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#5 / You're my melody
#5 / You're my melody Mer 1 Mai - 12:44
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La brunette avait chassé sa crinière d’une main, forçant ses pauvres neurones à se concentrer sur la voix, c’était d’autant plus difficile qu’on venait de l’extirper d’un sommeil difficilement gagné et qu’en prime, les demandes ne faisaient aucun sens pour son esprit en mode repos… Remplacer une styliste pour un orchestre? Ce soir-même? Dans les prochain deux heures? La bouche encore pâteuse du réveil, elle avait frotté ses yeux d’un poing maladroit, en s’étirant pour attraper un crayon et noter sur son avant-bras les coordonnées du rendez-vous, alors qu’elle acceptait sans conditions le boulot qu’on venait de lui offrir. Un remplacement, ce soir, dans son domaine, elle aurait presque pu en hurler de joie! Comme quoi, ses diplômes lui permettraient peut-être un jour de faire autre chose que des danses à 5 $! Une fois le combiné raccroché, c’est en se dandinant de manière un peu trop réjouie que notre demoiselle transféra les informations dans son téléphone, puis qu’elle fonça vers la douche, trop excitée pour s’abandonner à la déprime post rêve. Elle aurait tout le reste de sa vie pour regretter le coréen, ne pouvait-on pas lui donner juste un soir de répit? Alors que l’eau glacée – son appartement miteux avait un chauffe-eau dysfonctionnel, les soupçons commencèrent à la gagner. Qui diable avait filé son numéro à l’inconnu qui venait de la contacter? Elle ne connaissait personne d’influent… à moins que… sur le coup, elle pensa à Elena, la rouquine avait promis après tout, de jouer de ses contacts pour l’aider. Était-ce enfin un succès? Il faudrait vraiment qu’elle pense à la remercier! … Non parce que, qui d’autre y aurait-il. C’était quand même vachement ironique, qu’elle ait habillé des musiciens, Jacks serait trop jaloux…Peut-être qu’elle devrait l’inviter à venir avec elle?
Nouveau pincement au cœur cette fois, elle eut l’impression que lui avait arraché le battant tant la douleur était cuisante… autant elle en crevait d’envie, autant elle ne pouvait pas faire ça, ils n’étaient, après tout, que des étrangers désormais, deux créatures brisées condamnées à ne jamais se recroiser. Elle en souffrait bien trop pour ignorer ce fait-là… Alors plutôt que de fondre en larmes – un classique quotidien - elle s’était activée, huant le premier taxi une fois vêtue et maquillée, priant silencieusement pour que tout se passe bien, c’était une chance inestimable pour elle! Et pour une fois, le destin semblait être de son côté parce que dès qu’elle mit les pieds au théâtre, on la dirigea vers la loge commune, on lui présenta vite fait ses « victimes » du soir et, matériel en main, elle fut rapidement submergée par le boulot, trop, pour prêter la moindre attention à autre chose que les artistes qu’elle drapait un après l’autre, peaufinant leurs cheveux et maquillage au passage. Lorsqu’enfin, il fut temps pour eux de gagner la scène, on lui offrit de prendre place dans un des sièges libres et d’admirer le concert … Un truc chic, huppé, le genre de plaisirs qu’elle ne pourrait probablement jamais s’offrir… Mais évidemment qu’elle avait dit oui! Quand est-ce qu’une chance pareille se reproduirait… Faudrait vraiment penser à remercier Elena!
*** *** ***
… Ou pas. La seconde vague de claque du réel – ou plutôt, le droit en pleine gueule – elle l’avait eu lorsque les musiciens étaient montés sur scène. Assise dans son siège isolé, anonyme dans cette foule d’inconnus tous mieux fringués qu’eux, ses iris bleutés s’étaient posés sur la filée d’artistes qui s’activaient devant elle, un sourire fier aux lèvres à voir comme leur tenue était irréprochable, les visages plus ou moins connus que des « clients » se succédaient devant ses yeux jusqu’à ce qu’au milieu de cette marrée d’inconnus, une tête plus spéciale que les autres ne se démarque : Jack. En une fraction de seconde, le sourire sur ses lèvres s’était dissipé, comme s’il eut été dissous par cette apparition soudaine, son estomac avait fait un saut périlleux alors qu’une main invisible lui tordait les trippe. Se faire éventrer à froid eut été plus plaisant que ce spectre venu la narguer, l’arracher à sa quiétude momentanée. Que diable faisait-il là, sur cette scène? S’il avait accompli un tel exploit, pourquoi ne l’avait-il pas mise au courant? Étaient-ils vraiment des étrangers? Cet oubli avec un goût amer de trahison, ferreux, comme cette lèvre qu’elle mordait pour réprimer son envie de hurler alors que, comme un prédateur, elle ne le quittait pas des yeux. Apprendre un tel accomplissement de la sorte, alors qu’elle s’était naïvement imaginée qu’ils valaient plus que ça, qu’il reviendrait sur sa demande stupide de distance … c’était comme le perde à nouveau. Dans son poitrail, ses ventricules faisaient la grève, las de battre pour un vide béant, las d’essayer de persévérer, alors que de seconde en seconde, on ne faisait que les anéantir un peu plus…. Putain, Jack avec un orchestre… elle en était tellement fière que l’agonie qu’elle ressentait ne suffit pas à lui faire tourner les talons. Qu’il veuille d’elle ici ou non, elle dévorerait la moindre de ses notes, émue de sa réussite, profondément touchée de voir les sourires sur les visages des spectateurs… et peut-être bien qu’elle était jalouse, juste un peu, que le diamant brute qu’elle avait toujours vu comme unique, se relève jeune prodige aux yeux du monde. Pas étonnant qu’on lui ait arraché. Mais s’il était là… devait-elle vraiment sa chance à Elena?
… La panique revient d’un coup, alors que le souffle lui manquait. Un orchestre! Bordel un orchestre! Comment avait-elle pu être aussi conne! Forcément, que ça venait de Jack, une bouée au milieu du néant, une main tendue… ses perles azurées se posèrent sur lui, la gorge nouée par l’émotion. Qui d’autre aurait eu cette pensée pour elle hein… elle aurait dû le savoir, que même au plus bas, il y aurait toujours cette main tendue, acquise… ne l’avaient-ils pas jurés à une autre époque…? … Si seulement elle n’était pas devenue gourmande de son affection et n’avait pas réclamé plus… Mais merde… pourquoi diable l’aidait-il de la sorte si c’était pour la jeter après? Ça ne faisait aucun sens dans son esprit embué et tourmenté, en fait, elle était tellement confuse que les tremblements du manque d’alcool ne suffirent pas à la tirer de son introspection. Pétrifiée, elle s’était enfoncée dans son siège, profitant de la pénombre dans le théâtre pour se faire figurante, spectatrice involontaire de sa prestation, Lucy s’était laissée bercée par les notes, ses iris rapidement humides des larmes qu’elle retenait, le torse bombé de fierté. Merde… même dans cet état, elle ne pouvait pas rater l’occasion de le remercier… ou de lui dire, avec des mots qu’elle peinerait à marmonner, qu’elle était rudement fière de lui.
C’est d’ailleurs avec cette conviction qu’elle suivit la foule à l’extérieur de la salle de concert, une fois les applaudissements terminés et la scène vidée des musiciens. Furtive, elle s’était taillée un chemin jusqu’à la porte arrière, déterminée à le coincer avec le reste de la cohorte, de le forcer à la voir ne serait-ce que par un concours de circonstances. Il lui manquait, à chaque secondes, et quoi qu’il en ait décidé unilatéralement, elle en avait assez de cette distance inhumaine entre eux. Lui demander de le garder à distance, c’était comme la priver d’un organe : mortel. C’était ce soir que ça s’arrêtait. Pourtant, au grand damne de la jeune danseuse, la filée d’artistes était composée d’à peu près tout l’orchestre … sauf du bridé. Et si les remerciements de la part de ses « clients » du soir lui firent d’abord chaud au cœur, après une heure toute seule, dans la pénombre, à attendre un pianiste qui n’émergeait pas, elle ne tarda pas à s’énerver. L’avait-il vu? S’était-il enfuit par la porte avant pour l’éviter? Avait-il osé? Tout était possible… Poussée par dieu sait quelle détermination, le petit bout de femme s’était glissée à l’intérieur, dans cet endroit désormais sombres, plutôt démontée par ce nouvel échec. Ce n’est d’ailleurs, que par une chance inespérée que ses pas la conduisirent à la salle d’habillage, menée par une prémonition, où elle tomba nez à nez avec…….. la carcasse du coréen.
… Enfin carcasse… Si elle ouvrit d’abord la porte sur un très enthousiaste : « Hey! Jack! Je te cherc--------- oh. » elle ne tarda pas à pincer les lèvres, sourcils froncés, secouée par la scène qui se tenait devant elle. Déjà, s’il avait l’air carrément canon de son coin de la salle (il l’était toujours…) – très loin – la proximité ne parvenait pas à cacher son air cadavérique, ses traits creux, sa maigreur inquiétante. Où donc étaient passées ses joues rondes? Et les blessures son front, ses lèvres encore rougies et enflées…. S’était-il battu? Mais avec qui? C’était tellement improbable…. Sans compter qu’il semblait au moins aussi défoncé que sur cette plage … souvenir qui lui retourna l’estomac une fois de plus, maudite soirée où elle avait tout fichu en l’air, en avouant à voix haute des sentiments clairement à sens unique… Pourquoi était-il dans cet état? Avait-il fumé? … Il semblait plutôt planer pour quelque brin d’herbe…. Elle avait fait un pas vers lui pourtant, sans une hésitation, comme guidée par un besoin primal de l’emprisonner. Sa main délicate s’était d’ailleurs accrochée à sa manche, comme pour le retenir, désespérément. Depuis quand atteignait-elle le niveau 10 sur l’échelle de la fragilité! « Jack… ça va? » c’était encré en elle, un réflexe, une erreur de programmation, l’inquiétude qu’elle pouvait éprouver pour le pianiste avait toujours écrasé à plat de couture sa rancune. Il suffisait de voir la veste dans laquelle elle était enveloppée ce soir-là encore, malgré les menaces de pyromanie… Ses perles bleutées trouvèrent encrage sur des iris chocolatés, alors qu’elle demandait, encore calme malgré un trémolo de rage, ses doigts libres se posant sur son menton, doucement, pour admirer l’étendue des dégâts… « Qui t’as fait ça? Dis-le-moi, dis-le-moi maintenant et j’vais lui éclater sa sale gueule de con! » Elle allait le démolir. Personne ne touchait à Jack. Personne! … N’avait-elle pas, des années plus tôt, mis un droit à quelques membres de l’équipe de Foot qui s’étaient moqués de son bridé après l’épisode Peter? Elle voyait rouge, quand on touchait à son précieux. L’adoration de Gollum pour l’anneau unique était amateur face à l’affection qu’elle avait pour le pianiste…
Re: #5 / You're my melody Mer 1 Mai - 12:45
Pourtant, ce spectre se rappelait toujours à lui d'une façon ou d'une autre. Parfois, c'était par un hasard total. Cette jeune femme, dans le bus par exemple, ou la caissière au tabac, qui taquinait ses habitués comme l'irlandaise le faisait avec lui. La plupart du temps, c'était l'esprit fatigué et obsessionnel du pianiste qui s'imaginait voir des signes là où il n'y avait pas. La rupture avait été si brutale qu'une guérison semblait impossible. On venait de lui briser tout les os, et s'ils se reconstruisaient lentement, ils seraient tordus à vie.
Jack était arrivé en avance, ce soir-là. La remplaçante de Norah aussi, pour lui maquiller les plaies contre son sourcil et sur ses lèvres. Elle n'avait pas posé trop de questions, se contentant de rassurer le "petit nouveau" aussi bien qu'elle le pouvait. Avec les lumières de la scène, l'obscurité de la salle, il suffisait de neutraliser les rougeurs pour qu'on ne remarque presque plus les boursouflures disgracieuses. Cependant, et selon ses propres mots, elle "ne pourrait rien faire pour sa sale gueule". Alors, elle lui avait confié les inquiétudes des autres musiciens, du chef d'orchestre. Ce dernier était venu voir Jack, pendant sa séance de maquillage douloureuse. Profitant du peu de personnes présentes, il lui avait sorti le même discours que la plupart de ses profs, au détail près que lui, avait une certaine humanité et un balbutiement qui inspirait respect et confiance au coréen. Il savait déjà qu'il y avait des gens pour l'aider, l'écouter ou discuter du quelconque mal qui le rongeait et qui faisait fondre ses joues pouponnes. Mais pour la première fois, il ressentait un changement de ton dans la voix du chef d'orchestre, Mr. Belcher. Un trémolos d'inquiétude.
Ouais, l'inconnu s'inquiétait plus pour Jack que ce dernier. Ça faisait mal à la poitrine, au ventre. Un peu partout, en fait.
Après que Belcher ait glissé une brochure dans les mains de son nouveau pianiste - pour un centre d'alcoolique anonymes, géré par sa femme et qui s'occupait de tout type d'addiction - il avait recommandé à Jack de s'habiller rapidement. Le styliste habituel étant à l'hôpital pour assister à l'accouchement de sa femme, l'orchestre devrait se débrouiller pour être présentable le soir même. Une idée machiavélique traversa alors l'esprit du pianiste. En quelques instants, il réussit à convaincre Belcher d'appeler Lucy, qu'il présentait comme une amie styliste, pour un remplacement express. Le numéro de Ms. Wolfe donné, il demanda d'une petite voix de ne pas révéler son identité à la future remplaçante : ce serait l'assurance qu'elle ne vienne pas. Sa bonne action de la journée effectuée, Jack s'était empressé de s'habiller, de prendre une veste de smoking à porter par dessus sa chemise mauve, et s'était réfugié dans les toilettes pour hommes jusqu'à l'heure de monter sur scène. Sa cravate était mal nouée - Belcher le tuerait, mais au moins, il avait put éviter Lucy jusqu'au bout.
*** *** ***
Dernier arrivé sur scène, le pianiste s'était aussitôt fait remarquer : globalement plutôt élégant, sa cravate noire mal nouée faisait tâche dans la foule tirée aux quatre épingles. Le chef d'orchestre avait prit le temps, avant de commencer, de la refaire lui-même. Sur scène, sous un léger rire amusé du public auquel Jack répondit par un petit sourire et une courbette désolée. Ce n'était pas sa première représentation, ni un spectacle trop important, mais il se souviendrait toute sa vie de ce regard amusé de Belcher alors qu'il tremblait comme une feuille.
Jack avait toujours nié être sujet au trac. Pourtant, cet état de trance, ou de peur panique, ne se dissipait qu'une fois les lumières éteintes et ses mains posées sur l'ivoire.
L'incident clôt, le pianiste s'était assis. Et il avait joué, comme à son habitude. Sans effort aucun, ses doigts glissaient. Le monstre de bois pleurait chaque note, implorait la mélodie d'une ouverture en solo. Probablement un bizutage habituel, qui ne perturbait pas le garçon. Jouer seul, ou en groupe, ne faisait pour lui aucune différence. Le regard porté au loin, vers les coulisses, il se contentait de jouer. Aussi bien qu'il pouvait. Avec plus de facilité que pour respirer. Avec une douceur, une délicatesse qui le démarquait malgré lui des autres virtuoses.
Mais derrière le rideau des coulisses, dans le noir, il n'y avait personne. Jack était tout seul avec son sourire. Au moins, Lucy tenait la promesse qu'il lui avait imposée. Il fallait bien qu'un des deux soit plus mature que l'autre.
*** *** ***
Une fois le concert fini, le petit brun s'était réfugié dans la salle d'essayage dès que toutes les politesses nécessaires furent faites. Prétextant un mal de crâne insupportable à Belcher, il s'était isolé dans la seule pièce qui n'était pas sous surveillance vidéo du bâtiment : la salle d'habillage. Assis à l'une des tables de maquillages, où il enlevait lentement le fond de teint un peu trop sombre pour lui grâce à une lingette, le silence le rongeait. Dans son sac à dos traînait un sachet de poudre, acheté avant de venir. Eh, il l'avait bien mérité, non ?
Le rail prit rapidement forme grâce à la brochure de Belcher, et mit encore moins de temps à disparaître sous la paille en aluminium de l'asiatique. Il défit un peu sa cravate, soudainement trop serrée, et s'enfonça dans son siège pour profiter des effets. Plus de tristesse, plus d'angoisse. Juste une impression de voler, de léviter dans l'espace. Ses yeux, pupilles dilatées, se fermèrent à moitié pendant qu'il poussait un soupir d'aise.
Une voix fluette le sortit de sa torpeur. Il la reconnaissait, même en planant, et tourna la tête vers elle dans une incompréhension totale. « Hey! Jack! Je te cherc--------- oh. » Elle était restée, finalement ? Comme une fusée, trop rapide pour son cerveau engourdi, la brune s'était rapprochée. « Jack… ça va? » Il fut obligé de baisser les yeux vers la main posée sur son bras pour la ressentir. Un petit sourire, puis il répondit tout en lenteur. « ça vaa~ » S'il n'était pas dynamique, il semblait au moins assez heureux pour sourire franchement et poser sa main sur celle de Lucy, la caresser du bout des doigts. L'intention y était, mais maladroit de sa consommation récente, ses mains étaient bien moins habiles que sur son piano. Et ses yeux, eux, étaient aveugles. Impossible de ressentir, ou même de comprendre, la panique de la styliste alors qu'elle le voyait défiguré. Ou le bomber qu'il lui avait offert. « Qui t’as fait ça? Dis-le-moi, dis-le-moi maintenant et j’vais lui éclater sa sale gueule de con! » Sourire, il se blottit un peu plus contre la main qui choyait son visage. Comme attiré par un sommeil jaloux, il commençait à s'avachir sur la table des maquilleurs au rythme de ses mots. « C'est Philip. Il voulait que je te laisse tranquille. » En à peine deux phrases, il était penché sur la table, la tête posée sur son bras plié. Prêt à dormir, bien qu'aussi attentif que possible à son amie. Sa main guidait celle de Lucy vers sa chevelure, réclamant des caresses comme s'ils ne s'étaient jamais perdus de vue. Ses yeux quasiment noirs de ses pupilles, il la fixait. « Quand je lui ai dit qu'on se voyait plus il m'a pas cru et il a commencé à me taper dessus. » Sa voix se ralentissait, comme s'il luttait pour ne pas s'endormir en parlant. Une petite sieste aurait été bienvenue. Son sourire retomba légèrement, alors qu'il se souvenait avoir déjà halluciné des images de son amie. Jamais avec cette ride du lion aussi prononcée, cependant. « je pensais pas que tu resterais. C'était bien ? » qu'il tenta, pour se distraire. Mais l'angoisse revint aussitôt. « Philip va me tuer s'il sait qu'on s'est vu. » Son regard brun, jusqu'ici perdu au loin dans la pièce, se posa sur Lucy. « Dis-moi, t'es .. t'es vraiment là, hein ? Pour de vrai ? »
Re: #5 / You're my melody Mer 1 Mai - 12:45
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Grave erreur. La réponse défoncée de son ami lui rappelait cette plage, cette connerie, ce faux pas qui avait bousillé entre eux toute forme de complicité. Et ce souvenir, il déclenchait la trilogie complète de leur mauvais sitcom… la nuit débile dans cette chambre paumée, les aveux en coréen, la solitude pesante de trouver un lit vide et, plus récemment, cette demande cruelle de ne plus faire partie de sa vie. Même en reprise, ça faisait aussi mal, au point où, de le voir là, dans cet état lamentable ce soir, ou sur cette scène, intouchable, inatteignable, était moins douloureux que de s’en priver. Putain, elle avait tellement besoin de lui… comment est-ce que ça pouvait être à sens unique?! « ça vaa~ » elle s’était mordue la lèvre, involontairement, et ce n’est qu’en sentant le goût ferreux du sang qu’elle relâcha son emprise sur elle-même, confuse. Brièvement, elle tenta de localiser la source d’un tel état, aucune bouteille, aucune odeur d’herbe… que diable s’était-il envoyé… Une personne attentive aurait peut-être remarqué certains indices, pourtant, pour la jeune styliste, ça semblait improbable, trop terrible pour que ses neurones n’acceptent d’envisager la moindre faiblesse de cet ordre. Non. Il était seulement ivre, ou un peu défoncé, rien de grave… il souriait. Ou à tout le moins, elle tentait de s’en convaincre en s’approchant de lui, rugissait ses questions comme pour lui arracher une réaction, une parole, profondément inquiète de voir une telle loque devant elle.
… Pas que la réponse soit rassurante. D’ailleurs, la main qui retenait son minois s’y était pressée plus certainement, comme pour l’empêcher de fuir, pour le forcer à confesser les péripéties qui l’avaient mises dans cet état…. Nouveau coup de masse. « C'est Philip. Il voulait que je te laisse tranquille. Quand je lui ai dit qu'on se voyait plus il m'a pas cru et il a commencé à me taper dessus. » Philip? Son pauvre cerveau avait fait un shut down complet, ses pupilles totalement immobiles alors qu’elle le dévisageait, la bouche légèrement entre-ouverte, la tête penchée, pour peu et elle bavait : bug total. Ça ne faisait aucun sens! Pourquoi est-ce que son enculé d’ex petit ami, cet infidèle notoire, en aurait quelque chose à faire de la relation qu’elle entretenait avec Jack ? Lui, se donnait le droit de s’enfiler le service d’urgence au grand complet et il osait lever la main sur un de ses amis d’enfance parce qu’elle avait eu une nuit d’égarement? Depuis quand devait-on fidélité à un connard, des mois après la rupture? Elle avait beau retourner la question dans son crâne, c’était toujours aussi illogique. « … Philip? » L’incrédulité suintait dans son ton, ses iris toujours aussi perplexes alors qu’elle fronçait les sourcils, songeuse. Jack ne mentirait jamais pour un truc pareil … mais elle avait du mal à imaginer une situation ou les deux hommes auraient pu se croiser… Toujours est-il qu’elle ajouta, la voix toujours aussi agressive. « … T’aurais dû m’appeler. J’vais le castrer, il a pas à lever la main sur toi ce connard! » elle allait l’émasculer à froid, alors que ses doigts glacés suivaient les entailles sur l’arcade sourcilière du coréen, elle fut forcée de constater qu’elle avait rarement été aussi en pétard contre quelqu’un depuis ce satané de Peter, des années plus tôt. Elle aurait pu tuer…
Heureusement pour sa mauvaise humeur, ses doigts retrouvèrent malgré eux le chemin vers les cheveux de jais de son ami et, comme s’il s’eut agis d’un félin, l’effet apaisant fut immédiat et ses doigts entamèrent une caresse tout en tendresse par automatisme alors qu’un petit sourire timide étirait ses traits. « je pensais pas que tu resterais. C'était bien ? » La jeune femme s’était abaissée, pour suivre son mouvement vers la table, pour le voir de plus près, pour avoir cette dose tellement nécessaire de sa drogue préférée : lui. Accroupie à sa hauteur, elle avait délicatement passé une main sur sa tempe, longeant à nouveau ses joues tellement creuses, inhabituellement creuse. La panique grimpa d’un cran mais elle s’offrit le luxe de l’ignorer, approchant tout doucement son front jusqu’à celui du coréen, dans un égoïsme conscient. S’il était défoncé, il ne la rejetterait pas… non? Sa voix n’était qu’un murmure… « Tu déconnes? C’était plus que bien! T’étais sur scène avec le philarmonique ! Le putain de philarmonique Jack! » une fraction de seconde, elle s’était emportée, oubliant jusqu’à leur ‘’rupture’’, leurs nouvel état d’entité indépendante (une erreur conne si vous demandez mon avis, puisqu’ils peinaient à être un humain fonctionnel à deux…) « C’était comment? T’étais nerveux? T’as aimé? Tu m’as coupé le souffle. » Bordel qu’il lui avait manqué, le toucher, même comme ça, c’était un vent de fraicheur, une inspiration trop longtemps négligée, un petit éclat dans son existence terne. Elle avait soupiré, si près, résistant à l’envier omnisciente de l’enlacer, de le serrer contre elle tellement fort qu’elle le briserait. Elle aurait voulu fondre par une quelconque fusion, et devenir une partie de lui qu’il ne pourrait pas jeter lorsque ses sens reviendraient, un parasite indissociable… C’était puéril, pathétique, mais merde, plus que d’en être incapable, elle ne voulait pas guérir de Jack !
… Mais ça ne pouvait pas durer. Seconde descente aux enfers, à la mention de Philip. Son sourire s’était volatilisé, elle s’était crispée, silencieuse. « Philip va me tuer s'il sait qu'on s'est vu. » … Encore ce con? « Shhhh. Il te fera rien, je le laisserai pas faire. » pourtant, la bulle était éclatée, la réalité plus brûlante que jamais, et la panique croissante dans son ventre, elle pouvait sentir ses tripes se tordre d’angoisse…. Ses neurones paranoïaques filaient à vive allure, tissant un voile de possibilités qui avait tout d’alarmant… Philip était médecin… Jack semblait mal en point, rachitique même…. Ne lui avait-il pas révélé que sa mère était morte d’un cancer? …. De quelle sorte? MERDE. Elle aurait dû demander, vraiment demander… Et s’ils s’étaient rencontrés à l’hôpital? En une fraction de seconde, elle était passée de l’incompréhension à la certitude viscérale que Jack était atteint d’un cancer en phase terminale. Pas question de le laisser filer. Jamais. C’est le son de sa voix, à des kilomètre de son scénario catastrophe qui l’extirpa de ses songes. « Dis-moi, t'es .. t'es vraiment là, hein ? Pour de vrai ? » … pas possible de lui résister, il faisait d’elle un véritable marshmallow, sa fureur s’était pratiquement dissipée et elle n’avait pu lutter plus longtemps contre ce besoin quasi-maladif de l’attirer dans ses bras. « Mais oui, j’suis là. Pour de vrai. Et je pars pas…. Je vais te ramener chez toi… t’as l’air en mauvais état. » elle aurait tout le loisir de le questionner plus tard, il ne semblait pas spécialement en état de répondre de toute façon. De toute sa minable force, elle tenta de le redresser sans le libérer de son étreinte, soupirant sous l’effort. « Hey Jabba Won. Tu t’aides un peu au lieu de faire la boule de gras please? » Ses mains nouées autour de sa taille, elle tenta de son mieux de le forcer à garder un certain équilibre. Merde. L’attendre, c’était une mauvaise idée… mais elle ne pouvait quand même pas le laisser comme ça maintenant qu’elle l’avait surpris… si? « Hey Jack… » ses bras fins s’étaient serrés un peu plus, elle n’arrivait qu’à se montrer vulnérable quand il était défoncé… elle n’apprendrait jamais. « … Ta prestation …. Je……… j’suis vraiment fière de toi. »
Re: #5 / You're my melody Mer 1 Mai - 12:46
Depuis qu'on l'avait recruté, il n'était venu que deux, peut-être trois fois défoncé au Philharmonique. Inconsciemment, il s'interdisait de foutre en l'air cet aspect de sa vie, le seul qu'il semblait respecter un minimum. Son premier succès depuis un moment, à vrai dire. Mais les changements physiques, brutaux, il ne les maîtrisait pas, les ragots non plus. On se demandait où Belcher avait bien pu aller chercher un pianiste aussi maigrichon, aussi timide et muet. Pourtant, on appréciait sa sensibilité, son oreille aussi. Le petit nouveau servait d'accordeur sans batterie, avec son oreille parfaite. Il savait repérer un instrument qui sonnait faux au milieu de l'orchestre, et l'ajuster lui-même si besoin. Il n'en fallait pas plus pour attendrir l'équipe du Philharmonique, qui l'avait adopté. Non pas que ça le réconforte, mais au moins, le brun se sentait moins seul.
Alors pourquoi avait-il craqué pour un rail, plutôt que de socialiser un peu ? La déception, probablement. Que Lucy n'ait pas été assez curieuse pour rester, pas assez observatrice pour remarquer son ombre parmis celles des musiciens. Ou qu'elle n'ait pas pensé à lui, en voyant le piano sur scène. C'était son organe, la projection tangible de tout ce qui lui passait par le coeur, et elle passait à côté sans un regard ? Les sentiments l'avaient englouti tout entier, tordu entre une colère contre la jeune femme - qu'il savait injustifiée, et une mélancolie certaine. La sensation de trahison ne s'était estompée que lorsqu'il avait inhalé l'héroïne et que son cerveau devenait assez cotoneux pour oublier l'objet de ses pensées. C'était plus fort que lui, à chaque fois qu'il trouvait quelque chose à lui reprocher, il pouvait passer des heures entières à y penser. Des heures à lui reprocher de ne pas l'avoir écouté, lorsqu'il avait avoué avoir besoin d'aide, ou à se demander quelle valeur il pouvait bien avoir à ses yeux pour qu'elle obéisse aussi bêtement à cette injonction de rester loin de lui.
Il la voyait partout, sans même essayer. Son souvenir encore frais revenait le hanter, tout le temps. Surtout lorsqu'il planait, les hallucinations proportionnelles aux doses d'héroïne qu'il augmentait toujours un peu plus. Alors quand elle surgit des ténèbres du couloir, il n'y avait absolument pas cru. Se contentant d'un sourire impossible à retenir alors qu'elle s'approchait trop vite pour son esprit engourdi, il la fixait. Après tout, il y aurait forcément un détail qui la trahirait. Une hallucination ne pouvait être parfaite, ses neurones auraient pour sûr oublié un grain de beauté quelque part, ou une cicatrice. Il cherchait, encore et toujours, alors qu'elle se saisissait de son visage et l'attaquait de toute part de questions que Jack avait un mal fou à comprendre. Il prit d'ailleurs un certain temps,à répondre, sans faire le lien entre ses mots et la panique qui animait le fantôme en face de lui. « … Philip? » Jack hocha la tête, la pression sur sa peau ne l'aidait pas à comprendre que la styliste était bel et bien présente en face de lui. « … T’aurais dû m’appeler. J’vais le castrer, il a pas à lever la main sur toi ce connard! » Petit rire, un gloussement stupide de la part du garçon qui avait vraisemblablement laissé sa délicatesse au placard. Après tout, pourquoi y aller doucement avec une manifestation de son esprit malade ? Il était certainement en train de rêver. « t'aurais dû le castrer avant qu'il te trompe, non ? » Contre ses pupilles dilatées brillait une lueur espiègle.
Alors qu'il s'affalait sur le coin des maquilleuses, la main qu'il guidait vers ses cheveux lui soutira un soupir. Ses yeux s'étaient fermés pour mieux apprécier la sensation qu'il avait eut le temps d'oublier, en quatre ans. Ce n'était pas la première fois, qu'il imaginait avec tant de précision les doigts se faufiler dans ses cheveux corbeau, embrasser sa tempe et ses pommettes. Le spectre se rapprocha, à quelques centimètres à peine d'une énorme bêtise. Elle était le fruit de son imagination, comment pourrait-elle refuser qu'il anéantisse l'espace entre leurs lèvres ? Ça aurait tout réglé, non ? Hélas, le pianiste avait peur qu'elle ne s'envole, brusquée, pour ne revenir qu'à la prochaine piqûre. Alors qu'elle répondait à ses inquiétudes, Jack fixait les deux tâches rosées s'animer sous son nez. Il en découlait des mots un rien trop compliqués pour lui, mais ils le gardaient réveillé. « Tu déconnes? C’était plus que bien! T’étais sur scène avec le philarmonique ! Le putain de philarmonique Jack! » Sourire niais, le coréen était incapable de cacher qu'il ne comprenait plus grand chose de la langue de Shakespeare. « C’était comment? T’étais nerveux? T’as aimé? Tu m’as coupé le souffle. » Pas de réponse, rien que la main maladroite et tremblante du pianiste qui se rapprochait du visage de Lucy. De l'index, il dessina le contour de ses lèvres de son index, subjugué par la réalité de la sensation.
Son estomac se retourna, ses yeux bruns devinrent ronds. Il regardait l'irlandaise paniquer autant que lui en ignorant sa raison. Elle était.. vraiment là ? Pas possible que son esprit de toxico invente aussi parfaitement la texture de ses lèvres. Brusquement, il s'était redressé pendant qu'elle tentait de le calmer. « Shhhh. Il te fera rien, je le laisserai pas faire. » Rien à faire, le garçon paniquait, son souffle se faisait plus rauque. Ses mains glissèrent dans sa tignasse brune, comme pour garder sa tête et ses idées en place, alors qu'il geignait une énième question. « Mais oui, j’suis là. Pour de vrai. Et je pars pas…. Je vais te ramener chez toi… t’as l’air en mauvais état. » Il ne décela pas de tendresse dans la voix de Lucy, et la réalisation qu'elle était peut-être vraiment là fut brutale. D'un tremblement bien peu efficace, il tenta de se dégager de son emprise alors qu'elle le redressait. « me touche pas » Il continua de gigoter quelques instants, abandonna finalement, vaincu par la chaleur apaisante qui l'avalait. Et plutôt que de l'aider, ou même de prendre le chemin qu'elle lui indiquait, le pianiste passa des bras maladroits autour des épaules de sa belle. Après tout, les signaux qu'elle lui envoyaient n'étaient pas forcément très clairs, pour quelqu'un dans son état. Elle l'avait enlacé, c'était pour un câlin, non ?
Il ne tenait pas droit sur ses pieds, son menton posé sur le sommet du crâne de Lucy vacillait pendant que ses yeux papillonnaient. « Hey Jabba Won. Tu t’aides un peu au lieu de faire la boule de gras please? » Pour toute réponse, il poussa un soupir, à la limite du ronronnement. « Hey Jack… » L'intéressé ressera son étreinte comme il le pouvait, juste pour montrer qu'il reconnaissait encore son nom. « … Ta prestation …. Je……… j’suis vraiment fière de toi. » Il poussa un soupir soupir, avant de répondre, lentement, une évidence qu'il n'imaginait pas que Lucy ne pourrait ne pas saisir. « non, j'ai pas été bon. Pas du tout » Pas assez dynamique, moins souple qu'à son habitude, le musicien n'avait pas fait honte au Philharmonique. Mais lui qui ne se contentait que de la perfection était plutôt déçu.
Comme pour confirmer son idée, le chef d'orchestre était apparu dans la petite salle, s'exclamant d'un « Je vous cherchais partout, tout les deux ! » stoppé net par la vue de son pianiste en décomposition. Ce dernier lui lança un sourire approximatif. « désolé.. » qu'il murmurra, sincère. Comme gêné de l'échange affectif, il se détacha de Lucy, gardant son équilibre précaire d'une main posée sur son épaule. Ne supportant pas de le voir ainsi tituber, Belcher prit la relève. Un bras de Jack autour de ses épaules plus tard, et l'homme s'improvisait béquille humaine. « Il m'a dit que vous le détestiez, content de voir que ça n'est pas le cas. » Il était souriant, le chef d'orchestre. Comme s'il s'était déjà habitué à cette situation. « Attrapez vos affaires et les siennes, je vous dépose. Suivez moi. » Le voyage fut plus aisé ainsi : d'une tête plus grand que Jack, il ne semblait pas avoir trop de mal à le porter. Ou plutôt, à le faire glisser. Les yeux mi-clos, le visage blotti contre Belcher, l'asiatique avait arrêté d'essayer de mettre un pied devant l'autre pour se laisser traîner sans opposer de résistance. « Miss Wolfe, c'est ça ? Vous savez ce qui lui arrive ? »
Re: #5 / You're my melody Mer 1 Mai - 12:46
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Assez pour lui donner le courage de le chercher, assez pour qu’elle ait envie, une dernière fois, de le féliciter. C’était la moindre des choses non… qu’il la jette, soit, qu’il la traite comme une erreur, elle pouvait s’y faire, mais Lucy se faisait un point d’honneur de laisser, comme dernière impression, l’admiration bien réelle qu’elle avait pour ses accomplissements… Elle ne s’était pas attendue à le trouver aussi défait, aussi maigre … et aussi défoncé à dieu sait quoi. Il suffisait de voir comme il ronronnait plaintivement, pour comprendre qu’il avait bel et bien du griller quelques neurones… Ses paroles étaient à peine cohérentes… et encore, ce qu’elle en déduisait ne l’enchantait guerre : Philip avait osé l’amocher? Elle allait le trucider… Le coréen n’avait jamais eu grande délicatesse, lorsqu’il était question de lui remettre sous le nez ses erreurs de jugement. Il faisait preuve d’une franchise à la limite de l’insulte mais pour la petite brune, c’était le seul mode de discussion accepté, à quoi bon sucrer les mauvaises nouvelles… Ce soir ne faisait pas exception, alors que d’un ricanement, il avait cru bon de lui remémorer les écarts de conduite de son ex, lui extirpant une réaction subite de gêne, alors que ses joues rosissaient de gêne devant sa propre connerie, elle avait plutôt loupé des signes sur ce tableau-là, c’était pourtant connu que les publicités ambulantes pour l’Oréal ne faisaient pas dans la fidélité... « t’aurais dû le castrer avant qu’il te trompe, non? » De n’importe qui d’autre, elle se serait assurément froissée d’un tel affront, mais venant de Jack, elle n’avait pu empêcher de rouler des yeux et de pouffer de rire à son tour, avec du recul, c’est vrai qu’elle avait été d’une naïveté affligeante… au moins, elle pouvait se consoler en imaginant la mine furieuse qu’avait eu le médecin, ces quelques fois où elle avait osé soupirer un autre nom que le sien. Elle aurait au moins été vengée, au final… quoi que ça expliquait que cet abruti ait été moins que tendre envers le pianiste… « C’est pas faux. » qu’elle avait conclus.
Encouragée par le rejet qu’il ne lui avait pas encore imposé, et par ce besoin quasi-maladif de glisser ses doigts fins dans sa tignasse d’ébène, de confirmer qu’il était encore là, réel, sous ses caresses, et non pas une manifestation d’un esprit malade, accro, un spectre qui ne la quittait jamais, la jeune danseuse s’était mise à le féliciter, avec enthousiasme, réalisant à peine que vu leur situation respective, un tel aveu d’admiration était assurément malvenu. Ses iris bleutés avaient trouvés refuge sur son minois amoché qui, quel que soit l’état dans lequel il se trouvait, suffisait à mettre un baume sur son cœur et à la rendre plus dépendante, plus exigeante… Il avait toujours eu cette facilité à lui couper le souffle, ou la parole, comme avec cet indexe qui venait de trouver refuge sur ses lèvres rougies et de faire frémir son corps en entier, entièrement immobile, comme s’il allait lui arracher cette offrande si elle daignait respirer trop fort. Instinctivement, elle s’était approchée, pour mieux recevoir le coup de poignard alors qu’il se reculait faiblement en ordonnant un pathétique : « me touche pas. » alors qu’elle nouait obstinément ses bras autour de sa taille.
Avait-il toujours été aussi maigre? … Ça serait mal venu de le toucher, mais elle en crevait d’envie, et d’avantage par inquiétude que par luxure cette fois-ci. Y avait-il un minimum de chaire sur ses os? Elle redoutait de le briser, et pire encore, de découvrir la source de ce mal. Cette petite voix moqueur fredonnait, dans son esprit parano, que sa mère était morte d’un cancer… Mme Won avait-elle toujours été délicate? Est-ce qu’il voyait un médecin… autre que son abruti d’ex? Arg! Soupirant, elle l’avait attiré plus proche, dans une minable tentative de le redresser, qui s’était rapidement transformée en une étreinte qu’elle n’avait su repousser. Il n’y avait bien qu’en l’enfermant dans ses bras qu’elle se sentait complète, son pauvre cœur tambourinait dans son poitrail alors que sa respiration saccadée tentait désespérément de se noyer dans cette étreinte, d’immortaliser jusqu’à l’odeur de sa peau pour avoir de quoi se consoler lorsqu’il la relâcherait…. Merde, le soulagement qu’il puisse lui procurer, juste à exister, était plus doucereux que n’importe quelle bouteille, mais c’était injuste de lui demander ça non? Il réussissait tellement mieux sans elle… elle, tout juste bonne à jouer les babysitter lorsqu’il était un peu trop défoncé quelque part. Du peu de force qu’elle avait, elle tenta de trainer la loque peu coopérative vers la porte, lorsqu’un spécimen plus imposant d’être humain surgit… Le chef d’orchestre? « désolé. » Ses iris bleutés se posèrent sur l’homme, puis sur Jack, alors qu’elle ne comprenait pas un maudit mot de leur échange, échange qui s’était soldé par un froid glacial sur la peau qui, ne seconde avant, était en contact avec le pianiste.
Figée, elle ne fut ramenée à elle-même que lorsque l’intrus s’adresse à elle, après lui avait chipé son précieux : « Il m’a dit que vous le détestiez, content de voir que ça n’est pas le cas. » Le détester? Lucy fronça les sourcils, lèvres pincées, son battant en pleine représentation infernale. Pensait-il vraiment ça… Jack, qu’elle le détestait? Elle n’avait certes pas été tendre avec lui, lors de leur dernière rencontre… mais ne lui avait-il pas imposé de dégager de sa vie? Après l’avoir évité, avoir tourné en bourrique le courage qu’elle avait trouvé pour être franche sur ses sentiments… après avoir littéralement arraché son cœur et sauté dessus à pied joints, sans réussir à ternir l’ampleur de son attachement… il pensait qu’elle le détestait? Dévisageant le chef d’orchestre, elle avait demandé, tout bas : « … Il a dit ça? … que moi, je le déteste? » puis, elle s’était dirigée vers a table, obéissant à l’ordre du : « Attrapez vos affaires et les siennes, je vous dépose. Suivez-moi. » en réunissait les maigres possessions du pianiste. Elle avait envie de fuir à toutes jambes, son instinct de lâche revenant au galop pourtant, ses pies demeuraient ancrés dans le sol. Elle n’avait jamais su tourner le dos à ce crétin défoncé qui s’imaginait qu’elle le détestait… Ramenée à l’ordre par leur sauveur improvisé, elle s’était approchée, confuse de sa question. « Miss Wolfe, c’est ça? Vous savez ce qui lui arrive? » … eh.
Clairement, il avait l’air défoncé, mais elle n’allait quand même pas suggérer au patron de son meilleur ami que peut-être, il avait abusé du houblon et de quelques herbes (oh naïveté…) et puis… il y avait ses blessures, sans parler de son inquiétante minceur. Elle avait eu un moment d’hésitation avant de répondre, bien franchement. « … Non. Il était comme ça quand je suis arrivée il y a dix minutes. » puis, sans réaliser qu’elle avait le toupet de demander, elle avait ajouté, en suivant les deux hommes. « … Est-ce qu’il est malade ? Je… O-on… on devrait peut-être l’amener à l’hôpital? » non parce que c’était hors de question qu’elle le laisse tout seul dans son appartement dans cet état! Des plans pour qu’il agonise sur le planché de sa minuscule cuisine. Elle avait soupiré, l’angoisse lui tordant les tripes alors qu’elle ne savait réellement plus ou se mettre, suivant comme un cabot docile jusqu’à la voiture du chef d’orchestre. Enfonçant ses mains dans les poches de sa veste, pour éviter qu’elles ne tremblent trop, elle avait suivi, tiraillée entre le besoin de couler trois bouteilles cul sec pour tenir debout, et l’élan de compassion qui la poussait à suivre, comme si laisser Jack tout seul là, maintenant, risquait de lui arracher pour toujours. « … Jack? » C’était peut-être préférable de lui demander son avis? « Tu veux bien que je restes avec toi un peu? »
Re: #5 / You're my melody Mer 1 Mai - 12:47
Instinct de travers que de tenter de se débattre. Il n'était même plus capable de tenir sans tituber, pour qu'il ne marche, il aurait fallut attendre qu'il ne redescende un peu. Juste assez, et il serait alors probablement assez conscient pour fuir son amie autant que possible. Dans un soupir, toujours animé par une portion de son cerveau dont il n'avait absolument pas connaissance, Jack avait enlacé Lucy. Ou peut-être que Lucy l'avait enlacé ? Ça ne comptait que peu, lorsqu'il sentait enfin la poitrine de l'irlandaise se lever contre la sienne, sa chaleur alors qu'il crevait de froid. Contre son dos frêle, les mains du pianiste s'agitaient, lentissimo. Ses vêtements étaient doux, tièdes contre ses paumes qui les caressaient, cherchaient chacun des muscles qu'il aurait put situer de mémoire, redessiner les yeux fermés. Ses phalanges se contractèrent lorsqu'il sentit un mouvement. Non, Jack ne comptait pas bouger, et protesta même d'un grognement, probablement un « non » mécontent de se retrouver obligé de se mouvoir. Il se blottit alors un peu plus contre Lucy, n'ouvrant les yeux que lorsque la voix du chef d'orchestre ne vint lui chatouiller les oreilles. Une excuse, un soupir plus tard, et ce dernier s'empressait de lui faire un câlin aussi. Le coréen ne saisissait pas vraiment pourquoi tout le monde l'aimait d'un coup, assez pour le démontrer du moins, mais il se laissait faire. Non sans une étrange impression que les murs bougeaient, voir se refermaient sur lui. Avant qu'il ne le comprenne, l'air sec de Los Angeles lui soupirait contre la peau, et la discussion entre les deux autres continuait sans qu'il ne cherche même à s'y intéresser. Derrière la lumière artificielle des lampadaires, il voyait distinctement toutes les étoiles de la voie lactée.
« … Il a dit ça? … que moi, je le déteste? » Belcher releva les yeux vers la styliste d'une nuit, aussi décontenancé qu'elle. Si son calme d'apparence, durement acquis via son métier, marchait avec ses musiciens, il ne savait pas vraiment comment gérer cette jeune femme visiblement touchée en plein dans le talon d'Achilles. D'une voix plus faible, pour ne pas que Jack ait l'impression qu'on lui hurle contre les tympans, il répliqua sans habilité. « Ce ne sont pas ses mots exacts, non. Mais l'idée est là. » Petit soupir, il était désolé pour cette gamine. Leur histoire ne le regardait pas, et il ne voulait pas la mettre à l'aise, aussi changea t'il de sujet dans une pirouette digne d'une danseuse de ballet. « … Non. Il était comme ça quand je suis arrivée il y a dix minutes. » Une fois que la brune eut les affaires en mains, le chef d'orchestre se dirigea vers a porte qui menait au parking, heureux que les autres musiciens n'aient pas à assister à ce spectacle désolant. Il n'en faudrait pas plus pour que le petit nouveau ne devienne un paria, foutu instinct grégaire. D'une voix un peu plus rauque, il évoqua sa théorie, d'une innocence presque déconcertante après la question de Lucy. « … Est-ce qu’il est malade ? Je… O-on… on devrait peut-être l’amener à l’hôpital? » « J'ai peur qu'il se cache pour boire. » Nouveau soupir, alors qu'il se contortionnait maintenant pour attraper ses clés de voiture. « Je dirais plutôt qu'il a l'air complètement saoul, mais il n'arrête pas de me répéter qu'il ne veut pas voir de médecin. Nous sommes d'accord, mais.. je voudrais pas lui imposer ça si ce n'est pas nécessaire » Les phares clignotèrent et d'un geste de la main, dénonçant la difficulté que le poids de Jack commençait à devenir, il demanda à Lucy d'ouvrir la portière arrière. Une fois fait, il y guida son pianiste, sans guère de ménagement. « Allez Jack, dans la voiture. »
En un clin d'oeil, plus une conversation entre deux inconnus dans un coin de sa tête, Jack se retrouvait dans la voiture de Belcher. S'il connaissait le siège passager, devant, la banquette arrière lui était inconnue. D'une curiosité insatiable, il inspectait chaque couture, admirait toutes les pièces comme s'il se découvrait fan d'automobile. Une voix fluette, probablement quelqu'un qu'il connaissait, l'interpella, et il se tourna vers la portière ouverte. « ... Jack? » C'était donc ça, son nom ? Grand sourire, il reconnut le visage de Lucy en croisant son regard. « Lucyyyy~ » qu'il fredonna, tout sourire. Si elle ne l'avait pas coupé, il aurait put réciter la chanson des Beatles par coeur, tout en imitant la guitare de sa voix cassée. « Tu veux bien que je restes avec toi un peu? » Le brun fronça les sourcils, faisant mine de réfléchir. Finalement, il trouva un compromis. « seulement si tu me fais des papouilles. » Dès qu'elle fut installée à côté de lui, le coréen appuya son épaule contre Lucy. Puis, comme si son corps eut été fait de chamallows, il se laissa tomber de sommeil, la joue contre son épaule et les yeux brumeux, qu'il tentait désespérément de garder ouverts. Alors que Belcher rangeait dans le coffre les affaires de ses deux épines dans le pied du soir, Jack décida de s'abandonner au sommeil en glissant, lentement, vers une position allongée tordue par les mètres carrés limités de la voiture.
La tête posée sur les genoux de Lucy, il fixait le plafond de la berline avec un sourire d'enfant. Le visage de son amie disparut de sa vision périphérique alors qu'au dessus de lui, s'animaient des étoiles. Autant que ses neurones torturés pouvaient en imaginer. Il souriait, sans répondre aux sollicitations de Belcher, à peine installé derrière le volant. Encore moins à celles de Lucy, dont il ne sentait plus les mains - si tant est qu'elle aient été là. Au rythme des vibrations du moteur qui le berçaient, Jack avait fermé les yeux, paisible. Belcher profita du silence pour se retourner vers Lucy, avant de sortir du parking. « Il faut que j'en parle à la direction mais, notre styliste habituel a prit un congé paternité de deux mois. Si vous êtes disponible, je peux peut-être m'arranger pour vous réserver la place. » Ce serait toujours plus simple que d'engager tout un tas de saisonniers ou de stagiaires. Leurs stylistes habituels étant tous en vacances, et le travail de la jeune femme assez incroyable pour une troupe si nombreuse, Belcher n'avait pas vraiment d'autre option. Et l'idée de jouer les psy de couple improvisé l'enthousiasmait au plus haut point. « Si ça vous intéresse, bien sûr. »
Re: #5 / You're my melody Mer 1 Mai - 12:47
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« J’ai peur qu’il se cache pour boire. » … Ah? Jack? Un alcoolique? Un compagnon de vice? Perplexe, elle avait jeté un regard à la carcasse à peine consciente de son inséparable en pressant ses lèvres l’une contre l’autre, songeuse. Boire en secret, Lucy connaissait ça, il lui fallait toujours – ce soir y compris – un minimum de poison viticole dans le sang pour être fonctionnelle… elle avait une addiction, certes, mais elle n’était pas encore au stade de légume inerte qui semblait catégoriser le coréen… Était-ce vraiment que de l’alcool? Et s’il était plus malade qu’il n’y paraissait? Une fois encore, ses tripes s’étaient tordues, comme pour lui faire ressentir en une douloureuse démonstration anxieuse, qu’elle devrait s’énerver d’avantage… Pourtant, elle se contenta de suivre les deux hommes, protestant mollement quant à sa suggestion de consulter un médecin… Elle ne voulait pas causer de soucis à Jack mais… il avait du mal à marcher merde, peut-être qu’il devrait vraiment se faire ausculter? Son pauvre petit cœur s’était tordu dans tous les sens, alors qu’elle luttait contre les options – toutes aussi minables – pour les tirer de ce mauvais pas, elle en était encore en pleine joute mentale lorsque le chef d’orchestre proposa une alternative raisonnable au problème présent, à savoir le pianiste à peine conscient. « Je dirais plutôt qu’il a l’air complètement saoul, mais il n’arrête pas de me répéter qu’il ne veut pas voir de médecin. Nous sommes d’accord, mais … je ne voudrais pas lui imposer si ça n’est pas nécessaire. » … Lucy avait dévisagé l’homme d’âge mur, puis, le coréen, avant de prendre, en une fraction de seconde, la plus stupide décision de sa vie : lui donner raison. « … D’accord. »
Deux syllabes qu’elle regretterait longtemps d’avoir prononcé. Si seulement elle ne lui avait pas donné cette absolution, à Jack, si seulement elle avait insisté pour qu’on l’amène à l’urgence, qu’elle avait vraiment analysé son état au point de trouver une faille dans la théorie de l’alcool… si elle avait été plus attention, alors peut-être que quelqu’un aurait remarqué le poison dans son corps, peut-être qu’on l’aurait encadré, aidé, peut-être qu’on lui aurait évité d’être perforé de partout, sur un lit d’hôpital, des semaines plus tard… La culpabilité la rongerait longtemps, jusqu’à la tombe, parce qu’on lui avait donné la possibilité de changer ce triste aboutissement et, fidèle à elle-même, elle avait pris la mauvaise décision. Naïvement, elle avait laissé leur chauffeur improvisé hisser Jack à l’arrière, prenant place juste à côté de lui en soupirant : elle était crevée, et plutôt que d’agir sur cet instinct, elle avait préféré nier l’évidence : le pianiste était tout, sauf en état … Mentalement, elle s’était quand même juré, en bouclant leur ceinture et en réceptionnant sa tête contre son épaule, d’appeler son ex au moindre signe alarmant. Merde, elle était prête à endurer l’humiliation de supplier un Calaway pour tirer Jack d’affaire, si besoin était… Et puis, comment lui en vouloir alors que, tel un chat, il roucoulait son nom en posant sa tête fiévreuse contre ses cuisses. Instinctivement, elle avait glissé ses doigts dans ses mèches sombres, le couvrant d’un regard adorateur, protecteur. Comment diable pouvait-on penser qu’elle le détestait, alors qu’elle avait cette fâcheuse manie de l’admirer comme la plus belle merveille du monde… même quand il était totalement défoncé. En silence, elle se laissa conduire, notant mentalement l’étrangeté de la situation… c’était fréquent, pour que le vieil homme ne demande même pas l’adresse? Paumée dans ses réflexion, elle ne retrouva ses esprits qu’en entendant une voix s’adresser à elle. « Il faut que j’en parle à la direction mais, notre styliste habituel a pris un congé paternité de deux mois. Si vous êtes disponible, je peux peut-être m’arranger pour vous réserver la place… si ça vous intéresse, bien sûr. » Ses iris bleutés s’était relevés vers le conducteur, en état de choc.
Est-ce qu’il lui offrait vraiment un boulot à elle? Après ce soir? Elle l’avait observé, à travers le miroir avant, la bouche en « O », totalement sous le choc. Puis, en une inspiration excitée, elle s’était exclamée, avec le plus sincère sourire (tu rates ça Jackouille!) « Pour de vrai!? Mais oui! J’adorerais ça… c’est tellement difficile trouver un boulot dans ce domaine et…. Oui, milles fois oui ! » Réalisant soudainement son emportement, elle avait serré un peu plus un Jack assoupi contre elle dans un plus calme, plus professionnel. « … Je veux dire, avec plaisir. Si vous voulez bien de moi, je ne vous décevrez pas. » ses iris s’étaient reposés sur le carcasse dans ses bras, au moins, il semblait calme… lorsqu’enfin le véhicule s’immobilisa devant l’appartement qu’elle connaissait par cœur, Lucy entrepris de remercier à profusion le chef d’orchestre, tant pour le taxi improvisé, que pour son aide pour transporter la maigre dépouille de son ami jusqu’à la porte où elle pris le relais, hissant un bras par-dessus ses épaules et le trainant avec toute l’énergie qui lui restait, jusqu’à son lit. Lorsqu’enfin Jack fut à peu près allongé, elle poussa un profond soupir de soulagement…« … T’es lourd pour une allumette ! » et vu sa respiration saccadée, elle, elle n’était pas franchement forte pour une demi-portion.
Lucy s’était ensuite accroupie à côté du lit, passant délicatement ses phalanges adoratrices sur le visage du pianiste, un sourire douloureusement tendre aux lèvres. Bordel qu’il lui avait manqué… qu’il lui manquait à chaque putain de seconde où on l’éloignait d’elle. Elle crevait d’envie de le serrer de toutes ses forces, au point où il ne pourrait plus jamais s’en défaire, de se perdre dans son odeur, de se nicher contre la texture immaculée de sa peau pâle…mais elle n’en fit rien, elle avait déjà de la chance qu’il ne lui ait pas dit de déguerpir… Jack ne voulait plus d’elle dans sa vie, n’avait-il pas été clair à ce sujet? Chassant des mèches sombres de son visage, la jeune danseuse entrepris de l’allonger du mieux qu’elle pouvait, de lui retirer au minimum ses souliers, et de le couvrir du drap comme s’il eut été un enfant dont elle avait la garde…. Doucement, avec un sourire, elle avait chuchoté un : « … Ça va aller Jack? … T’inquiètes pas, je reste ici… pas loin. » son plan, en fait, c’était d’attendre qu’il s’assoupisse et de trouver dans son cellulaire le numéro de Jaemin…. Si elle ne pouvait rester tard, au petit matin, elle refusait de le laisser sans surveillance. Franchement, il n’avait pas l’air bien, blessures au visage ou pas, il était mal en point! Ses lèvres avaient malgré elle trouvé le chemin du front du jeune prodige, où elle posa un baiser empreint de tendresse, susurrant comme une promesse : « … moi aussi, je reviens toujours. » Parce que la seule place où elle voulait être, c’était à ses côtés…
Re: #5 / You're my melody Mer 1 Mai - 12:48
Belcher sa gara au pied de l'immeuble. Il avait rentré l'adresse de Jack dans son gps la veille. « Vous savez, Lucy, j'ai l'habitude des épaves depuis que je suis chef d'orchestre. Mes-.. Les musiciens sont des artistes. Les artistes ça souffre pas comme les autres gens, la plupart s'exprime plus clairement avec leurs instruments que des mots. » Petit soupir de l'homme, qui regarda brièvement Jack jouer avec les mèches de la danseuse. « Ma femme gère un centre pour Alcooliques Anonymes. Peut-être que vous réussirez à l'y emmener ? » L'aîné conclut là dessus, avant d'aller aider sa nouvelle recrue à sortir le pianiste de sa voiture.
La suite fut extrêmement floue pour le musicien. Les grognements de Lucy alors qu'elle le traînait dans les escaliers, le grincement de son lit lorsqu'il s'étalait enfin dessus. Quelques caresses, une lutte avec ses chaussures, et Jack décida d'aider la petite brune : il retira sa chemise, après une bataille acharnée de plusieurs minutes contre chaque bouton, puis sa cravate dont le col était encore trop serré - et manqua de s'arracher ses anneaux, vissés aux oreilles, au passage. Il entreprenait de retirer sa ceinture, dont le mécanisme était un rien trop compliqué pour ses neurones sous influence, lorsqu'elle le borda. Il ne prit conscience de leur effort physique respectif que lorsqu'il put entendre, par dessus le silence, leurs respirations haletantes. « … Ça va aller Jack? … T’inquiètes pas, je reste ici… pas loin. » un léger "oui" de la tête, et Jack pouvait sentir le parfum au creux de son cou, alors qu'elle embrassait son front. Instinctivement, il s'approcha. Y posa même une main, un peu maladroite, pour qu'elle ne recule pas. « mmh.. viens. » qu'il ronronna, bercé par la chaleur de sa peau. « … moi aussi, je reviens toujours. » Petit silence. Le musicien sentait que ces mots étaient importants, mais ne les comprenait pas. Plutôt que de répondre, il ronronna à nouveau. « viens-là. » Il tapota l'espace libre à côté de lui, sur le matelas. Une fois qu'elle l'eut rejoint, il se laissa sombrer avant même d'avoir le temps de se blottir contre elle.
Les bruissements des draps suffirent à réveiller le pianiste, groggy. Il venait de passer l'une des pires nuits de sa vie : réveillé toutes les heures ou presque, dès qu'il sombrait dans un sommeil trop profond, par sa respiration qui se coupait à sa guise. Des suffocations silencieuses qui avaient finit par méchamment lui tourner la tête. Au moins, il pouvait admirer l'instinct de survie de son cerveau même engourdi. Le garçon savait que la plupart des héroïnomanes claquent d'un arrêt respiratoire ou cardiaque, il n'y avait jamais opposé de résistance. Son corps lui, semblait déterminer à rester en assez bon état pour le porter là où le vent l'emmènerait. Ce matin, alors que la lumière dorée du soleil baignait sa chambre à travers la fenêtre, ce serait là où le courant d'air créé par l'inconnu en fuite du lit double le guiderait.
Les yeux fermés, prétendant être encore fermement endormi, le garçon écouta chaque mouvement. Les pieds nus sur le parquet se déplaçaient avec légèreté, comme pour ne pas le réveiller. Dans cette aisance à la discrétion, il pensait deviner une femme. Belcher l'avait prévenu : les spectatrices se jetaient toujours sur les petits nouveaux, et le public du philharmonique était peuplé de cougars. Un instant, les mouvements s'arrêtèrent, elle devait le regarder. Pour tenter de se souvenir, elle aussi. Avec fierté, ou dégoût, il s'en fichait et ne bougea pas, la respiration lente. Les jambes emmêlées à la couette, la bouche entreouverte, il ne devait pas faire rêver avec ses cheveux en bataille. Elle fit volte-face, se dirigeant vers l'entrée, s'immobilisa juste avant la porte. Nouveau bruit, curieux, que Jack aurait préféré ne pas identifier. Elle était en train de fouiller dans sa penderie, de lui piquer ses fringues ? Vraiment ? Sa mâchoire se serra, et l'intrus parti, fermant la porte de la chambre derrière elle. Quelques secondes plus tard, l'eau de la douche roulait contre le verre dans un bruissement qui aurait put aider le garçon à se rendormir. S'il n'était pas rouge de colère. Cette connasse se croyait chez elle.
Plus jamais de cougar.
Ses sourcils étaient déjà froncés avant même qu'il n'ouvre les yeux. Au moins, sa chambre n'avait pas bougé : le bordel était toujours là, aux mêmes endroits. La seule chose qu'elle avait oublié était un sac à main, et une odeur monstrueuse de parfum sur l'autre oreiller. Et cette note sucrée, qu'il refusait inconsciemment de reconnaître, lui faisait regretter d'avoir un jour testé l'héroïne. Sans le manque qu'il commençait déjà à ressentir, jamais cette odeur de parfum ne l'aurait empoigné aux poumons comme elle était en train de le faire, jamais il n'aurait su identifier ces bruits comme un quelconque prédateur sauvage. Ses sens, ses sensations étaient décuplés, et seraient omniprésents tant qu'il ne se serait pas enfilé une nouvelle dose.
Ses yeux se refermaient d'eux-mêmes, le garçon était autant bercé par le bruit de l'eau qu'attiré par les fragrances abandonnées sur son lit. Ce dernier ne semblait plus lui appartenir, constat que le brun tira avec un soupir défait. D'un grognement guttural, il réussit à tourner sa carcasse dans l'autre sens, inspecta quelques instants l'autre oreiller - vierge d'indices sur sa conquête - pour finalement s'y affaler confortablement. Le visage appuyé sur le tissu, il ne put en ignorer l'odeur bien longtemps : elle inonda ses poumons si violemment qu'il stoppa sa respiration comme lorsqu'en hiver, il gardait un peu plus longtemps dans les poumons les fumées de cigarettes pour se réchauffer. Il expira avec un soupir d'aise, le parfum familier lui donnait le vertige, ses notes sucrées une sensation de toucher des nuages du bout des doigts, mais surtout une distraction des courbatures de la veille. Sourire incontrôlable aux lèvres, il serra un peu plus fort l'oreiller contre lui et la peau nue de son torse. L'inconnue arrêta la douche alors qu'il fermait de nouveau les yeux, le laissant complètement seul avec ses sensations, immobile au cas où elle se déciderait à pénétrer une nouvelle fois dans son petit cocon.
Merde.
La mâchoire de Jack se contracta sensiblement. Il était complètement réveillé, maintenant. Avec la légère douleur au bas du ventre, juste en dessous de sa ceinture, il ne pouvait tout simplement pas se rendormir. Bordel, il n'était plus adolescent, ses hormones devraient mieux se gérer que ça. Et la cougar, dans tout ca ? En comprenant qu'il portait encore le pantalon de la représentation de la veille, il fronça les sourcils. Le pianiste avait encore les vêtements du philharmonique sur le dos - ceux qu'il n'était pas censé garder, une désagréable sensation de blue balls. La porte de la chambre grinça alors qu'il faisait, lentement et en silence, l'équation.
Giulia.
Elle lui avait promit de passer le voir jouer. L'italienne avait du le surprendre, défoncé dans les loges, et ensuite ramené chez lui. D'où la frustration, et le fait qu'elle faisait comme chez elle. Elle l'était, après tout.
Immobile, feignant d'être encore lourdement endormi, Jack n'espérait qu'une chose : qu'elle s'en aille avant que sa mauvaise humeur ne lui tombe dessus. Ses bruits de pas, feutrés par des chaussettes, s'étaient rapprochés du lit pendant que le rythme cardiaque du brun s'affolait. Elle se trouvait là où il avait repéré le sac. Super, c'était la dernière chose qu'il lui manquait pour partir comme si de rien n'était. Le jeune homme respire lentement, son souffle sifflant pendant ce qui lui parut une éternité, jusqu'à ce que Giulia ne s'en aille. Même après cinq minutes, il n'entend pas la porte d'entrée claquer, la belle doit s'être installée dans le salon. Il aurait préféré une solitude totale, mais Jack se contenta de la situation. Lentement, il se leva. Le manque le rends nauséeux. Une fois debout devant sa penderie, il attrapa son pyjama et se dirigea vers la salle de bain sans un regard vers le salon. Besoin de solitude. Ce parfum, il pouvait presque le sentir sur sa langue, l'odeur était divine mais putain, ce qu'il se sentait mal. Coupable d'exprimer sa frustration à travers le parfum de son amie, prisonnier de la douleur causée par le manque. Et puis, du peu qu'il en voyait dans le miroir de la salle de bain, il avait vraiment une sale tête.
Une douche froide lui ferait le plus grand bien.
(...)
Même une fois son bas de pyjama enfilé, l'eau glaciale continuait de faire frissonner l'étudiant. De ses cheveux encore mouillés perlaient quelques gouttes d'eau, déterminées à rouler sur sa peau nue le temps qu'il se rase. Plutôt mal, d'ailleurs, avec ses mains tremblantes Jack ne cessait de se couper. Une fois les joues rincées, toutes douces même si un peu rouges, il était sorti de la salle de bain direction la cuisine. Il n'était pas enchanté à l'idée de se faire engueuler par Giulia pour ses consommations illicites, mais il pourrait au moins se gaver de cookie crisp & prétendre avoir des remords.
Les seuls tegrets qu'il avait, c'était quand ses amis le regardaient, l'échec dans les yeux. Aucune remontrance ne l'atteignait, mais la déception ? Elle faisait atrocement mal, et Giu ne la cachait jamais.
Pourtant, le pianiste s'immobilisa dès le premier pas dans le couloir. Les cheveux de la jeune femme qui lui tournait le dos n'étaient pas couleur meringue non, plutôt couleur bêtise. Énorme bêtise. Son sang ne fit qu'un tour, ses sourcils se froncèrent autant que sa mâchoire se serrait. Pas besoin de chercher à comprendre, il ne voulais pas d'elle ici. Ni ailleurs, nulle part. « Va-t'en. » qu'il siffla, une première fois. Enfin, elle se tourna vers lui, le remarquant enfin. Le visage du garçon rougit un peu plus, son front était brûlant. « T'es sourde maintenant ? Casse-toi. »
Re: #5 / You're my melody Mer 1 Mai - 12:49
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Ils ne s’étaient pas vu depuis quoi, un mois? Qu’était-il donc arrivé à son minois poupon? Ses traits étaient plus apparents qu’à l’habitude, de ses joues rondes presque dissipées, fondues, s’était-il frotté aux flammes d’un enfer dont elle ignorait tout? Que diable lui était-il arrivé? Et surtout, que pouvait-elle faire pour l’aider? Serait-il dans cet état si elle avait refusé sa requête de couper les ponts? Si plutôt que de le jeter hors du strip club alors qu’il lui demandait irréfutablement de sortir de sa vie, elle l’avait serré dans ses bas comme elle en crevait d’envie, en lui refusant cette demande raisonnable? Elle avait tout fichu en l’air cette fois, et franchement, elle ne voyait pas comment le jeune homme pourrait un jour lui pardonner ce nouvel affront… elle peinait à se regarder dans un miroir, elle se haïssait avec véhémence… comment pourrait-il lui, trouver la moindre bribe de valeur chez elle… comment ne plus être autre chose qu’une prostituée à ses yeux après qu’il l’ait surpris à son boulot de merde... Mais s’il la détestait, pourquoi diable lui avait-il tendu une telle opportunité comme ce soir? Elle soupira, soudainement ramenée à elle par les paroles du chauffeur, et son aide offerte pour guider le coréen jusqu’à son appartement… Le visage alerte, brûlant de questions, elle s’était demandée vaguement comment le chef d’orchestre savait pour elle et l’alcool … au point de lui parler d’un groupe et …. Oh, elle finit par comprendre que ses sous-entendus, ils étaient pour le pianiste… Ah. Voilà un démon qu’elle aurait aimé ne pas avoir en commun avec le bridé.
Sourire forcé, rire nerveux, elle accompagna son ainé vers la porte, et promis de tenter de convaincre Jack d’aller à une stupide rencontre d’alcooliques. La bonne blague… Une autre promesse en l’air, elle savait très bien qu’elle n’aurait jamais le culot de lui proposer une telle chose, pas quand, d’eux deux, elle était probablement celle qui aurait pu à gagner d’un tel groupe de débiles. Mais comme elle refusait d’ouvrir les yeux sur ses propres tourments, lesquels faisaient tellement parti de sa routine qu’ils en étaient devenu un vague bruit de fonds, une souffrance qu’elle était convaincu de mériter, une forme d’automutilation lâche, il était hors de question qu’elle force le pianiste à confronter ses démons, s’eut été trop hypocrite. Aussi, une fois le musicien échu sur son propre lit telle une baleine sur sa banquise – l’excès de poids en moins – elle s’était acharnée à le rendre confortable, bien consciente qu’il n’était ni coopératif, ni spécialement sexy à se débarrasser de ses fringues pour une fois. Merde. Ses instincts lui hurlaient de partir, de téléphoner à Giulia ou Rosie et de les laisser prendre le relais, de ne surtout pas demeurer dans son champ de vision quand il serait sobre à nouveau. Elle était, après tout, la dernière personne qu’il voudrait voir… et pourtant, elle était immobilisée, crispée, incapable de le laisser là dans cet état. Intérieurement, elle était rongée par la peur débilitante qu’il n’ouvre plus jamais les yeux, que cette fois soit la fois de trop. Elle soupira, incapable de prendre une décision.
Heureusement pour elle, quand elle tentait d’agir adéquatement, le coréen l’aidait toujours à retomber dans ses vieilles habitudes, à faiblir. Ce soir, ce fut par cette demande couinée, de prendre place à ses côtés. « viens-là. » une seconde, deux, elle avait dévisagé ce lit, cette place tentante, sur le lit du pianiste avant de finalement cédé de de s’y assoir sans un mot, alors que le sommeil gagnait son combat contre Jack. Tendrement, elle s’était permise de chasser quelques mèches de son visage, de laisser un instant ses doigts longer ses joues creuses, chaque caresse une entaille sur sa pompe à sang déjà affolée. Lucy était faible, elle n’avait aucune volonté lorsque le jeune homme était concerné, aucune capacité de lui en vouloir alors qu’il semblait aussi vulnérable qu’un chaton endormi, bercé par une respiration irrégulière qui l’inquiétait grandement. Alors plutôt que de leur faire à tous les deux une faveur, d’obéir à la volonté pourtant sans équivoque de Jack, elle s’était plus certainement installée sur le matelas, son dos apposé contre le mur de la tête du lit, et elle s’était mise à jouer nerveusement dans les cheveux du dormeur, murmurant plus pour elle-même que pour lui, un étouffé : « Bordel que tu m’as manqué... » elle avait soupiré, caressant sa nuque, l’air absent. « J’suis tellement désolée... » Hors de question de fermer les yeux, pas sans avoir la certitude que sa respiration serait régulière, qu’il était hors de danger… pas sans s’être accordée la rêverie, un instant, qu’il était encore accessible… juste à elle. Mais voilà, il n’avait pas l’air spécialement mieux, et elle était au bord de la crise de panique, tant pis pour les demandes du chef d’orchestre, franchement, elle était au point d’appeler son abruti d’ex tant l’état du coréen l’inquiétait.
Une grande inspiration plus tard, elle s’était levée, délicatement, fonçant vers la minuscule salle de bain pour mouiller une serviette froide et la déposer le front du pianiste, les lèvres pincées. Elle n’allait pas fermer l’œil, ça, elle en était certaine. Histoire de ne pas perdre la tête à l’observer et à imaginer des scénarios catastrophes, elle s’était décidée à fermer la porte de la chambre un instant, alors qu’elle faisait une cendrillon d’elle-même dans le reste de l’appartement. S’occuper, voilà qui l’aiderait… mais était-ce vraiment nécessaire de récurer sa salle de bain? Ou son plancher de salon? De faire sa vaisselle vieille de dieux sait quand? Il faut croire que oui, parce que malgré ses incessantes visites pour s’assurer qu’il respirait encore, elle s’acharnait, aux petites heures de la nuit, à frotter le plancher à quatre pattes au milieu du salon…. Putain, elle avait un tant d’autres suggestions pour cette position, chez Jack, en pleine nuit, qui eut cru que s’eut été pour enlever la poussière sous le clic-clac. ARG. Une fois son labeur terminé, elle dû se résigner : il faisait encore nuit. S’est donc ainsi qu’elle entama sa prochaine corvée de femme au foyer ; réunir les fringues sales et descendre à la buanderie de l’immeuble pour les laver. Ce n’est qu’à l’aube, après avoir passé de ménage à cuisine, une quatrième douzaine de muffin sagement au four, qu’elle décida de se dénouer les muscles sous une douche chaude. Le plan, c’était de fuir avant qu’il ne se réveille, son état encore incertain semblait à tout le moins plus sable. Et elle pourrait facilement convaincre Jaemin de passer, à la promesse de muffins. Extirpant sa carcasse de la douche, elle se permis de chiper un T-Shirt à Jack – le sien ayant suivi à la buanderie, couvert de farine, avant de retourner au salon pour plier le dernier panier de vêtements propres, les cheveux encore humides. Elle allait jeter un coup d’œil au malade une dernière fois … et partir, lorsque la voix furieuse du pianiste la tira de ses pensées. Elle s’était immobilisée, T-Shirt en main, pour le dévisager. « Va-t'en. »
Une claque lui aurait fait moins mal. Elle s’était contentée de le dévisager, les yeux ronds, avant qu’il ne se répète, plus menaçant. « T'es sourde maintenant ? Casse-toi. » le corps entier de la jeune styliste s’était crispé, alors qu’elle le dévisageait. Sa cervelle lui ordonnait de l’écouter, de lui accorder ce caprice, après tout, il était debout… mais sa putain de pompe à sang, en pleine panique, ordonnait le contraire. Plutôt que de réfléchir, elle l’avait dévisagé, pour une des rares fois – elle avait l’habitude de prendre la fuite quand on élevait le ton contre elle, les coups paternels encore trop vifs dans son esprit – mais pas cette fois. Sa voix était étrangement calme, pour une femme qui a tendance à hurler quand elle se croit coincée… le ton posé était probablement plus dangereux que tout le reste. D’une voix certaine, tranchante, sans équivoque, elle avait rétorqué un : « Non. » Ce maudit non qu’elle aurait dû hurler quand il était venu la voir au club, ou sur cette putain de plage quand il avait voulu faire l’hippocampe. Elle répéta, impassible. « Non. Je n’irai nulle part. Et toi non plus d’ailleurs. » un petit trémolo d’inquiétude passa dans sa voix, son regard toujours accroché au minois du pianiste. Elle déposa le T-Shirt sur le clic-clac. Lorsqu’elle ouvrit la bouche, ses lèvres tremblaient, mais elle demeurait intransigeante. « T’as vu ta tête? Il est hors de question que j’te laisse tout seul! Tu respirais presque plus merde! Je… j’étais même pas certaine que tu te réveillerais. » Elle avait serré les poings, prenant une grande inspiration, c’était difficile, de ne pas lever le ton, de conserver un rythme calme, un ton presque doux. Elle avait fixé le sol immaculé, soupirant, prête à négocier. « Je pars que si tu te trouves une autre babysitter. Tu ne restes pas seul, c’est non négociable. » Elle avait croisé les bras, consciente qu’elle risquait de le mettre encore plus en furie… Au diable. S’il hurlait, au moins, il était vivant.
Re: #5 / You're my melody Mer 1 Mai - 12:49
Avec un soupir rauque, le jeune homme enfila son pantalon de pyjama et sortit de sa cachette après avoir essuyé le sang sur la première serviette qu'il trouva, déterminé à foutre l'intrus dehors le plus rapidement possible pour enfin retourner se coucher. Les yeux dans le flou et la tête dans le vague, il ne remarqua même pas que le bout de tissu avait été plié et rangé avant son réveil. Non, il l'avait laissée traîner sur l'évier, comme à son habitude
La sirène irlandaise échouée dans son salon fut le parfait prétexte pour que la dissonance cognitive du musicien ne s'engage et ne fonctionne désormais à puissance maximale. S'il se concentrait sur sa silhouette, plissait les yeux en détaillant son visage, il ne remarquerait pas les muffins entassés sur le comptoir de la cuisine en bon petit régiment de soldats. Il pourrait ignorer le fait que c'était ses vêtements à lui, qu'elle était en train de plier, ou même que son appartement tout entier semblait avoir accueilli une tornade maniaco-dépressive pendant la nuit. Non, son esprit à fonctionnement réduit n'arrivait pour l'instant qu'à assimiler cette présence incongrue dans son salon. Ils s'étaient repoussés, comme des aimants, après des mois d'une attirance insupportable et maintenant, elle avait le culot de s'asseoir sur son canapé comme si de rien n'était ? Jack fronça les sourcils - ce qui était toujours un peu douloureux depuis que Mr. Connard lui avait refait le portrait - et siffla à Wolfe de s'en aller. Devant son silence, il ne put se retenir d'hausser le ton sans maîtriser la lueur humide de son regard. Nouveau silence.
Sobre, ou en pleine possession de ses moyens, le coréen aurait probablement vu dans ce calme un augure de la tempête à venir. Mais jamais, même aussi alerte qu'il eut peut l'être, n'aurait-il put s'attendre à ce qu'elle s'apprêtait à prononcer. « Non. » Toute lumière dans son regard s'effaça, sa mâchoire se serra contre la chair de l'intérieur de sa joue droite. Son coeur ne s'était pas emballé, se contentant de tomber quelque part entre son estomac et ses intestins. La douleur musculaire avait disparut, le temps d'une décharge d'adrénaline. Non ? Elle ne lui avait jamais dit non. Jamais. Pas une seule fois depuis le lycée ne lui avait-elle aussi brutalement fait face, jamais n'avait-elle érigé de mur si solide entre eux et jamais, de son côté, n'avait-il été aussi idiot de croire qu'il pouvait foncer dedans la tête la première sans se faire mal. Non, Jack ne comprenait plus rien. Depuis qu'ils se connaissaient, ni l'un ni l'autre n'avait jamais refusé de céder aux caprices impromptus dont ils étaient experts. « Non. Je n’irai nulle part. Et toi non plus d’ailleurs. » Il ne l'écoutait plus, comme un enfant décidé à avoir raison. Et il finirait par faire entendre son opinion : même si ce n'était que par une pique ou esprit de contradiction. Peu de personne l'écoutaient, il refusait de perdre l'oreille autrefois attentive de Lucy ainsi. « Tu n'as aucune autorité sur moi. » qu'il siffla donc, se désolant lui-même de sonner comme un adolescent stupide et égoïste. Incontrôlable, sa lèvre inférieure commençait à dessiner une moue boudeuse pendant que son regard, trop lent pour les mouvements de Lucy, suivait les mains de ses dernières. « T’as vu ta tête? » Jack eut un mouvement de recul. Vraiment ? elle s'attaquait à son physique maintenant ? « Je t'emmerde. » qu'il répliqua, sans se soucier de la couper. « Il est hors de question que j’te laisse tout seul! Tu respirais presque plus merde! Je… j’étais même pas certaine que tu te réveillerais. » Son visage se détendit alors légèrement. Enfin, il comprenait.
Merde, il s'était vraiment mis dans le pétrin, n'est-ce pas ? Quelle idée de laisser Wolfe le voir déchiré... De nouveau, il soupira en se frottant le visage avec les mains, se massa brièvement les yeux. Il ne répondit pourtant pas, attendant patiemment qu'elle reprenne la parole. Les mains dans les poches, il cherchait le moyen le plus simple de la foutre dehors, ainsi qu'une raison pour se faire facilement pardonner à l'avenir. À moins qu'elle ne le lui refuse à nouveau ? « Je pars que si tu te trouves une autre babysitter. Tu ne restes pas seul, c’est non négociable. » Le brun écarquilla les yeux, répondit du tac-au-tac. « Okay. » Il se dirigea vers Lucy, s'empara de ses poignets avec toute la délicatesse que l'adrénaline lui permettait, et l'attira à sa suite, direction l'entrée. « Je vais trouver quelqu'un. » Probablement pas, il ne tentait même pas de rendre ce mensonge crédible. Une fois qu'il eut réussi à la trainer devant la porte, il lâcha l'un de ses poignets pour ouvrir cette dernière. Pour ne pas lui laisser d'occasion de protester, il enchaîna. « Rentre chez toi, va "bosser", ce que tu veux je m'en fous. Mais tu t'en vas. » Le pianiste la poussa alors délicatement, juste ce qu'il fallait pour qu'elle passe l'encadrement de son entrée. Elle lui faisait mal au coeur, debout dans le couloir, mais Jack refuserait toujours de l'admettre. Il pouvait passer des heures à la regarder comme il était en train de le faire, mais chaque instant à détailler son visage était une nouvelle opportunité pour laisser sa culpabilité de ronger.
Alors, il avait fermé la porte, s'efforçant de ne pas la claquer trop fort, d'une main tremblante et d'un grognement. Aussitôt, il alla sur le plus distant des tabourets de sa cuisine, posant enfin un regard agard sur l'appartement.
Tout était propre ? Les fringues qui traînaient d'habitude dans le salon, miraculeusement, s'étaient pliées puis alignées sur sa table basse. La vilaine tâche de bière sur le parquet ? Volatilisée,à l'image de la poussière sur le meuble télé ou ses piles de bouquins, à côté du clic-clac. Incrédule, Jack se retourna en frottant ses yeux café. La cuisine aussi, avait été nettoyée de fond en comble. Sur les plans de travail, en rang d'oignons, se dressait un nombre incalculable de muffin de teintes dégradées d'un marron chocolaté riche à un beige doré particulièrement appétissant. L'estomac du musicien se contracta douloureusement avec un petit vrombissement. Si la culpabilité avait un bruit, ce serait probablement celui de l'estomac de Jack devant l'armée de gâteaux miniatures. Il se sentait comme le pire des connards. L'avoir virée sans un merci, alors qu'elle avait redonné un coup de jeune à son antre ? Bad move. « Putain de merde. » qu'il grogna, avoir de mordre dans un muffin à la vanille. Amer, il plongea la main dans sa poche et dégaina son téléphone. Dans un élan de responsabilité, il avait obéit à Lucy, et proposé à un de ses amis de venir lui tenir compagnie, profitant du temps qu'il mettrait à arriver pour se faire une ligne à même le comptoir parfaitement propre. Pourtant, il avait probablement choisi la personne qu'elle aimerait le moins, de tout son répertoire : ce barman, un pote devenu plan cul, et que la promesse d'un muffin au chocolat avait suffit à faire rappliquer. Mais même lorsqu'il était en compagnie de ce type, Jack continuait de se sentir seul, c'était ce qui lui plaisait le plus.
À défaut de soulager sa culpabilité, ou de le soutenir d'une quelconque manière, peut-être qu'il l'aiderait à avoir un peu moins mal aux valseuses ?
Fin.
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Re: #5 / You're my melody Mer 1 Mai - 15:28
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