de l’imaginer avec quelqu’un d’autre, homme ou femme, lui était insupportable. Elle aurait voulu graver ses initiales dans sa chaire, y brûler son nom pour qu’il n’y ait plus personne d’autre autorisé à s’en approcher. Mais comme une idiote, elle continuait à sangloter, les émotions à fleur de peau. « Et j'ai complètement arrêté la beuh. Depuis quoi... un an, peut-être ? J'arrivais pas à bosser sans, au début. Maintenant ça va, mais j'ai des courbatures tout le temps. »
C’était son Jack, le sien, et la petite main possessive qui se serrait sur son T-Shirt voulait tout dire, distraitement, elle l’avait reposé sur son torse, avant de percuter dans un comique et presque ridicule : « …. Attends. Minute. Woaaah. Quoi? » Lucy devait être blonde, quelque part, vu son temps de réaction! Alterne, elle s’était appuyée sur lui, bouillante de question soudainement. « À la porte? Ton connard de père? » Ouai, il était devenu un connard, on ne blessait pas Jack. Des questions fourmillaient dans son esprit, sauf qu’elle voyait bien à la mine de son ami qu’il n’avait 1) pas envie d’épiloguer, et 2) que ça bousillerait leur souper. Elle avait soupiré, encore un peu secouée de ses propres tourments, le cœur encore un peu trop fragile de l’imaginer avec un autre. Lucy l’avait dévisagé, plus ou moins calme : elle n’avait jamais pu lui en vouloir longtemps. « Si tu veux en reparler un autre jour, je comprendrai ». Timidement, elle avait hoché la tête, ses emmerdes existentielles, sa famille en morceaux, leur amitié perdue et pire encore, son addiction, ça pouvait attendre, pas leur soir de fête quoi… Elle était reconnaissante pour la diversion, pour le choix de repousser cette discussion désagréable. « Jabba, sois honnête. Tu m'en veux à combien, sur une échelle de 1 à 10 ? » un petit sourire vint étirer ses lèvres avant qu’elle ne rétorque, d’un ton faussement boudeur. « 15. » Peut-être 90 pour le mec qu’il avait laissé le toucher. Peut-être 300, pour l’avoir laissé si seule qu’elle avait laissé Philip la toucher. Ses doigts s’étaient pressés sur son torse, avant une arrière-pensée plus qu’évidente, avant cette envie irrépressible d’y planter son drapeau, de réclamer ce territoire. « Si t'as fini avec ta pizza, j'ai des desserts pour me faire pardonner, et de la Ben&Jerry's au frigo. Celle avec des cookies dedans. » ses doigts s’étaient pressés à nouveau, et elle l’avait regardé de ces iris clairs étrangement brûlants. « Chut. »
Peut-être qu’éviter une conversation sérieuse avec une tactique pareille était puérile, peut-être que s’était sur joué, mais là, maintenant, elle crevait d’envie que cette zone ambigüe, grise dans leur amitié reprenne toute sa place. « Jack... » son nom sonnait comme une prière, une vénération. C’était son Jack, le sien, et franchement, elle se demandant quel tourments il pourrait chasser avec un contact prolongé, si une étreinte avait suffi à l’apaiser pour un moment. « NYC, c’était les pires 4 ans de ma vie, et j’y pense, tout le temps, et ça me rend misérable, à chaque maudite seconde, j’ai l’impression de sentir sans arrêt ses mains sur moi, comme pour me narguer d’avoir été assez conne pour lui faire confiance, assez désespérée pour m’en contenter… sauf quand t’es là. » Elle s’était approchée de lui, le piégeant entre le dossier du divan et son petit corps frêle. Son souffle était rauque, et sans demander la permission – c’était sa possession de toute façon, Lucy avait laissé ses lèvres frôler celle de sa pauvre victime, soupirant tout contre lui. « Fais-moi oublier. » Elle était grimpée plus certainement sur lui, petit furie, petite démone trop habitée à obtenir ses moindres caprices de sa part. « … Je veux penser qu’à toi... » puis, pour bien l’achever. « Mon Jack. » … Ou comment remettre le flou dans une amitié jamais clairement amicale 101.
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:33
Lucy aurait put lui arracher le coeur et le jeter par la fenêtre qu'il aurait certainement eut moins mal. Jack retient une grimace, le moment aurait été parfait pour fuir, empoigner son manteau et se casser je ne sais où pour le reste de la nuit. Rien de tout ça, il s'était levé pour aller chercher une bière. Trop sonné pour réfléchir, pour réaliser la torture qu'il pourrait infliger à l'alcoolique anonyme. Ce qu'elle lui crachait ensuite au visage, il ne l'entendait qu'en sourdine. Ses aboiements, il avait fini par s'y faire. Il détestait le raisonnement derrière cette méthode, tout en admirant le répondant qu'il n'avait jamais eut. Ses réponses à lui étaient maladroites, sauvées in extremis par la justesse de ses mots ou la logique approximative qui s'y cachait. Il lui manquait juste ce panache qu'avait Lucy, et peut-être qu'ils auraient pu débattre équitablement.
« J’ai arrêté de te parler? Moi? C’est toi qui a disparu! Qui m’a laissée toute seule, qui a même pas cherché à me contacter! Fais pas la putin de victime! »
Il serre la mâchoire. L'ignorance de Lucy lui fait du mal, en refusant de la voir souffrir, de l'inquiéter sur sa situation de sans-abri de cette époque révolue, il attisait sa colère actuelle. Un retour de karma qui aurait du lui sembler évident quatre ans auparavant.
« J'ai laissé des dizaine de messages chez tes parents, t’en a jamais retourné un Jack. PAS UN SEUL. Et Les lettres hein? Bordel je t’ai écrit pendant des mois! »
De ça, il est coupable. Trouver quelques cents pour utiliser l'une des dernières cabines téléphoniques de LA et appeller Lucy n'aurait pas été impossible, il y avait pensé. Mais comment expliquer le curieux numéro qui s'afficherait sur le portable de la demoiselle ? Et comment retrouver ces lettres dont elle parlait ? L'idée de ne jamais mettre la main dessus lui fit assez mal pour qu'il tente de la noyer avec une gorgée de bière.
« …. Attends. Minute. Woaaah. Quoi? À la porte? Ton connard de père? »
De nouveau, il boit. Un signe de tête suffit pour qu'elle comprenne que le sujet est fâcheux, probablement trop pour une soirée déjà bien foutue en l'air.
« 15. »
« Uh. J'aurais cru plus que ça. »
Il tente alors un sujet plus léger, mais se fait immédiatement interrompre.
« Chut. »
Une moue faussement vexée au visage, il finit par reprendre son visage le plus sérieux en comprenant qu'elle se confesse à lui.
« Jack... NYC, c’était les pires 4 ans de ma vie, et j’y pense, tout le temps, et ça me rend misérable, à chaque maudite seconde, j’ai l’impression de sentir sans arrêt ses mains sur moi, comme pour me narguer d’avoir été assez conne pour lui faire confiance, assez désespérée pour m’en contenter… sauf quand t’es là.. »
Trop occupé à l'écouter attentivement, son attention fixée sur ses yeux bleus pour mieux la comprendre, Jack ne l'avait pas vue se rapprocher. Ou l'avait inconsciemment ignoré, au choix. Ses yeux grand écarquillés, il pourrait presque prendre cet aveu comme un compliment, et dans sa poitrine, ça fourmille bizarrement.
« Je ... »
"Ne comprend pas." Loin d'être doué avec les sciences humaines et sociales, et un peu long à la détente, c'est la panne totale dans sa pauvre tête, qui ne fait rien d'autre que de tambouriner à l'arrière de son crâne.
Dans une anticipation digne d'une lueur de génie, il pose sa bière sur l'accoudoir le plus proche, avant d'être trop emprisonné pour pouvoir bouger. C'est quand son dos se pose contre le dossier qu'il semble enfin prendre conscience du projet de Lucy. Il s'enfonce dans le canapé comme s'il pouvait disparaître à l'intérieur, s'enfuir très loin.
« Fais-moi oublier. »
« Qu'est-ce que tu- »
Elle l'interrompt en se rapprochant encore un peu. Beaucoup trop. Jack et son cerveau semblent vouloir partir dans deux directions radicalement différentes. Ses yeux vacillent, il panique intérieurement tandis que ses mains vides, posées sur son ventre, continuent de se tordre l'une dans l'autre.
« Non non nononon- » se plaint-il d'une toute petite voix. Rien n'y fait, il est sa chose, et de toute façon, l'un ou l'autre aurait fini par céder à la tentation irrésistible de tout foutre en l'air.
« … Je veux penser qu’à toi... »
« C'est pas une bonne idée Lucy. » Cette fois c'est lui qui la coupe, l'irlandaise n'en fait pourtant qu'à sa tête, leurs lèvres se frôlant toujours un peu plus au rythme de ses mots. Le garçon lutte, ses yeux se perdent sur le joli minois qui se joue de lui. Le nombre de fois où il avait eut envie de lui sauter dessus, le nombre de pensées déplacées qu'il avait du refouler depuis qu'elle vivait chez lui, pour au final se dégonfler quand l'occasion parfaite de retomber en adolescence se présentait. Il préférait se faire gueuler dessus que de se retrouver à nouveau dans cet entre-deux ambigu.
« Mon Jack. »
L'intéressé pousse un soupir douloureux qui lui brûle les poumons. C'est trop pour lui, il cède à la mauvaise idée de Lucy sans plus de résistance. Il n'était que son Jack, après tout.
D'une main tordue habillement glissée à la naissance du cou de son amie, Jack l'attire à lui pour le grand plongeon. La rencontre de leurs lèvres, cette sensation qu'il avait lutté corps et âme pour oublier, elles étaient là alors que lui, il l'embrassait comme si c'était la première fois ou la toute dernière. Il l'embrasse, parce qu'il en a encore besoin, après tout ce temps, cette absence. Que ce goût, qu'il redécouvre, lui apparaît désormais comme une nécessité qu'il avait reniée trop longtemps. Un besoin de chaleur, pour lui qui a tout le temps froid, lui qui s'est imposé une amère solitude. Le garçon sent leurs souffles se mélanger, ses mains se perdre quelque part sur le sweat des Daft dans une caresse hectique pendant qu'un seul mouvement suffit à les animer tout les deux. Lucy lui avait manqué oui, mais pas celle-là. Pas cette inconnue qui trichait pour obtenir ce qu'elle voulait, pas celle qui jouait d'une enveloppe charnelle pour arriver à ses fins. Il réalise sa connerie, le Jack, sans encore en imaginer les conséquences.
Ses bras se referment maintenant sur la taille de sa colocataire pour l'empêcher de s'enfuir, s'empêcher de balader les mains sur un corps qui lui semblait déjà offert. Il se déteste, elle vaut mieux que ça, qu'une embrassade maladroite extorquée à un faible comme lui. Il sait qu'à n'importe quel instant, il peut atteindre ce point de non retour, perdre toute la maîtrise qu'il lui restait sur ce désir qui le rongeait depuis qu'il l'avait trouvée, bourrée & perdue au beau milieu d'un mois de Janvier. Il sait qu'il a perdu d'avance leur petit jeu malsain, alors qu'il ne fait que commencer. Cherche t'il seulement à gagner ? Ce baiser semble durer une éternité, et quand il se voit obligé de se reculer pour reprendre sa respiration, le retour à la réalité le frappe comme une bourrasque de vent : il fait vraiment froid dans ce putain d'appartement.
« C'est pas une bonne idée- » qu'il répète maintenant frénétiquement, plus pour se convaincre lui-même que la brune à cheval sur ses cuisses. Et pourtant il replonge la tête la première dans le piège que lui tendait Lucy. Il se consumait sous son toucher, contre sa bouche. Tôt ou tard, ce qu'il y avait entre eux deux se consumerait aussi. C'était la dernière chose que les jeunes adultes voulaient, l'un comme l'autre. Pourtant ils s'embrasaient comme si leur vie en dépendait, comme si l'un d'entre eux pouvait gagner ce jeu de séduction sans pour autant que l'autre ne perde. Jack s'amuse, joue avec les lèvres de sa Lucy pour finalement mordiller celle du bas avant de se retrouver à nouveau à bout de souffle. Étrangement, c'est quand il s'échappe de l'emprise de Lucy que sa respiration s'arrête. Ne pouvant résoudre à l'abandonner si rapidement, le coréen entreprend de parcourir sa mâchoire, le creux entre son épaule et son cou, ainsi que ce dernier, d'une vague de baisers légers comme des fourmis le long de sa peau.
C'est arrivé à son lobe d'oreille qu'il s'arrête finalement, la joue posée contre le visage rosée de Lucy. La réalisation tombée de nulle part de sa connerie, d'être retombé si facilement dans le panneau avait suffit pour le faire soupirer longuement, et à la relâcher pour mieux s'enfoncer dans le canapé. Tout groggy, en plein spleen, Jack sait qu'elle va le haïr. Qu'elle n'est pas habituée à un refus sec comme celui-ci - et qu'il en est en partie responsable, mais il n'a pas le choix. D'une voix douce, il brise le silence pesant.
« Lucy, on a raté presque tout le film et on a pas fini de manger. »
Il attrape sa bière, abandonnée sur l'accoudoir, pour en boire une gorgée avant de s'étouffer avec ses excuses bidons. La boisson lui permet de creuser un peu plus de fossé de distance entre eux : elle se tient désormais à une distance de 10 respectables centimètres de lui. Toujours assise sur son coloc, certes, mais un peu plus loin. Assez pour qu'il respire désormais sans trop de peine.
S'ils s'étaient plus parlé, ou s'ils avaient ne serait-ce qu'un peu communiqué en profondeur, Lucy n'aurait eut aucun mal à voir que son ami avait changé. Après la disparition de sa mère, ses petits défauts s'étaient vite transformés en véritables handicaps : lui qui avait toujours été timide, son introversion atteignait désormais des sommets, au point de s'auto-persuader que plus personne ne voudrait de lui et que ça ne servait plus à rien d'essayer. S'il avait été quelqu'un d'autre que lui-même, jamais Jack n'aurait voulu de ce Jack. Son accent, son zozotement et un bégaiement qui datait de l'enfance étaient quant à eux tous revenus au galop à l'instant T où, en pyjama devant la porte de son ex-appart - celui de son ex-père, il avait comprit que la vie s'annonçait compliquée. Voudrait-elle encore de lui, le jour où elle prendrait conscience du déchet qu'il était devenu ? Bien sûr que non, alors à quoi bon la mener en bateau plus longtemps ?
Il relève les yeux vers Lucy, le regard un peu perdu et franchement désolé.
« Tu veux ton cadeau ? Je vais aller te le chercher. »
Il se sent lâche, mais c'est juste impossible pour lui de reprendre là où leur relation s'était arrêtée quatre ans plus tôt. Il est trop abîmé pour s'écorcher encore plus.
Impossible de laisser Lucy poser à nouveau sa marque sur lui, ou de sentir sa morsure sans se débattre un minimum. Jack ne sait pas vraiment ce qui lui fait peur. L'engagement ou l'absence d'engagement, de ne pas pouvoir retrouver les sensations de leurs souvenirs, ou encore le bonheur auquel ils risquaient de s'exposer totalement désarmés. Ça le prend au ventre, sans qu'il puisse en expliquer la raison, le fondement, et il sait que ça ne passera jamais comme excuse aux yeux de Wolfe. Il ne veut pas lui faire de mal, et pourtant.
Le pianiste se sentait comme un oiseau en cage. Seul, il ne pouvait se résoudre à enfermer à son tour derrière de jolis petits barreaux de fer la gamine en face de lui. Ses peurs d'adolescent ne s'étaient toujours évaporées et, plutôt que de lui laisser l'occasion de le faire en premier, Jack s'était envolé. Loin, pas plus loin qu'en dehors de ses bras. Juste assez loin. Il avait lutté pour s'en extirper, autant contre l'emprise de la brune que de celle de ses propres sentiments. Désormais assis à l'autre bout du canapé, il avait eut un mal fou à se lever, le regard qu'il sentait à travers son dos le clouant sur place.
Aussitôt redressé, aussitôt disparu puis réapparu avec le paquet jaune criard sous le bras. Alors, il avait débarrassé les boites à pizza abandonnées, se saisissant au passage d'une part de quatre fromages qu'il estimait mériter, puis s'était de nouveau installé au coin opposé du clic-clac accompagné de quelques desserts. D'un geste pacifique, il avait tendu son cadeau à Lucy, comme s'il pouvait effacer sa précédente fuite, ainsi que le conflit qui allait le hanter toute la nuit, voir plus. Il tente alors un sourire.
« Bon anniversaire, Jabba. »
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:34
Admin
Messages : 58
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Elle l’avait laissé seul. Pas où pouvait-elle-même commencer à recoller ces pots cassés-là?! Était-ce même récupérable? La panique grimpait en elle comme un poison, pétrifiant jusqu’à ses neurones, la plongeant dans cette vieille habitude de fuir, fuir aussi loin que possible et espérer que la tempête passe. Elle avait toujours été lâche… Parce que de relancer le sujet, de lui poser de questions dont elle redoutait les réponses, de confesser que ces quatre années avaient été un calvaire, un supplice, c’était au-dessus de ses forces. La révélation, cette bribe d’information lancée trop tard lui avait fait l’effet d’une bombe, comme si les pas maladroits qu’elle prenait depuis leurs retrouvailles n’avaient menés à rien, car fidèle à elle-même, il ne lui avait fallu qu’une soirée pour tout bousiller. C’était un peu son truc, tout foutre en l’air, réduire en cendre jusqu’à la plus petite parcelle de faiblesse, d’attachement. Comme si, inconsciemment, elle s’était convaincu de ne mériter aucune affection, aucune aide, elle n’avait jamais eu un grand estime d’elle-même. Elle se complaisait dans son malheur, seule, et s’en enveloppait comme d’une cape, pour ne laisser personne l’approcher trop. Pourtant, cette fois-ci, son cœur ne se serait-il pas trop douloureusement pour une simple bévue? Pourquoi est-ce que devant Jack, prendre ses affaires, partir sans un regard, lui semblait encore pire que d’affronter la musique de ses propres erreurs? Elle n’en savait trop rien. Ou plutôt, elle ne voulait pas savoir,
Dès sa plus tendre enfance, on l’avait enrôlé dans un jeu de cachoteries, dans une lutte de pouvoir, et dans une suite interminable de masques et de mensonges dont l’unique but était de ne laisser personne au monde découvrir que vous êtes vulnérables, deviner que cette carapace pourtant si imposante est aisément destructible. Refouler aussi profondément que possible toute bribe de sentiment, tout début de faiblesse, au point d’en arriver à vous croire incapable du moindre attachement. Lucy excellait à ce sport-là, peut-être même un peu trop, au point où sa pauvre pompe à sang était plongée dans la confusion la plus totale lorsque le coréen était visé, elle ne saisissait pas quel étrange démons il éveillait en elle, cette jalousie, cette possessivité malsaine, incontrôlable, ce besoin de l’avoir pour elle seule, de l’entendre lui prouver, encore et encore, qu’il lui appartenait. Plutôt que d’analyser trop longuement cette attirance, ce besoin quasi-vital d’être avec lui, elle avait rejeté le tout sur ses hormones, sur une addiction purement physique, et ce soir-là ne faisait pas exception. En couarde qu’elle était, elle avait préféré bannir toute trace de discussion sérieuse en se hissant sur son colocataire, ses doigts trouvant rapidement appuis sur son torse. « Qu’est-ce que tu- … Non non nononon- » un sourire attendri avait étiré ses lèvres alors qu’elle le dévorait de ses yeux bleus, comme un prédateur, il était si mignon, lorsqu’il perdait le nord. N’écoutant pas un mot de son plaidoyer – qui donc aimait la sagesse, elle avait provoqué son refus par son souffle sur ses lèvres. « C’est pas une bonne idée Lucy. »
… Et depuis quand avait-elle des bonnes idées hein? N’empêche que son quasi-refus avait presque atteint le peu d’assurance qui lui restait, si lui, plus que tout autre la repoussait, qui donc voudrait d’elle? Autant elle aurait aimé protester, ou peut-être même se dégager avant d’être réellement repoussée, elle fut prise à son propre jeu lorsqu’il franchit ce dernier pas et posa ses lèvres sans équivoque sur les siennes, bousillant d’emblée le semblant de relation définie qu’ils avaient maintenu au cours des derniers mois, enflammant son petit corps en un mouvement. Ce simple contact lui fit l’effet d’une décharge électrique, une onde de choc si puissante que son esprit se vide de toute angoisse…. De tout. Elle était à peu près certaine d’avoir oublié comment respirer, si bien qu’elle se demandait même si elle allait y survivre. Son maudit battant se débattait dans son poitrail au point où elle en avait la tête qui tournait, le bourdonnement de ses sentiments plus présent que jamais, comme un cantique. C’était donc ça, cette chose qui lui avait manqué, qu’elle n’avait jamais vraiment pu identifier tout en passant chaque moment éveillé à l’attendre, c’était lui. Que ça soit une bêtise, une idée de merde, là, maintenant elle s’en fichait, plus encore en sentant ses doigts glisser sur sa nuque, la faire frémir, elle voulait retrouver cette époque plus simple, ces moments heureux… cette partie de sa vie où elle arrivait encore à se regarder dans un miroir.
Les mains pressées sur son torse, agrippées à son pull alors qu’elle se nichait tout contre lui, Lucy lui rendait son baiser avec une aisance qui avait de quoi la troubler. Ça n’avait jamais été comme ça avec Philip, ça n’avait jamais été comme ça avec personne, ni avant, ni depuis, elle se l’était interdit. Jack… c’était Jack. Cette réalisation lui glaçait le sang, rendant plus urgent ce besoin de se l’approprier, de ne surtout pas le laisser filer, elle voulait le marquer au fer rouge et ne laisser personne l’approcher, jamais. Elle se perdait dans ce baiser comme s’il eut été le tout premier, avec milles précautions, comme si la moindre avancée risquait de le troubler, de blesser. Et refusant pourtant d’y mettre fin la première. Sentant une pression sur sa taille, elle se permis un sourire victorieux contre ses lèvres, redoublant l’intensité de l’échange, en bonne joueuse qu’elle était. Jack avait toujours eu ce goût unique, addictif, si bien qu’il ne lui fallut qu’une seconde pour s’abandonner totalement à cette bêtise, pour nicher son corps contre le sien et pour lui rendre fiévreusement son baiser. Elle aurait voulu qu’il n’arrête jamais, qu’il ne laisse dans sa tête que ce besoin omniprésent de ne laisser aucune distance entre eux, de se perdre dans son odeur, dans son étreinte. Ses doigts « C’est pas une bonne idée. » cette fois, elle lui avait souri doucement, tendrement, narguant son menton d’un baiser en soufflant mi-amusée, mi en pleine brume mentale. « Au contraire, c’est la meilleure idée… tu m’as manqué. » Oh cette voix pleine de ronrons, cette façon fourbe qu’elle eut de replonger dans le baiser…
C’était à se demander si l’un de ces deux abrutis avait la moindre once de jugement! C’était risqué, stupide, c’était foutre le feu dans la seule chose qui lui restait et pourtant, elle fut bien incapable de cesser ce besoin toujours plus pressant de sentir ses lèvres sur les siennes, ses mains sur sa peau, si bien qu’elle avait laissé un soupire un peu trop traitre lui échapper alors qu’il narguait sa gorge de baisers. Son emprise sur lui s’était resserrée, elle s’était même permis de fermer les yeux, se laissant bercer par ces contacts qui lui avaient tellement… mais tellement manqué. Doucement ses mains étaient descendues sur ses bras, en une longue caresse, comme pour l’encourager à ne pas arrêter, comme pour s’assurer qu’il était encore là… Sauf qu’il n’y était plus. La faible distance qu’il avait mise entre eux lui fit l’effet d’un coup de poignard et les iris bleutés qu’elle darda sur son visage brillaient d’incompréhension, une seconde, deux, puis d’une vive douleur qu’elle préféra masquer en baissant la tête. Ça faisait un mal de chien, plus que n’importe qui, se faire rejeter par lui était un véritable affront. Une vague de panique s’empara de la petite brune qui, en l’entendant protester, le fusilla du regard où perlaient déjà un début de larmes. « Lucy on a raté presque tout le film et on a pas fini de manger. » … « Ok. » passant un poing devant ses yeux pour retenir le flots, elle s’était éloignée, observant en silence sa bouteille de bière sans oser tendre la main pour la prendre. Elle était presque ravie de le voir s’éloigner. « Tu veux ton cadeau ? Je vais aller te le chercher. » elle avait soupiré.
Lucy avait ramené ses genoux contre elle, comme pour conserver le peu de chaleur qu’il lui avait dérobé, comme pour prolonger cette étreinte déjà ruinée… un mensonge qu’elle aurait adoré éterniser. Elle était stupide de penser qu’il y aurait une issue, stupide de penser qu’il pourrait avoir la moindre affection pour elle – ou que quiconque en aurait … pire encore que cette brûlure, cette impression d’être de la vermine même à ses yeux, de ne pas être assez bien pour la seule personne ayant jamais compté pour elle, il y avait cette certitude de ne même plus avoir envie d’essayer. Son cœur battait à tout rompre et sa gorge était nouée, elle n’osait plus rien dire, rien d’autre que le silence pesant de la blessure qu’il venait de lui faire, sournoisement. Là où il avait été timide, elle s’imaginait du dégoût, pire encore… et s’il y avait quelqu’un d’autre? Elle s’était fourvoyée en pensant être spéciale, en imaginant que quelque chose d’unique les unissait. Une autre belle connerie. Évidemment qu’elle était toute seule à le vouloir à ce point, à s’enivrer de son contact, de réclamer sa présence, d’avoir besoin de lui. Elle ne releva la tête qu’en entendant sa voix. « Bon anniversaire, Jabba. »
« M’appelle pas comme ça ! » Son ton était plus froid, elle avait fixé le cadeau, interdite, n’osant pas le prendre, parce qu’au fond d’elle-même, ce qu’elle désirait, plus que cette merde dans un papier d’emballage abimé, c’était lui. Lui. En quelle fichue langue devait-elle lui dire? Elle avait néanmoins pris le paquet, l’étincelle éteinte de ses yeux alors que ses doigts caressaient l’emballage. Elle tenta, sans grand succès, de ramener l’atmosphère à quelque chose de léger. « J’te préviens. Si c’est un super cadeau, tu vas être déçu le miens c’est trois fois rien. » Délicatement, elle avait déchiré l’emballage, son regard remarquant rapidement le tissus, la forçant à déchirer plus vivement le papier avec un franc sourire. « Non! NON! » Un peu plus et elle sautillait, extirpant la veste, la tortillant dans tous les sens, super excitée! Depuis le temps qu’elle cherchait un truc du genre. « OH MON DIEU! Jack! » Nouveau mouvement de veste, elle la haussait devant ses yeux pour mieux la regarder, les détails, les broderies. « Elle a l’air authentique! T’as pillé une tombe? » … L’instant d’un cadeau, elle redevenait une gamine, l’instant d’un présent, elle oubliât qu’il venait de mettre son coeur en miette. Malheureusement, le souvenir la frappa dès que ses iris se posèrent sur son minois. Ah, les aléas de sa pompe à sang…
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:34
Le musicien aurait du se douter à l'instant où il avait évoqué ce point un peu trop sérieux de sa vie que sa colocataire allait maintenant tout faire pour tenter de changer de sujet. Lui grimper dessus eut au moins le mérite d'être efficace, même si Jack était maintenant encore plus mal à l'aise, il s'était complètement tû. Ses mains aussi le paralysaient, se baladaient sur son corps comme s'il faisait partie de leur territoire, comme si elle y avait inscrit son nom en braille des années auparavant et qu'elle prenait un malin plaisir à lire et relire.
Plus que toutes les caresses du monde, ce fut le sourire de son amie qui fit basculer Jack du côté obscur. Lui qui paniquait si facilement s'était calmé quelques instants pour détailler cette démonstration de joie, trop peu commune ces derniers temps. Plus elle se rapprochait, plus sa respiration devenait saccadée, pourtant il ne s'en sentait pas plus mal.
« Au contraire, c'est la meilleure idée... tu m'as manqué. »
C'eut été si facile de laisser son corps prendre le relais. De se laisser embrasser comme s'il lui appartenait, de s'abandonner sans plus y réfléchir. Mais c'était sans compter sur Jack. "Arrêter de réfléchir" lui paraissait juste impossible, à lui qui sur-analysait tout ce qui lui passait sous les yeux. Il comprenait parfaitement que cet élan affectif n'était qu'une distraction des sujets qui fâchent, ou un moyen comme un autre de le faire taire. Alors il avait interrompu ce baiser, par simple esprit de contradiction.
« Putain Lucy... »
Il tenta de se plaindre en s'éloignant d'elle le temps d'un juron, mais elle revenait à la charge. À bout de souffle, il reprend.
« Toi aussi tu m'as manqué. T'as même pas idée. »
Il voulait s'imprégner de son existence, de son goût, de l'odeur du shampoing qu'elle avait fait juste avant qu'il n'arrive. Ne pas regretter lorsqu'il serait obligé de la lâcher, ne pas oublier cette sensation une fois qu'elle se serait lassée de lui. Tandis qu'il explorait le cou de Lucy de légers baisers, les mains du garçon glissèrent du creux de son dos vers ses hanches, animées d'une conscience qui leur était visiblement propre et inconnue de Jack. Dans un mouvement sans équivoque, il l'attira un peu plus à lui pendant que ses paumes descendaient à l'arrière de ses cuisses. Quelques instants, son corps lui suppliait de ne jamais la lâcher pendant que sa tête lui hurlait de s'arrêter là. La pression de ses mains se fit plus forte, avant de se relâcher totalement lorsqu'il prit un certain recul en s'enfonçant dans le sofa.
Frustration immense, regard perdu vers les lèvres rosées de Lucy, le pianiste se flagellait intérieurement pour ne pas rechuter. Plutôt que la bouche qui l'appelait, il décida d'embrasser le goulot de sa bière. Sans la chaleur d'un corps contre le sien, ses idées étaient devenues plus claires. Non, il ne savait toujours pas ce qu'il voulait, mais il lui paraissait assez clair que ce ne serait jamais ce qu'il venait de se passer.
L'étreinte est finie avant d'avoir eut le temps de commencer. Jack a terriblement froid en s'éloignant, et après seulement quelques fractions de secondes sans le toucher de l'Irlandaise qu'elle lui manquait déjà. Elle avait eut ce qu'elle voulait, en partie, et même s'il était habitué à ce qu'elle abuse de ses charmes contre lui pour le faire chanter, l'instant où ils rentraient en contact, Lucy redevenait vraie. Une sensation indescriptible, une honnêteté frappante dans ce rapport physique. En quatre ans, ça n'avait pas changé, et cette impression de sincérité lorsqu'elle semblait fondre dans ses bras, Jack la connaissait par cœur. Il leur faisait du mal à tout les deux, en ne cédant qu'à moitié. Sur l'instant, il avait juste eut envie de retourner dans ses bras, de se glisser sous son sweat Daft Punk pour y passer la nuit contre elle.
Mais non. En craquant maintenant, il ouvrait grand la porte à cette nouvelle Wolfe, bien plus sournoise que celle qu'il avait laissée partir à NYC. Celle qui, pour éviter n'importe quel petit sujet fâcheux, ou encore de se raire contredire, était prête à remettre en cause une relation encore à peu près saine. À peu près. Dans la tête de Jack ça sonnait beaucoup moins hypocrite. De son côté, il pensait sincèrement pouvoir retrouver cette amitié simple et sans ambiguïté. Avec ou sans bénéfices, il s'en fichait. La seule chose qu'il réclamait, c'était de pouvoir la prendre dans ses bras sans qu'elle n'ait peur de lui ou de ses réactions, de pouvoir lui parler normalement. Pourtant, la brune semblait s'acharner à lui arracher cet espoir. Incompréhensible. Il avait mal, Jack. Mais garder cette distance de sécurité le rassurait.
Il profita du chemin vers sa chambre pour reprendre sa respiration et pour se calmer un peu. Ainsi que pour tenter d'oublier le regard trahi que Lucy lui avait lancé. Les battements de son cœur dans ses tympans l'oppressaient au possible. Dans tout les cas possibles, ils seraient tout les deux blessés. La culpabilité lui rongeait pourtant le moral, et de voir Lucy de nouveau avec les yeux humides l'avait achevé dans sa haine de lui même. N'y avait-il donc aucun moyen de les contenter tout les deux à la fois ?
« M'appelle pas comme ça ! »
« Désolé. »
Il lui tend le cadeau après ces excuses moroses, déçu de ne plus pouvoir utiliser ce charmant surnom. Coupable de l'aboir heurtée au point qu'elle refuse cette démonstration d'affection.
« J'te préviens. Si c'est un super cadeau tu vas être déçu le mien c'est trois fois rien. »
« Chut. Mon anniversaire c'est que demain, ce soir c'est le tien et c'est tout. »
Jack tenta un sourire. Elle avait toujours été plus douée que lui en cadeau, mais il n'était pas pressé de recevoir le sien. Non, son but de ce soir, c'était essentiellement de recoller les pots cassés, le reste viendrait après.
« Non! NON ! OH MON DIEU! Jack! »
Il écarquille les yeux, si la réaction de Lucy semble honnête, le garçon n'arrive pas vraiment à y croire, persuadé qu'elle essaye juste de lui faire plaisir.
« Elle a l'air authentique ! T'as pillé une tombe ? »
Il secoue la tête négativement. Désormais plutôt fier de son idée, son visage s'était illuminé en la regardant inspecter le bomber. Elle avait l'air heureuse, c'était tout ce qu'il voulait. Sa poitrine s'était réchauffée.
« Nope. C'est une vielle dame qui l'a déposée au magasin apparemment. Selon la vendeuse, c'était à son père, et du coup elle serait d'époque. »
Il cherche dans ses souvenirs d'autres informations, mais les origines du vêtement semblent rester particulièrement vagues.
« J'ai juste un peu peur qu'elle soit trop grande... »
Son regard se porte de la veste kaki au visage de la brune juste en face.
Bordel. Lui qui faisait tout pour préserver ce semblant d'amitié, pour garder Lucy en entière et ne pas l'abîmer encore plus qu'il ne l'avait déjà fait, tout ses choix se répercutaient négativement sur le moral de la jeune femme. Le regard bref, innocent qu'elle lui avait lancé avait achevé le garçon dans sa culpabilité, d'autant plus qu'elle s'était de nouveau enfermée dans un mutisme horripilant dès que leurs yeux s'étaient rencontrés. Il ne voulait qu'une chose : un interminable câlin qui aurait suffit à se faire pardonner, sans qu'ils ne cèdent une nouvelle fois à leurs hormones. L'un comme l'autre, ils ne semblaient pas avoir dépassé le stade de l'adolescence, leurs sentiments encore balbutiants et maladroits. L'expression sur le visage de Lucy avait drastiquement changé pendant les fractions de secondes où leurs yeux s'étaient croisés. Elle avait eut l'air heureuse oui, presque comme une enfant. Et après elle l'avait vu, rien que sa présence avait suffit à lui gâcher le cadeau.
Ce qu'il se passait alors dans la tête de Jack était d'une violence inouïe. Il était coupable de tout ce qu'il venait de se passer. Coupable de toutes les émotions conflictuelles qu'il lui faisait subir. De se sentir si laid alors qu'elle arrivait à être superbe en short de sport - même pas le sien en plus. Coupable d'être toujours trop fatigué, trop occupé pour l'accompagner lors de ses soirées de beuverie ou de la retrouver à la sortie de son boulot pour aller prendre un café. Et parce que c'était lui qui l'avait repoussée, il se persuadait que plus jamais elle ne voudrait le toucher. Jack envisageait même de s'enfuir dans sa chambre pour y dormir un ou deux siècles.
Il soupira, et reprit d'une voix rauque.
« Au moins, tu pensera à moi quand tu la portera. »
Il conclut en mordant dans l'un des beignets qu'il avait ramenés avec lui en s'installant dans le fauteuil, et tend la boîte à Lucy.
Le sucre est réconfortant, et les quelques instants où il fond dans sa bouche, le garçon oublie tout ses problèmes : une Lucy qui squatte par envie et non par nécessité, ses partiels, absolument tous. Sauf peut-être la triste mine de cette dernière.
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:35
Admin
Messages : 58
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Ses lèvres s’étaient étirées en un sourire plus doux, plus franc, alors que son ami lui ronronnait des paroles qu’elle n’avait pas conscience d’avoir attendu pendant des semaines, des années, son cœur loupa un battement et son emprise sur son T-Shirt se fit plus franche, plus assumée, alors qu’elle se nichait plus certainement contre lui. « Putin Lucy… Toi aussi tu m'as manqué. T'as même pas idée. » pour toute réponse, c’est un sourire satisfait qui répondit à cet aveux et un sourire doux qui étira ses lèvres, ses iris océaniques obstinément posés sur lui. Normalement, elle fermait les yeux, tout le temps, assez pour que la brume de ses songes superposent le visage du bridé, assez pour que son cœur fragile se berne dans un mirage ou c’était ses mains qui se pressaient sur sa peau. Pas ce soir, elle redoutait presque que de s’accorder un instant d’inattention le fasse disparaitre. Qu’une fraction de seconde lui arrache cette illusion et qu’il disparaisse à nouveau. Son cœur battait frénétiquement, douloureusement, et plutôt que d’écouter cette mise en garde biologique, elle préféra baisser un peu sa garde, suffisamment pour s’octroyer le luxe de l’insouciance, assez pour se ficher éperdument du bordel que causerait une telle rechute. Pour une soirée, une minute, elle avait envie d’être vraie, elle avait envie d’abandonner ce masque, de le laisser voir la catastrophe qu’elle était, sans avoir besoin de le verbaliser. Son corps était, après tout, beaucoup plus honnête que son cœur.
C’est pourtant son organe vitale qui encaissa le coup de grâce, lorsqu’elle senti sa victime lui échapper, la libérer, la rejeter. Elle cligna un instant des yeux, soudainement frigorifiée dans cet appartement, privée de l’incendie qu’il avait éteint en un geste, un seul, puis elle se drapa dans sa fierté, dans ce je-m’en-foutisme qui ne bernait personne ici, vu la douleur bien présente dans ses yeux clairs. Elle-même n’avait pas assez de culot pour se convaincre qu’elle n’en avait rien à faire, c’était déjà beaucoup lui demander que de nier de tout son être que ce qu’elle voulait dans ce monde, c’était précisément ce qui venait de se passer, c’était lui, plus que tout le reste. L’aveu le plus flagrant de cette réalité était sans doute le regard qu’elle avait posé sur son visage, plutôt que sur la bouteille de bière… Jack était une addiction plus dangereuse que la boisson. Reprenant sa place à l’extrémité du divan, elle s’était faite violence pour ne pas prendre sa valise et quitter l’appartement, avait-il la moindre conscience de ô combien elle était humiliée par sa fuite? Il ne voulait pas d’elle, il ne voulait plus d’elle, c’était à prévoir après quatre années, c’était légitime… mais alors, pourquoi était-elle incapable de se détacher ainsi, de ranger au passé leur erreurs de jeunesse, et de se contenter d’une amitié franche, vraie, simple… Elle l’avait regardé s’éloigner, son cœur se serrant douloureusement, sa mauvaise foi étouffant la réponse authentique à cette question : parce qu’elle n’avait jamais eu l’intention de se contenter de son amitié, mais n’avait jamais eu le courage de le lui dire, de peur de le perdre.
La carapace qui avait commencé à se dégager, l’étincelle de franchise qu’elle lui avait laissé poindre, une seconde, s’était volatilisée dans le blizzard de son regard bafoué, trahis. Elle aurait aimé être imperméable, ne ressentir ni gêne ni douleur mais c’était au-delà de ses forces. Même lorsqu’il réapparu avec un cadeau. La petite brune s’était nerveusement recroqueville, ses doigts se tortillant entre eux, comme si elle voulait se punir, comme si elle voulait changer cette oppressante douleur de place, en mordant sa lèvre inférieure dans un silence buté. Il y a tant de choses qu’elle aurait aimé lui dire, lui confier, mais elle redoutait un peu trop qu’il n’en aille rien à foutre, ou que de tels aveux détruise irrévocablement les bribes de leur entente. La dernière chose dont il avait besoin, c’était qu’elle devienne un boulet à son pied… ou pire, de le décevoir avec la loque humaine qu’elle était. Alors elle fit ce qu’elle avait toujours fait, elle faussa un sourire, attrapa le paquet, et se jura de ne plus jamais évoquer ce qui venait de se produire. Une autre promesse qu’elle ne tiendrait pas…
Heureusement pour sa résolution, lorsqu’elle déballa son cadeau, lorsque ses doigts se posèrent sur le tissu de la veste, le sourire qui étira ses lèvres était sincère, attendri, touché. Soulevant le vêtement, franchement excitée, elle le tournait de tous les sens, en se demandant comment, après tout ce temps, il avait fait pour tomber pile sur ce qui saurait lui plaire. Il avait toujours eu un don pour ça! Tenant le Jacket à bout de bras pour bien l’observer, en extase. « Nope. C'est une vielle dame qui l'a déposée au magasin apparemment. Selon la vendeuse, c'était à son père, et du coup elle serait d'époque. J'ai juste un peu peur qu'elle soit trop grande.... » Plissant les yeux pour détailler les coutures, les détails, de son œil expert, elle demanda, un peu trop connaisseuse. « Elle est en super état! Tu l’as fait repriser? » Elle connaissait assez le jeune homme pour savoir qu’il n’avait pas grand talent avec une aiguille. La conversation était presque réjouie, normale… mais ça ne pourrait pas durer, elle le savait, ils avaient cassé quelque chose, des minutes plus tôt, et la plaie était encore vive, fraiche. Relevant son minois pour l’observer, ça la frappa à nouveau, violement, qu’il venait de la rejeter, son sourire se fana et elle sera un peu plus la veste. Elle aurait voulu réparer les pots cassés, lui dire que ça allait, qu’elle ne le tordrait pas plus qu’il ne l’était déjà, qu’elle n’allait pas le briser, qu’elle saurait se tenir. Pourtant, c’est dans un mutisme qu’elle s’enfonça, incapable de lui dire tout ça.
La culpabilité l’écrasait … elle était la pire des amies. Elle ne l’avait pas poursuivi avec plus d’acharnement il y a quatre ans, elle ne l’avait pas remercié pour le divan, pour tout ce qu’il lui évitait comme emmerdes, elle n’avait pas cherché à le voir plus longtemps. Elle aurait pu, l’attendre à la sortie du boulot, lui proposer de souper ensemble, le réveille un peu plus tôt le week-end pour le croiser, bref, tout sauf boire seule dans des bars minables et suivre le premier des crétins jusqu’à son appartement. Parce que oui, ça aussi, elle était replongée, les histoires sans lendemain, les connards sans nom, c’était tellement plus facile que d’affronter son colocataire. … Pas que ça l’ait dérangé, vu comment il l’avait repoussée. Elle avait parfois tellement de mal à le lire, n’avait-il pas sombré comme s’il en avait autant envie qu’elle? Ne la regardait-il pas, encore à ce jour, comme si elle avait une certaine valeur à ses yeux? Et après? Après il fuyait et lui donnait cette impression que plus jamais il ne la toucherait, plus jamais il ne s’en approcherait. Les réactions de Jack était un beau mystère pour elle, et n’ayant plus l’expérience de son jeune temps, elle peinait à y tirer des conclusions claires. Lucy avait relevé les yeux vers lui, lorsqu’il avait enfin rompu le silence. « Au moins, tu penseras à moi quand tu la portera. . » … elle avait haussé un sourcil, pouffant d’un rire surpris, il en avait du culot son bridé! « Ah ouai? C’est son super pouvoir, me faire penser à toi? »
D’un air de défi, elle s’était drapée dans la veste un peu grande, juste assez pour être stylée mais pour l’envelopper, elle en serra les pans autour d’elle, avec un petit sourire timide alors qu’elle marmonnait d’un ton blagueur, une vérité pourtant tranchante. « J’vais plus jamais l’enlever alors. », elle s’était enveloppée dans le Jacket, comme pour le narguer, comme pour lui montrer que ce tissus qui l’emprisonnait, se refermait autour d’elle, c’était exactement ce qu’elle aurait aimé qu’il fasse. Mais elle n’avait que le vêtement… c’était déjà un début. Aussi bête que lui dans leur duo de déni, elle s’empara d’un beignet, se hissant du canapé au moment même où il s’y posait, comme s’il l’avait brûlé. « Tu veux ton cadeaux? » se dirigeant vers sa valise, comme pour s’offrir un temps de clémence, une distance pour reprendre ses esprits, pour oublier ce sentiment d’être trop nulle, trop pathétique pour lui… « Fermes les yeux ok! » Attendant qu’il s’exécute, elle avait extirpé la vieille radio de sa valise, l’avait déposé sur la table basse et y avait insérer la cassette avant d’appuyer sur ‘’play’’. Lorsque le son s’extirpa de ladite radio, elle le haussa, reposant ses iris sur Jack. … « Joyeux anniversaire! »
Soudainement, elle était nerveuse. Et s’il détestait? Et si il lui en voulait d’avoir fouillé dans ses trucs? Et si, en quatre ans, il n’avait plus comme but d’entendre sa musique à la radio? En gage de paix, elle s’était assise sur le divan, à une distance aussi prudente que le permettait le petit espace, nerveusement, elle mordillait sa lèvre. Elle s’était remise à tortiller ses doigts, alors que de la radio débutait l’enregistrement. Sa voix à elle, qui racontait n’importe quoi, elle avait voulu imiter une vrai émission de radio – avec brio, après 300 prises – elle parlait de la scène underground de LA, d’artistes prometteurs. Ses iris bleutés étaient rivés sur le visage de Jack, ne voulant rater aucune miette de sa réaction lorsque débuta la mélodie… sa mélodie. S’il se fâchait, elle prendrait la fuite. Elle remettait en question son plan là… Merde.
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:36
Pourtant, malgré l'impression d'être pris pour un con en permanence, il ne lui en voulait pas. Elle piétinait joyeusement sur son amour-propre, mais Jack l'ignorait. Comme d'habitude. Évidemment qu'il n'avait pas le niveau de ces mâles alpha qu'elle rencontrait en sortant. Niveau virilité, avec ses cheveux longs et son visage de gamin, ça servait à rien d'essayer de lutter. Et d'ailleurs, si Lucy en ramenait un ici, sous son nez et sous son toit ? Jamais il ne prendrait ce connard par le col de son t-shirt pour le foutre dehors. Non, c'était pas Jack, ça. Il fuirait, comme d'habitude. Non, bordel. Seul dans sa chambre, le paquet dans les mains, ses réflexions devenaient suffocantes. En se frottant le visage du revers de la main, il tenta de faire taire toutes les saloperies qui lui venaient, se flagellait de pouvoir être un pareil abrutit. Lucy méritait mieux, et n'avait eut aucune difficulté à le trouver. Tout était censé s'arrêter là.
Plus il la toucherait, plus possessif il deviendrait. Alors autant garder ses mains pour soi plutôt que sur la sangsue qui envahissait son canapé seulement lorsqu'elle en avait besoin. D'ailleurs, pourquoi s'emmerder à dormir sur ce clic-clac dégueulasse alors qu'elle n'avait visiblement aucun mal à trouver des lits bien plus accueillants ? Bordel, Jack, qu'il gromella avant de retourner dans le salon, comme si de rien n'était. Arrête de réfléchir, maintenant même son cerveau avait pitié de lui.
Le brun ne comprenait pas bien le déferlement de violence dans ses pensées. Lui qui était si pacifiste d'habitude, qui n'avait aucun mal à prendre le blâme, il sentait une colère malsaine lui grimper le long de la colonne vertébrale à chaque fois qu'elle évitait son regard. Putain. Elle arrivait à le faire culpabiliser alors qu'il était le seul à se comporter en adulte, à essayer de ne pas gâcher plus leur relation qu'elle ne l'était déjà. Il lui avait alors donné son cadeau avec un enthousiasme feint. Au moins, à force de la côtoyer, il avait apprit à mentir aussi bien qu'elle sur ses sentiments.
Cette colère silencieuse, ça avait toujours été plus simple de la cibler sur autre chose que les vrais problèmes. Cette violence de sincérité qu'il n'avait jamais su maîtriser avait trouvé une parfaite victime : le musicien. Lui-même, sa personne. Ouais, pas besoin d'aller chercher trop loin, aussi loin que l'alcool pour Jack. Après tout, si Lucy se jouait ainsi de lui, c'est parce qu'il était trop faible pour lui rendre la pareille. Il l'avait bien cherché.
Le garçon est amer, mais son visage est toujours aussi inexpressif. Si le bonheur de Lucy est communicatif, la chaleur qu'il ressent ne le caresse qu'en surface.
« Elle est en super état ! Tu l'as fait repriser? »
« Elle était pas trop abîmée, à part quelques trous qu'il fallait cacher. J'ai essayé de le faire moi-même. C'est normal si c'est pas bien fait du coup.. »
Jack pourrait, plus tard, mettre son manque d'enthousiasme sur le dos de sa journée de boulot. Les heures qu'il avait passées le nez dans ses partitions l'avait complètement exténué, et ses neurones étaient aussi éteints que le pianiste.
« Ah ouai ? C'est son super pouvoir, me faire penser à toi ? »
Jack était fier de lui, ça se voyait à son regard, même s'il était toujours aussi chafouin au fond. Lucy n'avait pas saisi la tristesse de sa phrase : parce que ça lui semblait évident qu'elle ne pensait pas assez à lui, cette veste lui servirait de bouée de sauvetage avec son nom d'écrit dessus. D'un hochement de tête silencieux, il confirmait les propos de la Britannique. À l'intérieur, il espérait qu'elle n'aurait pas besoin de cette veste pour que son visage lui traverse l'esprit au moins de temps en temps, ou qu'elle ne la porterait pas pour sortir se saouler. Manquerait plus qu'elle l'oublie chez un inconnu, ou qu'elle prenne l'odeur de l'alcool. Ce raisonnement semblait particulièrement égoïste au coréen, qui fronça les sourcils malgré le silence. C'était plus facile de s'accuser de tout les maux que de laisser Lucy le faire à sa place.
« J'vais plus jamais l'enlever alors. »
« Tu vas puer. »
Il ne lui avait pas répondu agressivement ou méchamment. Au contraire, le ton de sa voix était on ne peut plus plat, de peur de trahir son mal-être et le pincement au coeur endolori que la jeune femme avait provoqué. Ce tendre mensonge avait glissé sur sa peau de porcelaine comme une lame acérée, jamais elle ne tiendrait cette promesse, ils le savaient tout les deux.
« Tu veux ton cadeau? Fermes les yeux ok ! »
Il poussa un soupir. Jamais Lucy ne lui laissait vraiment le choix, pourtant il tenta tout de même de négocier.
« Ça peut attendre demain tu sais. »
Parce que de repousser ça au lendemain, le véritable jour de son anniversaire - ou n'importe quel autre jour en vérité, aurait permis aux colocataires de se retrouver une fois de plus. De s'asseoir pour regarder un film, manger le reste des pizzas, une nouvelle fois et de ne pas laisser l'asiatique tout seul dans son ressentiment. De ne pas retomber dans cette tactique d'évitement, de fuite dont ils étaient maintenant maîtres. Plus pour jauger de sa réaction que par provocation, Jack avait relevé le regard vers les yeux couleur ciel de Lucy. Nouveau soupir, qui avorta toute discussion. À contrecœur, il ferma les yeux tout en les cachant derrière ses paumes. Sans ça, il aurait parfaitement été capable de tricher, et la petite brune n'aurait pas apprécié du tout.
À part le bruit de sa valise, et un "boom" assez sourd venant de la table basse, rien ne l'aida plus à deviner ce qu'elle manigançait que le bruit caractéristique du boîtier à cassettes qui s'ouvrait. Rien que l'idée de recevoir un engin capable de lire la collection qu'il avait accumulée depuis son enfance l'enthousiasmait au plus haut point. Un sourire innocent se dessinait progressivement derrière ses mains tandis qu'il attendait un quelconque signal.
« Joyeux anniversaire! »
Ce serait suffisant. Ses yeux se dirigent aussitôt vers la table basse, où trônait la radio. Jack était déjà sur le cul, clairement. Et s'il n'avait pas été interrompu par une petite voix venant des speakers, il se serait probablement jeté dans ses bras. Au final, heureusement que l'enregistrement l'avait interrompu.
À la place d'un câlin gênant, silence. Il se tourne vers l'engin électrique comme si de le regarder allait l'aider à mieux écouter. Lentement, sa bouche s'était entrouverte dans une mimique admirative au fur et à mesure qu'il comprenait. Il se taisait complètement, trop étonné pour pouvoir répondre quoi que ce soit. Enfin, après quelques instants d'une Lucy particulièrement plongée dans son rôle de présentatrice radio, sa première composition démarra. Dans ses yeux, ça brillait comme jamais. Le musicien se souvenait parfaitement de lui avoir dit, avant qu'elle ne parte à NYC, qu'ils entendraient un jour son boulot à la radio. C'était pas ça, ce qu'il avait en tête, évidemment. Pourtant ça avait autant de valeur que n'importe quel single qu'il pourrait faire rentrer au Billboard. Plus encore. Timidement, encore honteux de sa précédente pulsion de colère frustrée, il était allé chercher la radio avant de se rasseoir à côté de sa colocataire, l'appareil désormais posé sur ses jambes croisées en tailleur.
« Merci. »
S'il est léger, le remerciement a au moins le mérite de sonner sincère. La radio seule aurait suffit à le rendre heureux, l'effort qu'elle avait fourni en plus, il s'en trouvait absolument abasourdi.
Alors, il commença à se demander ce qu'elle avait pensé de ses créations ou combien de fois elle avait été forcée de les écouter pour fabriquer ce monstrueux cadeau. Pour lui, la musique était une catharsis dont il aurait eut besoin toute la soirée, le seul médium qui lui permettait de s'exprimer réellement. Quand on écoutait sa musique, Jack se sentait nu. La chair à vif, les plaies saignantes. Chaque note remuait ses entrailles comme un couteau. Le fait que ce soit Lucy en face de lui ne changeait rien à la douleur abstraite mais sensible. Aussi, il tenta de la distraire de sa composition avec une question qui l'obsèdait depuis quelques minutes déjà.
« Comment t'as réussi à faire tout ça ? »
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:36
Admin
Messages : 58
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Date d'inscription : 01/05/2019
Age : 31
Pauvre conne. Voilà le qualificatif agressif qu’elle se répétait encore et encore, se flagellant mentalement pour ses réactions enfantines, puériles, pour avoir bousillé le seul semblant de normalité qui lui restait. Elle avait toujours eu un talent inné pour foutre la merdre, pour fuir sans se retourner, et quiconque tentait d’amoindrir sa chute se retrouvait rétrogradé au rôle de dommage collatéral et ce, bien malgré elle. Elle paniquait, au point où l’angoisse devenait débilitante et, incapable de trouver la source du problème, l’élément déclencheur, elle préférait réduire en cendre tout, absolument tout, pour être certaine de reprendre le contrôle du champ de bataille qu’elle laissait derrière elle. C’était un réflexe, une routine, comme si elle ne pouvait interner son mal être plus longtemps, comme si, telle une noyée, elle devait se cramponner à toute main tendue au point de les couler avec elle. Jack ne faisait pas exception. Abrutie par sa propre culpabilité, déstabilisée par la distance qu’il avait mis entre eux, elle était demeurée immobile, muette, à se repasser en boucle, d’un ton moqueur, les insultes dont elle s’affligeait elle-même. Plus que de se sentir comme la pire des connes, comme la plus repoussante que créatures, elle n’était pas sans savoir qu’elle l’avait blessé, cette fois encore, et ça, c’était intolérable… Peut-être qu’elle devrait partir, ne pas se retourner, aller squatter le divan d’un autre enculé qui lui demanderait des faveurs, s’envoyer suffisamment d’alcool pour ne pas haïr lesdites faveurs … Pas comme Jack, dont elle était déjà accro sobre. Ça avait été si sournois comme attachement, une bêtise d’adolescent répétée, puis, progressivement, elle avait cessé ses écarts de conduite, s’était contenté de leur duo, avait abdiqué sur ses plans sans lendemain, lui avait voué une drôle de fidélité, quand on sait qu’elle n’avait jamais eu le culot de lui demander si, de son côté, elle était… assez. Elle ne serait jamais assez, ça au moins, elle le savait, Philip et ses écarts n’était-il pas la réponse à cette question? Elle ne valait rien, ni pour ce connard, et certainement pas pour Jack. Il méritait la lune.
… Son cœur se tordait douloureusement, et ses dents s’enfonçaient dans sa lèvre inférieure alors que la solitude la plongeait dans un mutisme sourd. Ne plus toucher Jack, c’est ce qu’elle aurait dû faire, ne pas l’assommer avec ses tourments, en pas lui imposer ses mauvais choix, ses ennuis, la laisser dans son existence paisible où il n’aurait pas à prendre soin d’elle, ou à gérer cette possessivité qu’elle refusait d’assumer à son égard…. Il méritait mieux, milles fois mieux qu’une fille sans job avec un problème de boisson, elle était encore assez saine d’esprit pour savoir ça. Ça ne rendait pas le tout moins douloureux, elle avait l’impression d’agoniser alors qu’elle jouait son rôle, faisait semblant, étirait ses lèvres dans un sourire faussement doux, comme pour raviver une ambiance qu’elle avait elle-même plombée. De son bout du divan, elle s’était mise à s’agiter, saisissant le paquet sans un mot, réprimant l’envie d’effleurer ses doigts des siens, de s’en saisir, de ne jamais le lâcher. Ce qu’elle voulait de lui, c’était plus que ça … et elle devrait se faire à l’idée que ça n’arriverait pas. Plus jamais. Heureusement pour son humeur, le cadeau était sublime, fantastique, au point où elle avait tout naturellement rompu leur guerre silencieuse pour le bombarder de question sur sa provenance. « Elle était pas trop abimée, à part quelques trous qu’il fallait cacher. J’ai essayé de le faire moi-même. C’est normal si c’est pas bien fait du coup. » la petite brune haussa un sourcil. Jack? Coudre? L’idée était loufoque! Assez pour qu’elle tente une pointe d’humour en se glissant dans la veste. « Oh ! Une véritable pièce griffée! Une Won originale! »
Elle referma les pans autour d’elle, s’enfonçant un peu plus dans cette veste comme si ça pouvait la protéger de la mauvaise mine du garçon. « Tu vas puer. » un petit rire nerveux lui échappa, avant qu’elle ne remplisse le silence d’une nouvelle bêtise, d’un : « Pas si je l’amène sous la douche! Tssss. Amateur. » Lucy s’était callé dans le divan, songeuse. Elle n’avait plus faim, son estomac tordu, broyé par l’angoisse qui la reprenait au fil des secondes. Il y avait un tel détachement dans ses yeux… ça lui sciait les jambes, au point où elle du dissimuler ses mains dans les poches du sweat gris pour ne pas qu’il remarque qu’elles tremblaient. Elle avait soupiré, avant de lui proposer son cadeau… qu’il ne semblait pas vouloir. « Ça peut attendre demain tu sais. » ce qu’elle décida d’ignorer, classique Wolfe. « Hors de question. » En vrai, elle voulait voir les étincelles revenir dans ses yeux, elle voulait qu’il oublie, qu’un instant, il cesse d’ériger ce mur entre eux… c’était son truc à elle ça, et goûter à sa propre médecine était horrible. Profitant qu’il ait les yeux clos, elle installa son petit set up, radio en place, et repris place dans la clic-clac, les yeux rivés sur lui. Elle se sentait comme la grosse boutonneuse devant le mec populaire, l’idiote de service qui en a trop fait, et plus que tout, elle redoutait qu’il ne se fâche.
… Elle s’était attendu à des protestations, à des accusations, mais elle avait espéré, de tout son être, qu’il ait exactement cette réaction, ce sourire intrigué, cet air touché, il aurait pu l’insulter qu’elle aurait laissé ce petit sourire attendri sur ses lèvres, ne serait-ce qu’à voir ses yeux pétiller. Lorsqu’il s’était levé, elle s’était figée, attendant, avant de laisser un soupire lui échapper alors qu’il revenait, imperceptiblement plus près, la radio sur les genoux. Elle n’osait rien dire, la musique raisonnait dans l’appartement et, comme une disciple à la messe, elle se refusait à l’interrompre. Il y avait une telle passion dans les notes, une telle tristesse aussi… ça raisonnait au plus profond de son âme, elle ne daigna poser ses iris sur lui que lorsqu’il marmonna un : « Merci. ». S’inclinant un peu vers lui, mains sur ses propres cuisses, elle demanda, d’abord timidement : « Ça te plait? » puis, avec un sourire en coin, plutôt fière de son coup : « Pour de vrai ? » sans le réaliser, elle s’était approchée de lui, attirée comme un aimant, incapable de rester à distance prudente. « Comment t’as réussi à faire tout ça? » Sa question la pris de court, elle reste figée une seconde, recommençant son manège de mutilation en mordillant sa lèvre avec un acharnement presque cruel.« Un magicien ne dévoile jamais ses trucs! … Sérieusement… J’ai … juste un peu, hacker ton ordinateur? » Ok, ça sonnait pire! Paniquée par sa propre révélation ou comment il pourrait l’interpréter, elle avait ajouté les mains levées en signe de paix. « Mais j’ai pas fouiné hein, je voulais que les mp4 ! Ta porn est safe. » Lucy……. T’arrête de la creuser ta tombe? « Eh ! Pas que t’en aies hein! C’était une blague! » Elle était vraiment en mode panique, la pauvre, s’agitant sans arrêt avant de finalement soupirer, abdiquant, il n’y avait pas de bonne façon d’avouer son crime de toute façon.
Profitant de cette semi accalmie, elle s’était permis de se dandiner sur le divan pour revenir plus près de lui, à l’emplacement exact où ils avaient débuté la soirée, avant leurs cafouillis respectifs. Ses iris s’étaient posés sur le sol, elle avait pris une grande inspiration. Les Wolfe n’ont jamais tords, ils ne s’excusent pas… et pourtant, ce fichu petit bridé arrivait à lui donner envie de le faire… Ce qui avait été murmuré, sincèrement, c’était un : « J’suis désolée... » elle s’était mise à torturer le bas de son pull de ses mains, comme pour les occuper à autre chose qu’à trembler. Elle n’osait pas le regarder, la communication, ça n'avait jamais été son fort, elle faisait de gros efforts, surhumains en fait, ne serait-ce que pour lui parler. « J’agis comme la dernière des connes… j’te remercie même pas et bordel que tu le mérites…. T’as même pas idée de combien tu m’aides… mais je… » elle avait pris une grande inspiration, relevant ses iris bleus sur lui, un petit sourire timide aux lèvres, les yeux humides. « Putin Jack, t’as même pas idée combien j’ai peur de tout foutre en l’air… j’ai vraiment envie de tout te dire ... juste... j'y arrive pas... pas encore » … mais il faudrait qu’il soit patient, genre, un saint, elle n’avait jamais été le genre à avouer ses faiblesse. Ou à reconnaitre en avoir…
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 11:37
« Oh ! Une véritable pièce griffée! Une Won originale! »
Le créateur improvisé haussa les épaules. À part lorsqu'il servait de porte-manteaux improvisé à Lucy, la mode et ses us et coutumes lui étaient complètement obscurs. Était-elle en train de le comparer à un de ces mecs, genre Yves Saint Laurent ? Il préférait le prendre comme un compliment. Malgré tout, l'enthousiasme de la jeune femme l'avait adouci. Lui qui avait réussi à se convaincre qu'elle détesterait le bomber, il voyait dans cette réaction rien qu'un peu disproportionnée un bonheur honnête, qui lui arracha un sourire. Impossible de garder ce ressentiment malsain contre elle trop longtemps.
« Pas si je l’amène sous la douche! Tssss. Amateur. »
« mais.. Ça va l'abîmer. Tu ferais mieux d'aller dans la machine à laver avec. »
Ponctuée d'une légère moue, la phrase prononcée avec son sérieux habituel avait finit par le faire rire. Rien que d'imaginer la scène l'avait immédiatement détendu, mais le silence qui suivi le déstabilisa complètement. Si Lucy ne l'avait pas brisé, ce dernier aurait pu durer très longtemps.
« Hors de question. »
Gros soupir, qu'il ne tenta pas de dissimuler ou de retenir. Aveuglé, enfermé derrière ses propres mains, il ne savait pas s'il se sentait à l'abri ou au contraire, particulièrement vulnérable. Mais le cadeau fut une superbe idée, qui le touchait en plein dans ses sentiments contradictoires. Elle connaissait encore si bien, même après tout ce temps, qu'il se retrouva encore plus perdu.
« Ça te plait? Pour de vrai ? »
« C'est parfait Lucy, merci. »
Occupé à regarder les speakers vibrer au rythme de sa propre musique, il ne remarqua absolument pas le rapprochement de la brune. À vrai dire, c'était encore si naturel pour lui, cet élan qui l'empressait d'aller toujours au plus près d'elle, que jamais il ne lui en aurait voulu de revenir auprès de lui aussi discrètement. Pour peu, il lui aurait ouvert la porte de sa petite bulle, si ça ne signifiait pas de partager avec elle son isolement. Curieux, tout en faisant tourner l'objet dans ses mains pour mieux le découvrir, il posa une question qu'il regretta immédiatement, tant la réponse était évidente.
« Un magicien ne dévoile jamais ses trucs! … Sérieusement… J’ai … juste un peu, hacker ton ordinateur? Mais j’ai pas fouiné hein, je voulais que les mp4 ! Ta porn est safe. » Jack avait énormément apprécié son cadeau, et dès qu'il avait reconnu sa musique, il s'était douté qu'elle avait du fouiller un minimum dans ses affaires pour trouver sa musique. Son visage s'était fermé, non pas parce qu'il lui en voulait d'avoir joué les espions en explorant les fichiers bordéliques de son pc, mais parce qu'il lui aurait partagé avec plaisir son travail. Et probablement sans trop poser de questions, puisqu'il le faisait déjà au lycée. Mais pour ça, il aurait fallu communiquer. Nouvelle preuve tangible d'un problème qui ne cessait de l'angoisser. « Eh ! Pas que t’en aies hein! C’était une blague!. » Pauvre Lucy, trop d'innocence. Bien sûr qu'un jeune homme de 24 ans, ne pouvant ramener personne à l'appart - colocation & attachement obligent, allait avoir quelques vidéos plus ou moins compromettantes dans son historique. Loin d'être un bleu, il nettoyait assez souvent ce dernier, ne serait-ce que pour la santé de son pc. Mais la petite britannique lui avait fait assez de crises de jalousie par le passé pour qu'il ne se fasse avoir aussi facilement. Il avait également préféré ne pas répondre, se contentant d'un sourire probablement plus provocateur que voulu. Alors qu'elles l'emmerdaient outre mesure lorsqu'ils étaient adolescents, Jack aurait tout donné pour pouvoir retrouver ces engueulades bénignes qui ne servaient qu'à se prouver, de manière détournée, à quel point ils étaient attachés l'un à l'autre.
Peut-être cinq minutes s'étaient évaporées le temps que Jack ne remarque Lucy se rapprocher de nouveau, trop absorbé par la radio et ses souvenirs pour la voir s'agiter dans sa vision périphérique. Inquiété par la tête qu'elle tirait, il avait arrêté l'engin pour mieux l'entendre. Les mots avaient un mal fou à se prononcer, et une fraction de seconde, il cru mal entendre.
« J’suis désolée... »
Les yeux grands ouverts, il avait gardé le silence pour la laisser reprendre à son rythme. Il avait presque peur qu'en plus de ses tics nerveux, elle ait maintenant assimilé son bégaiement. Bordel, manquerait plus que ça.
« J’agis comme la dernière des connes… j’te remercie même pas et bordel que tu le mérites…. T’as même pas idée de combien tu m’aides… mais je… »
Son regard chocolat, posé sur son visage, hurlait des encouragements silencieux. Alors, lorsqu'elle releva ses yeux bleus qui le rendait toujours aussi faible, le coréen se sentit vaciller. Mais il devait rester fort, ne pas bouger pour l'écouter en silence, être ce pilier auquel elle pourrait toujours se raccrocher.
« Putin Jack, t’as même pas idée combien j’ai peur de tout foutre en l’air… j’ai vraiment envie de tout te dire ... juste... j'y arrive pas... pas encore »
Il attends quelques secondes avant de répondre, pour lui laisser le temps de s'en remettre.
« T'es pardonnée. Mais à une seule condition. »
Lentement, il avait écarté les bras dans le signe de paix le plus honnête qui lui venait à l'esprit : une invitation à passer autre chose. Il ne lui laissait pas vraiment l'option de refuser, c'était aussi son anniversaire après tout. Et on ne renie pas un câlin au birthday boy.
« Viens par-là. »
Avec toute la douceur dont le coréen encore un peu chaffouin était capable, il avait soutenu le regard de Lucy et posé cette exigence d'affection comme une évidence. Après leur précédent écart, il voulait juste qu'elle sache qu'elle comptait plus pour lui que cette étrange alchimie lorsque leurs deux corps se rapprochaient trop dangereusement, et qu'elle méritait, bien plus que lui, un simple câlin de réconfort. Rien de plus qu'un peu d'affection, de chaleur, sans se sentir obligée d'aller plus loin comme à chaque fois qu'elle l'avait approché depuis son retour. Lycéens, jamais ils n'avaient eut de problèmes à se retenir, à se contenter parfois de trop peu, alors que leur relation était d'autant plus ambiguë. Quelque part, un rouage était aujourd'hui coincé, sans que le musicien n'arrive à mettre le doigt dessus. Parfois, il se demandait l'intérêt de vouloir réparer la situation, craignant de s'y enliser encore un peu plus au passage, avant de se rendre compte que c'était exactement ce qu'il cherchait inconsciemment. Non, à ce stade, ce n'était plus l'attirance de gamins entre eux qu'il fallait retrouver, c'était accessoire. Son but se résumait à remettre Lucy sur pieds, le reste pouvait mourir ou brûler qu'il s'en moquerait. Même si c'était dans les bras d'un autre type, il voulait la voir sourire sincèrement, parce qu'il l'aimait trop pour accepter de la voir malheureuse sans pouvoir y remédier. Ce sentiment qui faisait de la corde à sauter avec son estomac, il était encore incapable de l'identifier. Non, il ne voulait pas savoir, mieux valait l'enterrer avant qu'il ne revienne le hanter trop souvent.
Ce fut un triomphe dans sa poitrine lorsque, enfin, elle vint se blottir contre lui. Jack se fichait de savoir si c'était à contrecoeur ou avec plaisir qu'elle lui cédait. De voir qu'elle avait lâché la manche grisâtre, que ses mains ne s'acharnaient plus sur rien, ça lui suffisait amplement. Alors, le petit brun avait à nouveau glissé la main dans la poche du sweat, attrapé le pc de l'autre, et s'était confortablement enfoncé dans le canapé, son amie toujours contre lui.
« Tu veux regarder autre chose ? Genre un Monty Python, ou un vieux Disney ? »
Jack tentait comme il pouvait d'alléger l'esprit de Lucy, et avait posé son ordinateur sur les genoux de cette dernière pour la laisser choisir un eventuel programme pendant qu'il terminait sa bière, et qu'il jetait un dernier coup attendri à la radio, posée juste à côté d'eux.
Il sentait, sans y opposer grande résistance, le sommeil qui le gagnait. La joue maintenant parfaitement calée sur le sommet de la tête de Lucy, ses yeux commençaient à se fermer tout seuls, et il luttait pour les garder grand ouverts. Mais la couleur moutarde du canapé lui agressait les rétines, et ses paupières pesaient des tonnes. L'air de rien, il s'était endormi dans les bras de la brune pour y passer la nuit entière.
FIN.
Re: #2 / Just burn me out Mer 1 Mai - 15:23
|
|